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    Entamons sans plus tarder l’exploration de Saint-Valery dans le sillage de l’auteur du roman “Le crime de Sylvestre Bonnard” ou bien dans celui de notre contemporain et amoureux de la baie, Robert Mallet.
    Il vous faut quitter pour un temps le quai Blavet sur “vert salé” et cette “âcre odeur de marée” pour le quartier du
    Courtgain accessible depuis le passage Hesdin.
    Franchissez le porche qui jouxte une maison à la façade et au balconnet blancs.
    Remontez ensuite la ruelle étroite bordée de “cottages” pour atteindre le quartier des “gagne petit”, des pêcheurs.
    Longez la rue du Docteur Ravin par la droite jusqu’au cœur du Courtgain, l’endroit jadis le plus fécond de la ville.
    Passage devant la petite chapelle Saint-Pierre avec sa façade en damier de pierres et de galets ; motifs que vous retrouverez tout au long de la promenade.
    Les Valéricains ont sans cesse réutilisé les matériaux des édifices que des guerriers de tout poil se sont acharnés à détruire.
    La rue d’Argoules et ses hauts murets à l’appareillage de pierres et de silex taillé en apporte la démonstration ... rue chatoyante lorsque le soleil daigne y darder ses rayons.
    Rue des Moulins, toujours ces maisons basses de pêcheurs, aux tons pastel, “blotties les unes contre les autres”, fidèles à l’album des souvenirs.
    Anatole France les décrit avec beaucoup de tendresse dans ses chroniques publiées dans le journal “Le Temps”. Il évoque également la précarité, l’âpreté de la vie de ses occupants.

    « Ce sont des braves gens, des cœurs simples. Ils habitent le quartier de Courtgain.
    C’est le bien nommé, disent les gens du pays, car ceux qui y vivent gagnent peu. Le Courtgain s’étend derrière la rue de la Ferté, sur une rampe assez rude. Des maisonnettes, qui auraient l’air de joujoux si elles étaient plus fraîches, se pressent les unes contre les autres, sans doute pour n’être point emportées par le vent. Là, on voit à toutes les portes de jolies têtes barbouillées d’enfants, et çà et là, au soleil, un vieillard qui raccommode un chalut, ou une femme qui coud à la fenêtre derrière un pot de géranium. »
    (Anatole France, Promenades de Pierre Nozière en France)

    Montée par le sentier gravillonné du calvaire des marins; parfum de prière au pied de l’oratoire.
    Le site offre un joli point de vue panoramique sur la ville.

    En contrebas le quartier de la Ferté, sur la gauche les remparts de la ville haute que domine l’église Saint-Martin et devant vous l’omniprésence de la baie avec son chenal serpentin, piqueté de mouettes, qui cherche sa voie vers le large.
    Ambiance sereine que renforcent le vert tendre des mollières et le camaïeu d’ocre du sable.
    Au loin, la cité balnéaire du Crotoy sous une brume de chaleur.

    «...on ne saurait trouver de cité plus paisible que Saint-Valery. Il y règne une ambiance de baie abritée, de sables somnolents, de marées insinuantes, de douces verdures. On y perçoit le grand large, on le hume en toute tranquillité, on le rêve sans avoir à le subir. Et, dans ses vieux quartiers, le promeneur rencontre d’autres promeneurs, d’autres amoureux des demeures silencieuses ouvertes sur des jardins clos. »
    (Préface de Robert Mallet, Saint-Valery, Chemins de traverse)

     

    Lectures buissonnières à St-Valery/Somme

     

    Poursuite vers la rue Jules Gaffet, descente par la ruelle des Matelots ; l’escalier de grès débouche sur la place du casino et le quai.
    La balade se poursuit par la longue digue promenade qui s’étire en bordure du chenal.
    De belles maisons cossues ornées de balcons en bois sont les témoins de la Belle Époque.
    Le Relais Guillaume de Normandie au nom emblématique.
    Le sémaphore au bout de la ligne droite, puis bientôt à gauche la Tour Harold qui par grignotement phonétique était devenue “la tour aux rats”.
    Harold, c’est bien sûr l’infidèle et parjure dans la célèbre tapisserie de Bayeux, qui relate l’épopée de Guillaume.
    Abrupte remontée vers la ville haute, ceinte de ses murailles en grès.
    A nouveau, une position dominante et des échappées sur la baie.

