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    Dans les premières années du règne de Louis XV, exactement le 7 août 1718, une épidémie qu’on désigna du nom de suette se déclara à Abbeville. Le dictionnaire mentionne qu’elle est caractérisée – on s’en serait douté – par une sueur abondante, et certainement aussi par de la fièvre. Elle dura environ deux semaines, avec une virulence extrême. On ferma toutes les échoppes et les estaminets. Les cadavres se putréfiaient très rapidement et dégageaient une odeur pestilentielle. Pour ne pas terrifier encore plus la population, il fut ordonné que les cloches n’annonceraient plus la mort des malades, ni leurs funérailles. Ces dernières se déroulaient une heure après leur mort, sans cérémonial et dans la précipitation. On était obligé d’allumer de grands feux dans les églises pour évacuer les relents de la décomposition. En trois jours, quatre-vingts personnes en moururent et plus de huit cents furent contaminées. L’affolement fut si important qu’environ un tiers des habitants prirent la fuite dans les campagnes environnantes, à tel point que les villageois s’armaient pour s’opposer à leur entrée sur leur territoire. Seuls, les courageux religieux de la confrérie de la Charité se donnaient rendez-vous chaque jour sur le parvis de l’église Saint-Georges (sur l’actuelle place de l’Hôtel de Ville ou place Max Lejeune) ; ils y recevaient la bénédiction et se partageaient ensuite en groupes qui allaient soit ensevelir les morts, soit s’occuper des malades et les soigner. Cette épidémie se propagea ensuite dans les autres régions de la Picardie, où elle réapparut chaque année, en certains lieux, avec plus ou moins de force. Elle ressemblait beaucoup à la peste britannique ou fièvre sudatoire (sudor anglicus) qui s’en prit aux Anglais pour la première fois sous le règne de Henri VII (entre 1485 et 1509). Il faut dire que les facteurs favorisants étaient encore nombreux à cette époque : guerres fréquentes, pénurie de nourriture et manque d’hygiène, une médecine encore peu développée et inefficace… Les épidémies de peste, de lèpre et autres maladies contagieuses étaient donc fréquentes au Moyen Age et jusque sous l’ancien Régime. Au nord d’Abbeville, il existait une léproserie ou maladrerie sur le territoire de Grand-Laviers, à l’emplacement de la ferme du Val (Val aux lépreux).

     
     
    Extrait de :
     
    Picardie maritime
     HISTOIRES INSOLITES 
     DE PICARDIE MARITIME 
     
      Gérard Devismes 
      
      14.5 x 20.5 cm - 282 pages 
     

     

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    Théoriquement, le titre de « jus de pomme » n’est réservé qu’au produit extrait de fruits sains, frais et mûrs.
    Dans le commerce, le jus de pomme ne doit contenir ni sucre surajouté, ni édulcorant, ni conservateur, ni colorant, ni arôme synthétique. (Il ne doit pas avoir de gaz, ni de bulle à l’ouverture du couvercle). Ces notions sont normalement figurées sur l’étiquette. La bouteille porte d’autre part la date de péremption et l’adresse du producteur.
    Une marque qui ne respecte pas ses règlements en vigueur doit être considérée comme suspecte. Il convient donc de lire attentivement l’étiquette avant de l’acheter.
    L’idéal serait de faire soi-même le jus. Mais ce n’est pas facile avec des pommes quand on ne dispose pas d’un appareil adapté. L’opération demande d’ailleurs pas mal de temps, sans parler des pièces accessoires à laver et à nettoyer. Mais le jus que l’on prépare soi-même est sublime, d’un goût exquis, rien de comparable au jus provenant de l’industrie agro-alimentaire.
    En général, le jus vendu dans le commerce est concentré, tout comme l’est la pomme séchée dont le taux des composants est plus que doublé. Certains jus renfermant 1° d’alcool ne doivent pas être servis aux enfants. Ce type de boisson est excessivement riche en sucres, elle ne désaltère nullement. Il convient donc de le boire coupé à l’eau.
    Il ne faut pas non plus confondre « soda » et « jus de pomme ». Le soda (ou coca) est un breuvage artificiel fait de sucre, de gaz carbonique, de parfums synthétiques, de colorants... Dans certains sodas, on trouve même des extraits de coca, de cola, de caféine, d’édulcorants..., jusque dans les marques qualifiées de « légères » (light).
    Ces breuvages factices ne désaltèrent pas non plus, sans parler des substances nocives qu’ils renferment. Un exemple : le célébrissime Coca-Cola a été si critiqué aux Etats-Unis, à cause de sa teneur en caféine..., que son usine a dû produire des marques dites « légères » destinées aux protestataires.
    Une autre remarque encore. Des sirops vendus sous le nom de « nectar de pomme » sont de simples solutions concentrées de sucre, maquillées de colorant, de gélifiant et de parfums synthétiques. On n’y trouve même pas le jus d’une pomme...
    Les progrès techniques réalisées dans la pasteurisation et le conditionnement du jus de pomme respectent en général ses vitamines et ses composants phénoliques. Ce qui en fait une boisson saine et énergétique.
    On le recommande aux enfants, aux sportifs, aux convalescents..., à condition de couper à l’eau le jus vendu en bouteille dont la concentration est souvent doublée. Ce qui est tout à fait courant.
    A titre comparatif, le jus de pomme frais naturel contient 7 g par litre de sucre, 14 g / litre pour un jus conditionné.
    Par contre on absorbe jusqu’à 98 g / litre pour le Coca-Cola, voire plus de 100 g pour certains « tonics ».

