• Les mares de nos villages

     

    Utiles aux hommes et aux bêtes.
    Les mares étaient alimentées par les eaux des ruisseaux d’une propreté douteuse. De plus, les bestiaux qui, par une pente douce aménagée à cet effet, venaient s’y désaltérer, non seulement remuaient la vase mais surtout prenaient toutes leurs aises. C’est dire que la pureté et la limpidité des eaux de mare laissaient largement à désirer.
    Et pourtant, qui des gens d’un « certain âge », n’a jamais entendu dire que la meilleure eau pour faire du cidre (la piquette, s’entend) est l’eau de mare. Voilà, certes, une opinion discutable mais généralement admise.

    Ne faut-il pas penser à ce sujet que nos pères savaient se contenter de ce qu’ils avaient, nécessité faisant foi ?
    N’empêche que ces mares avaient un grand charme et qu’elles étaient très utiles, sinon nécessaires.
    Tout d’abord, ce sont de gigantesques miroirs dans lesquels le ciel et les grands arbres se reflètent. Y faire des ricochets avec des cailloux plats, c’est, quand on est jeune, diablement amusant. On compte les bonds : Père, Mère, Frère, Sœur... On va rarement plus loin.
    En bonne saison, les hirondelles rasent l’eau dormante, décimant les nuées de moucherons. Là-bas, au « puchot » (endroit aménagé sur la berge d’une mare pour y puiser l’eau commodément), les cultivateurs, de leur écope longuement emmanchée, remplissent une tonne à eau que leur cheval traînera jusqu’à la « pâture » ou attendent les vaches assoiffées. Tout le long du jour, les canards de basse-cour et les cols-verts escortés de fulgurants « lirots » (canardeaux), glissent rapidement autour des oies majestueuses et lentes.
    Par les calmes soirées printanières, un concert de croassements s’élève des berges herbeuses. C’est présage de beau temps, dit-on.
    En plein cœur d’hiver, tous ces occupants emplumés et palmés cèdent la place aux élèves de l’école communale. Ces mares deviennent en effet des patinoires superbes, fort fréquentées par tous les gamins et même les jeunes gens du village. J’entends encore le crissement d’un clou à galoche mal planté, creusant une longue raie sur la glace. Je revois le camarade maladroit terminant sa glissade sur son postérieur. Des cris de joie fusent...
    Elles étaient très utiles ces mares, disions-nous. En effet, les bestiaux s’y abreuvaient et surtout, elles étaient les seuls réservoirs d’eau où l’on pouvait puiser pour combattre les incendies.

    Charles Lecat

    Les mares de nos villages

    Dire que les mares ont une histoire, ce n’est pas un démenti. J’en ai connu deux . L’une qui est située au sud ouest à quelques pas de la Vierge Marie, et au bas de la route qui mène à Rumigny, existe toujours. Elle se remplit par l’écoulement des eaux pluviales. En jouant nous dévions cette eau en faisant des petits barrages avec de la boue, des feuilles, des brindilles, tout ce que l’eau ramasse sur son passage.
    Dans cette mare, nous observons et nous assistons journellement à la métamorphose des amphibiens.
    Ses abords nous sont bien connus. Nous savons où la grenouille a laissé ses œufs.
    Après son éclosion, le corps et la tête de la larve ne font qu’un, en distinguant une queue transparente. Entre le corps et la queue apparaissent deux petites pattes, ce sont les pattes postérieures. Le corps se transforme, la tête se devine avec ses gros yeux, tandis que la queue disparaît. Puis les deux pattes de devant font leur apparition.
    Le têtard est devenu une grenouille.
    Dans la main, il est visqueux et doux au toucher.

    Les parents d’un copain ont récupéré un des réservoirs qu’un avion a largué au-dessus du bois de sapins. Témoin d’une guerre.
    Nous pouvons nous en servir comme moyen de navigation sur la mare.
    On flotte à condition de boucher les trous dans la tôle avec du mastic. Le rebouchage n’est pas très efficace, qu’importe nous sommes inconscients et intrépides.

    En dessinant quelques lieux du village, je n’ai pas oublié cette mare clôturée et grillagée, protégeant son cygne et autres palmipèdes. Je l’ai signé « villégiature ».

    L’autre mare, située au sud est plus grande.
    Lors des hivers rigoureux, nous la transformons en patinoire, pour y faire des glissades avec nos galoches cloutées et en culotte courte.
    Un jour, la glace est fragilisée, elle se fend au passage d’un copain. Le voilà dans l’eau glacée jusqu’au cou. Par chance le facteur sur son vélo, passe à ce moment là, il le sort de l’eau et lui évite la noyade.

    Daniel Poncet

     Extrait de :

     Sains en Amiénois 

     SAINS-EN-AMIENOIS
     AVANT LE CERTIF.
     Daniel Poncet

     14.5 x 20.5 cm - 84 pages Photos, cartes postales anciennes et dessins N/B

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