    Au pied de la porte Guillaume une plaque commémore le séjour de la Pucelle arrivant du Crotoy qui, avant de rejoindre Rouen vers son funeste destin fut, malgré elle, l’hôte de marque de la cité.
    Le malheur pour reprendre des propos tirés des chroniques d’Anatole France “c’est de savoir qu’on sera mangé..., la sagesse est de l’oublier.”
    Nous nous trouvons dans la composante militaire de la ville avec ses remparts, ses tours crénelées et ses mâchicoulis.

    Petit détour dans la vieille ville jusqu’à la porte de Nevers pour contempler l’église gothique de Saint-Martin et le motif récurrent des damiers blancs et noirs.

    « L’église élève sur ces remparts ses cinq pignons aigus, percés au quinzième siècle, de grandes baies à ogives, son toit d’ardoises en forme de carène renversée et le coq de son clocher. »
    (Anatole France, Promenades de Pierre Nozière en France)


    Extrait de :

    randonnées pays de Somme   LECTURES BUISSONNIÈRES
      GUIDE DE LECTURES ET RANDONNEES AU PAYS DE SOMME
     
       David Delannoy
     
        Illustrations et cartes : Jean-Marc Agricola
        
    15 x 21 cm - 168 pages

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     « Le Picard est né malin, c’est le Français par excellence... son pays offre le rare exemple d’un terroir où l’esprit pousse et où la vigne ne pousse pas. »

    Les sots de Ham !

    M. Francis Wey qui commence ainsi sa charmante monographie du Picard devait-il faire une exception pour les hamois, depuis si longtemps qualifiés de sots ? Qu’on se rassure. Nos aïeux, à l’humeur plaisante, ne s’épargnaient pas les moqueries. Chacun tenant pour son clocher, appliquait à ses voisins des épithètes peu flatteuses que l’on se garda bien d’oublier. On dit encore : les singes de Chauny, les beyeux de Saint-Quentin, les bacouais d’Amiens, etc. L’origine de ces appellations n’est pas toujours blessante. « Il y avait dans cette ville, (Ham) lit-on dans une lettre écrite en 1735, une compagnie de fous, qu’on nommait les sots de Ham, sobriquet qui est demeuré aux habitants. » Tout est expliqué ! Cette compagnie était fort ancienne et très connue. Il existait, dans un grand nombre de villes, des associations de joyeux compères qui, aux jours gras principalement, se chargeaient de divertir le peuple et se permettaient dans leurs farces ou soties, des allusions, des attaques contre les puissants du jour qu’on ne tolérerait certes pas maintenant. Les archives de Ham ne nous apprennent rien, malheureusement, sur cette singulière confrérie et il nous faut encore recourir au savant conseiller au parlement qui nous a raconté la bizarre cérémonie du Cloqueman. Il était d’usage dans la ville de Ham parmi les rieurs d’élire un prince qualifié Prince des sots. Il formait sa cour de ceux de son espèce et avait pour marques de sa dignité un habit tel qu’on peint celui des Momus et un bonnet garni de grelots ; son sceptre était une marotte. Sa troupe, divisée en cavalerie et infanterie n’avait pas d’uniforme, mais des habits de masques. La cavalerie était composée de chevaux d’osier, il y avait un trou, au droit de la selle, par où le cavalier passait. Un caparaçon empêchait qu’on ne vit ses jambes. L’enseigne de cette troupe était un drapeau semé de croissants avec des marottes de Momus en sautoir. Les jours gras, le Prince partageait sa compagnie en trois escouades qui se tenaient aux portes de la ville. Chaque chef tenait en main une marotte noircie avec de la suie de cheminée et la faisait baiser aux femmes qui ne voulaient pas mettre de l’argent dans un bassin et ils appelaient cela Saint Souffrant. Si quelque vieille se mariait, le prince des sots et sa troupe ne manquaient pas de faire charivari. Si quelque mari patient se laissait dominer par sa femme on allait en grande pompe l’éveiller du matin et lui faire faire le tour des rues de la ville, monté dans un tombereau. Ces singeries occasionnaient des querelles. Un lieutenant général, en 1648, ayant voulu y mettre ordre, manda le prince des sots et lui demanda de quel droit il en usait ainsi ; il lui fit réponse qu’il était autorisé par des lettres patentes des anciens seigneurs de Ham. Le lieutenant général demanda à les voir et les jeta dans le feu. Depuis ce temps, ajoute Brochart du Breuil, on n’a plus entendu parler de la compagnie des sots de Ham. Ce qui prouve la vivacité des traditions dans nos provinces c’est que les descendants du dernier chef de la compagnie des sots ont conservé le nom de Prince.