    Le jus de pomme : une boisson énergétique et salutaire !!

    COMPOSITION MOYENNE D’UN JUS DE POMME NATUREL

    EAU 86 %
    Cette eau s’avère particulièrement diurétique étant donné sa synergie avec les acides organiques et le magnésium.

    SUCRES 7 %
    Les Romains conservaient le jus de pomme en le chauffant au feu doux. Après l’évaporation et la concentration du sucre, le jus reposait dans des amphores sans pied obturées et gardées au frais. Le chauffage éliminait les levures, tandis que le sucre jouait le rôle de conservateur. Un tel procédé permettait une conservation ne dépassant guère une dizaine de jours.
    Il s’agit surtout de sucres simples (fructose, glucose...). Les pulpes mûres fournissent plus de sucres.
    Le jus trouvé dans le commerce renferme en moyenne 14 % de sucres.

    FIBRES 0,3 à 2 %
    Le jus de coing en contient 3 fois plus à l’état naturel. C’est un excellent remède contre la diarrhée.
    Ces fibres se composent en majeure partie d’hémicellulose mélangée au gragments de cellulose. Les jus naturels, tout comme les jus enrichis de pulpe en contiennent en quantité appréciable. Ce qui leur donne une apparence trouble. Les jus industriels sont rendus limpides grâce au filtrage. Sur le plan diététique, un jus dont l’hémicellulose reste intacte est de loin préférable.

    PECTINE 0,01 à 0,2 %
    Les pectines sont des réseaux de sucres simples (glucose) associés aux celluloses et aux hémicelluloses. Ces agrégats se concentrent au niveau de la pelure.
    Au sein de la pectine, les molécules de glucose s’enchaînent par le biais des boulons qui sont des atomes d’oxygène. Le réseau est en outre consolidé par des molécules d’acides (COOH) combinées à 1 carbone plus 3 hydrogènes (CH3 ou ion de méthyl). Ce système réalise une force d’adsorption efficace servant à piéger les toxines et les déchets.
    La fonction antitoxique de la pectine est remarquable au cours de la digestion. Ces molécules gélifiantes fixent en effet les polluants qui sont souvent des métaux lourds provenant des traces de pesticides, désherbants ou engrais chimiques ayant plus ou moins contaminé nos aliments.
    De tous les médicaments connus, la pectine est parmi les plus efficaces pour faire baisser le taux du cholestérol sanguin. Elle agit probablement en synergie avec certains acides organiques et enzymes dont les esterases, polygalacturonase...
    En fait, pour l’organisme, boire un jus de pomme limpide parfaitement purifié présente moins d’avantage diététique qu’un jus frais apparemment trouble riche en hémicellulose et en pectine.