     

    Extrait de :

       HamHISTOIRE POPULAIRE DE HAM  
     

      
      Elie Fleury et Ernest Danicourt
      15 x 21 cm - 112 pages - Illustrations - cartes postales anciennes - plans
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    DIVISION DES INSTRUMENTS AGRICOLES. — On divise les instruments et les machines agricoles en deux groupes : en instruments d’extérieur de ferme, comme la charrue, et en instruments d’intérieur de ferme, comme le coupe-racines.

    INSTRUMENTS D’EXTÉRIEUR DE FERME
    LA BÊCHE ET LA CHARRUE.— La bêche et la charrue servent à ameublir la terre et à la retourner en bandes d’une épaisseur de 0 m 18 à 0 m 20. Tout le monde connaît la bêche : elle est composée d’un manche et d’une lame aciérée de forme rectangulaire. La charrue ordinaire se compose de différentes parties : 1° Le coutre ou couteau D, placé en avant, a pour fonction de trancher la terre verticalement ; 2° Le soc A, sorte de coin triangulaire en fer, tranche la terre horizontalement et la soulève. Le sep ou talon E fait suite au soc et glisse au fond du sillon ; 3° Le versoir ou oreille B retourne la terre coupée par le coutre et soulevée par le soc ; il la rejette de côté pour ouvrir le sillon. Il y a des charrues qui ont deux versoirs. 4° L’age ou flèche C est une pièce de bois ou de fer à laquelle sont fixées toutes les autres parties de la charrue. Le point d’attache pour l’attelage se trouve en F à l’une des extrémités de l’age ; à l’autre extrémité sont fixés les deux mancherons G sur lesquels le laboureur appuie pour guider la charrue. Certaines charrues n’ont qu’un mancheron ; 5° Le régulateur H sert à régler le degré « d’entrure » du soc.
    Si, à l’aide du régulateur, on élève l’age, la pointe du soc s’enfonce moins et le labour est superficiel ; si au contraire on abaisse l’age, le soc s’enfonce davantage et le labour est profond.
    6° L’avant-train I est formé de deux roues reliées par un essieu. Il y a des charrues qui n’ont pas de roues : on les nomme araires.
    La charrue Brabant-double se compose de deux corps de charrue et tournant autour de l’age commun G. Chaque corps de charrue comprend un coutre A, un soc B et un versoir C. Cette disposition de l’instrument permet de renverser la terre toujours du même côté, ce qu’on ne peut obtenir avec une charrue ordinaire. Pour cela, il suffit que le laboureur, lorsqu’il a terminé une raie, retourne le corps de la charrue.

     

    Instruments et machines agricoles d'autrefois


    EMPLOI DE LA CHARRUE. — Il ne faut jamais, labourer, surtout en sol argileux, lorsque la terre est trop humide. La profondeur des labours est en moyenne de 15 à 20 centimètres ; mais cette profondeur doit varier avec la nature du sol et avec les exigences des plantes. Lorsque les labours sont peu profonds, les racines des plantes sont exposées à souffrir des intempéries : à la suite de grandes pluies, elles sont noyées ; par la sécheresse, elles sont comme emprisonnées dans la terre qui se durcit. Les labours exécutés à une profondeur de 25 à 30 centimètres sont, en général, excellents : les racines des plantes, y pénétrant profondément, ont moins à redouter les excès d’humidité ou de sécheresse. Cependant, il ne faut user des labours profonds qu’avec une grande prudence. Si, en effet, une terre n’a été labourée antérieurement jusqu’à une profondeur de 12 à 15 centimètres et si, surtout, le sous-sol est rouge ou ferrugineux, ce n’est que progressivement qu’il faut approfondir les labours, sinon la terre nouvellement remuée et encore mal aérée nuirait à la fertilité du sol. Avec le brabant-double, dont on fait sauter provisoirement l’un des versoirs, on peut approfondir la raie sans ramener la terre à la surface du sol. On réalise ainsi, et avec économie, à peu près tous les avantages des labours profonds.

     

    Extrait de :