    LIPIDES 0,3 %
    Le peu d’acides gras présent vient souvent des pépins écrasés. Ce breuvage salutaire est conseillé aux diabétiques et aux personnes qui ont un taux de cholestérols trop élevé, à condition de ne pas en abuser à cause de sa richesse en sucre. La dose raisonnable ne dépasse pas un demi verre par repas.
    Les acides gras insaturés, le sélénium, le bêta-carotène, la vitamine C... protègent les délicates membranes externes et internes des cellules de la brûlure causée par des radicaux libres.

    PROTEINES 0,2 %
    Le jus de pomme convient parfaitement aux urémiques et aux insuffisants rénaux. Le peu de protéine de la pulpe se présente sous forme d’acides aminés, voire des acides aminés rares.

    SELS MINERAUX
    Apport très faible en sodium. Dans l’ensemble, les substances minérales sont aussi nombreuses que variées. Ils exercent un effet alcalinisant qui protège notre milieu intérieur de l’acidose en cas de stress physique et psycho-émotionnel.
    Le jus de pomme apporte par contre une ration intéressante en phosphore, potassium, magnésium, calcium... plus des oligo-éléments (fer, cuivre, manganèse... ).
    Evidemment le taux de ces éléments est plus élevé dans le jus concentré et dans les pommes séchées. Après le lait, c’est le jus de pomme qui nous fournit le plus de calcium ionique.

    VITAMINES
    Même remarque que pour les sels minéraux.
    Les pommes rouges synthétisent plus d’anthocyanes et des caroténoïdes qui sont des provitamines A.
    Parmi les vitamines hydrosolubles, on distingue celles du groupe B, la vitamine C et l’acide citrique. Ce dernier sert aussi de transporteur d’électron à nos enzymes.

    ACIDES ORGANIQUES
    Les acides les plus communs sont les acides maliques, tanniques, caproïques, benzoïques, carboxyliques, terpéniques tartriques... Dans l’ensemble, ces molécules contribuent au fruité de la pulpe. Elles ouvrent l’appétit, stimulent la sécrétion des enzymes et des hormones du tube digestif, activent la circulation biliaire.
    Nous savons que, pour chacun des ces acides, il existe un jumeau qui est son image inversée renvoyée par le miroir.

     FLAVONOIDES
    Les substances phénoliques et tanniques confèrent au jus sa saveur et sa couleur. A l’air libre, un jus frais brunit en une dizaine de minutes. Un jus astringent est plus riche en flavones et en dérivés tanniques.
    Nous connaissons l’importance biologique de ces micronutriments. A la rigueur, un jus trop filtré, trop limpide, s’appauvrit presque complètement de sa richesse en polyphénols et en flavonoïdes. Un jus frais naturel se caractérise par sa turbidité traduisant justement son contenu en flavones et en hémicelluloses qui font sa valeur nutritionnelle.

    VALEUR ENERGETIQUE 150 calories par verre de jus.

     

    Extrait de :

    Pomme culture cuisine

     POMME DE REINETTE ET POMME D’API  

     Histoire - Tradition - Culture - Botanique - Phytochimie Biologie - Diététique de la pomme  

    Collectif : Dr Tran Ky - Dr Jean-Michel Guilbert et Pr Michèle Didou-Manent 

     15 x 21 cm - 216 pages - Illustrations N/B et couleur

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    Magdeleine - Départ pour Abbeville - Dimanche 2

    Encore des conciliabules dans l’avenue Carnot. Papa m’emmène à la gare avec les colis et j’attends Suzanne et Praxède (la bonne). Papa, maman et Maurice rentrent en auto avec le reste des colis. Pas de monde dans le compartiment, mais les troisièmes sont combles. Une bande de Cayolais vient conduire des jeunes hommes qui partent. Oh ! Ces adieux déchirants, poignants m’ont fait verser quelques larmes. Que c’est lugubre tous ces pleurs ! Quelques-uns, les célibataires, sont gais et s’en vont tout riant. A Abbeville, nombre d’artilleurs chantaient, buvaient et plaisantaient à nos côtés. Tous très jeunes sous les armes, ils s’en vont la rage aux dents enfiler les Allemands. C’est sublime, ces élans de courage ; ils vont joyeusement à la mort, car ils savent que leur devoir est là. On ne voit que des soldats dans des voitures de laitières, de jardiniers etc… Cela est un peu drôle au milieu de la consternation générale. Achille était à la gare avec la petite auto, il prend nos colis et nous revenons pédestrement, quand papa qui allait à la gare voir un soldat malade, nous a fait monter en voiture. On a mis le linge en place, puis on a flâné. Toujours des soldats dans la ville ou des réservistes, leur petit paquet sous le bras. Personne ne part dans ma famille, c’est heureux. Il y a des familles qui sont dans la peine. Je n’ai plus pensé que nous étions dimanche et j’ai oublié d’aller à la messe. Sait-on comment l’on vit dans ce désarroi national. J’espère aller tantôt à l’église pour prier pour tous ces hommes qui vont se battre et chercher la mort pour leur patrie.