     La nature hier et aujourd'hui MÉMENTO D'UN PAYSAN D'AUTREFOIS


     
    Henri Raquet

      14.5 x 21 cm - 166 pages

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    Je me suis inspiré de l’ouvrage d’un érudit amiénois qui fut aussi l’un de mes professeurs à l’Ecole normale d’Amiens, Maurice Crampon, ouvrage intitulé Croyances et coutumes de Picardie, paru en 1964 au Centre Régional de Documentation Pédagogique d’Amiens. Je ne les ai pas relevées toutes, mais seulement celles qui me semblent significatives. Commençons par celles qui se rapportent au culte des pierres remontant à la Préhistoire, aux Ligures et aux Celtes. Ce culte a été christianisé dès le début du Moyen Age, et a disparu à la fin du XVIIIe siècle, début XIXe. Par exemple, à Famechon, on suspendait un caillou percé dans les étables et les écuries, afin de préserver les animaux des maladies. Cela ne se faisait pas dans tous les villages, du fait du manque de communication à ces époques lointaines. Les enfants noués, c’est-à-dire qui ne pouvaient ou ne voulaient marcher étaient conduits en même temps que les langreux (en patois picard : chétifs), à la pierre froide de la chapelle Saint-Milfort d’Abbeville. On les faisait asseoir trois fois, le cul nu  sur  cette pierre. La croyance assurait qu’il pouvait ainsi se relever et marcher. Le nom du guérisseur Milfort justifiait que les enfants devinssent forts, voire mille fois forts. Les raclures de pierre avaient aussi des vertus prophylactiques. Les Picards prélevaient de la terre qu’ils gardaient dans leurs maisons et qu’ils avaient puisée à travers les trous ménagés à cet usage dans le tombeau de Saint-Germain-sur-Bresle (vallée de la Bresle). Cette terre venue du sanctuaire du saint devait donc guérir de toutes les misères. A Noyelles-sur-Mer, la fosse de Gargantua aurait été creusée par un pas du célèbre géant, un jour de dégel. La terre tombée de ses chaussures aurait formé trois buttes de pierres, qui étaient en réalité des tombelles. Des fouilles pratiquées au XIXe siècle permirent d’y découvrir des cendres des ossements humains et des os de chevaux. La plus haute, la tombelle de Saint-Ouen porte ce nom, certainement du fait du passage des reliques de ce saint homme. Trois arbres s’y élevaient, dont un assez gros qui servait de repère et de guide aux navigateurs de la Somme. Ces tombelles sont entre Noyelles et Port-le-Grand, elles mesuraient encore quinze pieds de hauteur (quatre mètres et demi) au XVIIe siècle, beaucoup moins maintenant du fait de l’érosion. Un culte qui remonte à l’origine de l’homme, c’est aussi le culte solaire. Les fêtes du Béhourdis ont disparu à la fin du XIXe siècle. Pour fêter le retour du soleil au printemps, les habitants d’Hangest-sur-Somme parcouraient les champs et les vergers avec des flambeaux. On allumait des feux à Longpré-les-Corps-Saints, à Buigny-lès-Gamaches, etc. Cette coutume est à rapprocher des feux d’os et des feux de la Saint-Jean ; elle est même en train de renaître depuis la fin du XXe siècle et de se propager dans de nombreux villages. Parallèlement  existait aussi le culte lunaire. Par exemple, les vieilles dames d’Airaines  se signaient quand la lune apparaissait le soir. Dans le Vimeu, on montrait de l’argent à la lune nouvelle, afin de ne pas en manquer pendant la durée de la lunaison (29 jours et demi). La vieille lune a la réputation d’exercer une mauvaise influence sur les bêtes et les gens. En période de lune descendante, les arbres abattus se mangent à vers, les viandes salées se conservent mal. Les jardiniers profitent du déclin de la lune pour planter leurs pommes de terre et leurs haricots, de sorte qu’ils ne donnent pas trop de vert à la ligne. Un cultivateur d’Airaines ne récoltait jamais de blé noir parce qu’il semait entre l’heure du lever de la lune et l’heure de son coucher. Pourquoi pas ? Lorsqu’on sait que la lune a aussi un pouvoir d’attraction et provoque le phénomène des marées. Les hommes du temps jadis avaient également de grandes peurs, telle la peur de l’orage (ch’ l’hernu, disait-on en Picardie maritime). Quand le tonnerre grondait, il était imprudent de courir, de chanter et même de dire que le ciel était noir. Dans le Vimeu, on se réjouissait d’avoir un nid d’hirondelle à sa fenêtre, qu’on considérait comme le meilleur paratonnerre. On enviaitchés décatorneux d’hernus (les détourneurs d’orages) qui, disait-on, ne recevaient jamais la foudre. On rassurait les enfants en leur disant que c’était le bon Dieu qui jouait aux quilles ou que le Diable se battait avec sa femme. Et l’on prenait des précautions pour ne pas être foudroyé. Par exemple, on sonnait les cloches des églises. A Rouvroy (quartier sud d’Abbeville), on plaçait des pommes de terre au bout d’une gaule de pêcheur. A Quesnoy-sur-Airaines, on buvait une cuillerée de lait. A Noyelles-sur-Mer, on aspergeait les ouvertures de la maison avec de l’eau bénite. Et quand, après l’orage, apparaissait l’arc du temps ou arc Saint-Martin (l’arc-en-ciel), il fallait vérifier s’il avait le pied dans l’eau. Si c’était le cas, c’était encore de la pluie pour le lendemain. Ces croyances n’existent plus, mais les précautions à prendre demeurent nécessaires, surtout en rase campagne, en montagne, ainsi qu’au bord de l’eau. Ne les oublions pas, même si nous pensons que les orages ne sont plus aussi fréquents et violents qu’autrefois ! Les mystères du ciel ont toujours torturé l’esprit et l’imaginaire de nos concitoyens. Depuis des siècles, les marins de Saint-Valery ont constamment vu dans la voie lactée, ce très large champ céleste, le chemin que l’apôtre Saint-Jacques traça dans le ciel pour indiquer à l’empereur Charlemagne (IXe siècle) la direction à prendre pour se rendre en Espagne. Ils pensaient aussi que la constellation de la Grande Ourse (ou Grand Chariot) était le char de David, ce roi d’Israël du Xe siècle avant J-C, qui fonda Jérusalem et dont on parle dans la Bible, notamment pour son combat singulier avec le géant Goliath. Pour eux, Vénus était et est toujours l’étoile du berger, tandis le soleil était Colin et la lune la Belle. Depuis les temps les plus reculés, on a toujours remarqué dans le ciel des signes ou des objets inconnus, inexpliqués, qu’on a surnommés dès le milieu du XXe siècle des O.V.N.I (objets volants non identifiés). Les fameuses soucoupes volantes se manifestèrent pour la première fois en Picardie le 7 septembre 1945. A Pont-Rémy, on s’est longtemps demandé si les témoins de ces apparitions n’avaient pas été victimes d’hallucinations. Il y eut pendant plus de vingt-cinq ans d’autres apparitions en France et dans le Monde, dont d’extra-terrestres qu’on surnomma les petits hommes verts.