    2 août 1914 à Cayeux-sur-Mer et Abbeville

    Suzanne - Départ pour Abbeville - Dimanche 2

    Nous voici de retour à Abbeville que nous ne devions revoir qu’au 15 septembre. Comme tout est triste, je veux rappeler ici la journée d’hier. Comme il faisait très beau et très chaud, et comme on ne respire guère dans la cabine, nous avions fait un courant d’air et n’avions aucun courage ! Personne sur les planches, tout était calme, d’un calme plat. Maurice nous apporte une lettre de Marguerite nous disant que la situation ne pouvant se prolonger, elle comptait arriver dimanche ou lundi. Cette lettre nous amusa, et comme je ne croyais pas à la guerre, je comptais, maman du reste aussi, voir arriver Marguerite, Simone et Mado le lendemain. Puis, je m’installais avec Magdeleine à l’ombre, derrière la cabine où nous entendions assez bien le concert classique du Casino. C’est ainsi que nous écoutions un morceau de Popper quand un homme passe en courant, l’air très atterré et cria : « ça y est, la France est mobilisée, c’est affiché à la Poste. Quel coup !… » Des femmes qui tirent leur mouchoir se tamponnent les yeux, des visages se décomposent, des hommes qui partent en courant vers la Poste. Le concert classique arrête net et les musiciens se précipitent dehors. C’était partout la désolation. Madame Legier pleurait ses fils, et Henri son benjamin pleurait également en donnant de grands coups de pelle dans les galets. Madame Robinet et sa mère s’empressent, en pleurant, de quitter leur cabine avec les enfants qui hurlent dans leurs charrettes, et le mari assombri par son départ prochain. Nos voisins de l’Albatros arrivent précipitamment en auto et en deux minutes empilent leur mobilier de cabine dans leur véhicule. Ils partent le soir même. Madame Brugnon sanglote, ses enfants sont effrayés. Madame Colgrave et sa mère sont dans la désolation car bien que ne partant pas sous les drapeaux, leurs maris sont restés à Reims d’où ils ne peuvent sortir. La pauvre Madame Ulin, à la fenêtre de sa chambre, personnifie la douleur tant elle est pâle et triste. Enfin en moins de cinq minutes, la plage est vidée, c’est l’affolement. Seul Monsieur Roulet, malgré son fils parti, a sa figure souriante de toujours.

    Papa rentre à 7 h. en auto. Encore sous le coup des émotions de tout à l’heure, nous déménageons la cabine et entassons vite fait le linge et les robes dans des cartons et valises. Les Cayolais, toujours prêts à exagérer, tiennent des conciliabules devant la Poste jusqu’à 1 heure du matin. Aujourd’hui tout le monde se réveille de bonheur. A 9 h.50, Magdeleine, Praxède (la bonne) et moi, prenons le train, tandis que papa, maman, Maurice et Josette, le chien, gagnent Noyelles3 en auto. A la gare de Cayeux, scènes de désespoir au départ des cayolais soldats. Malgré soi, on se sent ému. Tout est calme à Abbeville. La mobilisation entière se passe dans un calme qui surprend tout le monde. L’après-midi, Magdeleine et moi ayant oublié l’heure de la messe, allons au salut prier pour les Français qui vont se faire tuer aux frontières et pour tous ceux qui attendent dans le désespoir et l’anxiété le retour qui d’un mari, qui d’un fils, qui d’un frère. Mon oncle Maupin est arrivé ce soir pour l’hôpital militaire d’Abbeville.

     

    Extrait de :  

    Grande Guerre AVOIR 20 ANS PENDANT LA GRANDE GUERRE

     Carnets intimes 1914-1918  Abbeville - Cayeux/Mer 

     Magdeleine et Suzanne Tacquet 

     
    Photos des archives familiales et documents d’époque.

    Préface et notes de Jean-Jacques Becker.

    15.5 x 22 cm - 304 pages

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    Quelques chiffres.

    Sur une rasière, soit 80 kg, le client retrouvait 51 kg de farine et 21 kg de son, 8 kg servaient à payer le meunier. Ajoutons que les moulins à vent nécessitaient une force de vent de 2 à 12 mètres/secondes au minimum. Ils ne tournaient que 120 à 160 jours par an. Un bon moulin pouvait moudre et tamiser, en période favorable, 150 à 200 kg de blé à l’heure. Le travail du meunier, c’était aussi la réception des céréales par l’intermédiaire du cache mannée (qui essayait d’apporter de grandes quantités de blé au meunier qui l’employait), l’ensachage de la farine et la mise à jour des comptes et des registres.

    La meunerie au XIXe siècle



    Un moulin à Saint-Sauflieu.

    Le métier était dur, le moulin pouvait tourner 24 heures sur 24 quand il y avait du vent. Il fallait en permanence le surveiller notamment en cas de tempête ou d’incendie. Jusqu’à la Révolution, le fermier montait au moulin et apportait son grain sur place mais après la Révolution, certains meuniers gardaient leur habitude mais d’autres devaient se déplacer eux-mêmes à domicile pour aller chercher de nouveaux clients. Le moulin à cette période n’était pas obligatoirement propriété du meunier, certains contrats de baux duraient jusqu’à neuf ans ! d’autres étaient à perpétuité. Le meunier était aussi un bon météorologue qui observait souvent sa girouette. Il devait chercher le vent en orientant son bâtiment. Ensuite, il lui fallait habiller les ailes puis mettre en marche la machinerie en actionnant le frein, lequel retient les ailes qui convertissent l’énergie cinétique du vent en énergie mécanique. Certains meuniers attrapaient la silicose car l’odeur de la farine fait tousser et dessèche la gorge. On raconte que les meuniers avaient les mains tâchées à cause des éclats de pierre et d’acier qui jaillissaient sous les coups de marteau lorsqu’ils nettoyaient les meules afin de refaire les sillons (ce travail durait 2 à 3 jours). Le métier s’apprenait sur le tas, souvent de père en fils, on était d’abord garçon meunier. Les moments creux étaient consacrés aux réparations et à l’entretien. La position des ailes était un moyen de communiquer avec le voisinage :

    La meunerie au XIXe siècle


    1. Croix Grecque : repos de courte durée où le moulin travaille.

    La meunerie au XIXe siècle

    2. Croix St André : repos de longue durée, ou dimanche, ou jour de fête ordinaire.
     

    La meunerie au XIXe siècle

     

     

     

     

    3. Croix Venante : heureux événements (baptême, mariage, naissance).

    La meunerie au XIXe siècle

     

     

     

     

    4. Croix Partante : deuil ou opération de rhabillage des meules en cours.


    Nathalie Boulfroy-Demarcy

     

    Extrait de :

    moulins Picardie

     

       LES VIEUX MOULINS DE PICARDIE


         Amédée de Francqueville 

     
        
    15.5 x 22 cm - 148 pages

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    Utiles aux hommes et aux bêtes.
    Les mares étaient alimentées par les eaux des ruisseaux d’une propreté douteuse. De plus, les bestiaux qui, par une pente douce aménagée à cet effet, venaient s’y désaltérer, non seulement remuaient la vase mais surtout prenaient toutes leurs aises. C’est dire que la pureté et la limpidité des eaux de mare laissaient largement à désirer.
    Et pourtant, qui des gens d’un « certain âge », n’a jamais entendu dire que la meilleure eau pour faire du cidre (la piquette, s’entend) est l’eau de mare. Voilà, certes, une opinion discutable mais généralement admise.

    Ne faut-il pas penser à ce sujet que nos pères savaient se contenter de ce qu’ils avaient, nécessité faisant foi ?
    N’empêche que ces mares avaient un grand charme et qu’elles étaient très utiles, sinon nécessaires.
    Tout d’abord, ce sont de gigantesques miroirs dans lesquels le ciel et les grands arbres se reflètent. Y faire des ricochets avec des cailloux plats, c’est, quand on est jeune, diablement amusant. On compte les bonds : Père, Mère, Frère, Sœur... On va rarement plus loin.
    En bonne saison, les hirondelles rasent l’eau dormante, décimant les nuées de moucherons. Là-bas, au « puchot » (endroit aménagé sur la berge d’une mare pour y puiser l’eau commodément), les cultivateurs, de leur écope longuement emmanchée, remplissent une tonne à eau que leur cheval traînera jusqu’à la « pâture » ou attendent les vaches assoiffées. Tout le long du jour, les canards de basse-cour et les cols-verts escortés de fulgurants « lirots » (canardeaux), glissent rapidement autour des oies majestueuses et lentes.
    Par les calmes soirées printanières, un concert de croassements s’élève des berges herbeuses. C’est présage de beau temps, dit-on.
    En plein cœur d’hiver, tous ces occupants emplumés et palmés cèdent la place aux élèves de l’école communale. Ces mares deviennent en effet des patinoires superbes, fort fréquentées par tous les gamins et même les jeunes gens du village. J’entends encore le crissement d’un clou à galoche mal planté, creusant une longue raie sur la glace. Je revois le camarade maladroit terminant sa glissade sur son postérieur. Des cris de joie fusent...
    Elles étaient très utiles ces mares, disions-nous. En effet, les bestiaux s’y abreuvaient et surtout, elles étaient les seuls réservoirs d’eau où l’on pouvait puiser pour combattre les incendies.

    Charles Lecat

    Les mares de nos villages

    Dire que les mares ont une histoire, ce n’est pas un démenti. J’en ai connu deux . L’une qui est située au sud ouest à quelques pas de la Vierge Marie, et au bas de la route qui mène à Rumigny, existe toujours. Elle se remplit par l’écoulement des eaux pluviales. En jouant nous dévions cette eau en faisant des petits barrages avec de la boue, des feuilles, des brindilles, tout ce que l’eau ramasse sur son passage.
    Dans cette mare, nous observons et nous assistons journellement à la métamorphose des amphibiens.
    Ses abords nous sont bien connus. Nous savons où la grenouille a laissé ses œufs.
    Après son éclosion, le corps et la tête de la larve ne font qu’un, en distinguant une queue transparente. Entre le corps et la queue apparaissent deux petites pattes, ce sont les pattes postérieures. Le corps se transforme, la tête se devine avec ses gros yeux, tandis que la queue disparaît. Puis les deux pattes de devant font leur apparition.
    Le têtard est devenu une grenouille.
    Dans la main, il est visqueux et doux au toucher.

    Les parents d’un copain ont récupéré un des réservoirs qu’un avion a largué au-dessus du bois de sapins. Témoin d’une guerre.
    Nous pouvons nous en servir comme moyen de navigation sur la mare.
    On flotte à condition de boucher les trous dans la tôle avec du mastic. Le rebouchage n’est pas très efficace, qu’importe nous sommes inconscients et intrépides.

    En dessinant quelques lieux du village, je n’ai pas oublié cette mare clôturée et grillagée, protégeant son cygne et autres palmipèdes. Je l’ai signé « villégiature ».

    L’autre mare, située au sud est plus grande.
    Lors des hivers rigoureux, nous la transformons en patinoire, pour y faire des glissades avec nos galoches cloutées et en culotte courte.
    Un jour, la glace est fragilisée, elle se fend au passage d’un copain. Le voilà dans l’eau glacée jusqu’au cou. Par chance le facteur sur son vélo, passe à ce moment là, il le sort de l’eau et lui évite la noyade.

    Daniel Poncet

     Extrait de :

     Sains en Amiénois 

     SAINS-EN-AMIENOIS
     AVANT LE CERTIF.
     Daniel Poncet

     14.5 x 20.5 cm - 84 pages Photos, cartes postales anciennes et dessins N/B

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