     

    L’originalité des croyances et coutumes de Picardie maritime


    De nombreux livres furent écrits, en particulier celui d’un journaliste de la télévision, Jean-Claude Bouret. On pensa à d’autres civilisations plus avancées que la nôtre, dans le système solaire ou dans d’autres systèmes interstellaires encore plus lointains. Cet engouement favorisa d’ailleurs l’accélération de la conquête spatiale, à l’instigation du président de la république des U.S.A John Kennedy des années 1960, d’abord de notre satellite naturel la Lune qui eut lieu réellement en Juillet 1969, grâce au programme Apollo XI et aux deux astronautes américains Armstrong et Aldrin. Mais la déception fut grande car l’astre de nos nuits était absolument désertique, sans aucune trace de vie. Il en fut d’ailleurs de même dans les décennies suivantes pour les planètes Mars et Saturne : les petits hommes verts en étaient absents. Donc l’intérêt populaire retomba et l’on se révéla sceptique quant à l’existence d’une vie extra-terrestre. Jusqu’au  jour de mars 2007, où l’on apprit que le CNRES (centre national d’études et de recherches scientifiques françaises) révélait que toutes ces apparitions célestes mystérieuses avaient été recensées, enregistrées sur Internet et que, si elles étaient un peu oubliées, il en revenait encore régulièrement. Et que, de plus, vingt-cinq pour cent de ces apparitions demeuraient inexpliquées. Cela pourrait relancer l’engouement de Français, notamment des Picards, pour ces phénomènes énigmatiques, mais ô combien exaltants. Par la même occasion, on risque aussi de voir des fantaisistes monter de toutes pièces des scénarios d’extra-terriens, comme ce fut le cas dans les années 1950 à 1970. Beaucoup de gens crédules risquent de s’y laisser prendre, quoique cela fasse partie du rêve. « Les rêves sont les clés pour sortir de nous-mêmes », affirmait le poète belge du XIXe siècle G. Rodenbach, dans son œuvre Le règne du silence. Quant à l’écrivain français Jean Cocteau, il disait en 1955 : « Plus je vieillis, plus je vois que ce qui ne s’évanouit pas, ce sont les rêves ». Pour se délasser de leurs travaux ingrats et fastidieux, ainsi qu’oublier leurs peurs et leurs ennuis, les hommes du temps jadis savaient aussi faire des farces et attrapes !

     

    Extrait de :

    Picardie maritime PICARDIE MARITIME INSOLITE 

     
    Gérard Devismes

      14.5 x 20.5 cm - 254  pages Photos et dessins N/B 
     

     

     

    Voir aussi : Histoires insolites de Picardie maritime, du même auteur

     

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    Fontaine (sur-Somme) a donné son nom à une des plus anciennes familles de notre pays. Aléaume de Fontaine est resté presque populaire parmi nous, moins peut-être par ses exploits en terre sainte que par la fondation de la collégiale de Longpré.

    Aléaume de Fontaine a d’autres droits cependant à notre souvenir ; il fut le second mayeur d’Abbeville en l’année 1185. Le P. Ignace, dans son histoire des mayeurs, après avoir parlé de l’emploi que doivent faire les grandes âmes de leur générosité pour agir selon le cœur du Tout-Puissant, ajoute : « c’est ce qu’a fait notre second mayeur, le seigneur Aléaume de Fontaines, lequel ne voulut jamais avoir auprès de soy que la fleur et l’élite des grands hommes de son temps, desquels il prenoit conseil, tant pour la direction de son âme, que pour la conduite de sa famille : connaissant bien que, tant plus les nobles sont unis à Dieu, tant plus ils sont grands : et tant plus ils sont obéissants aux volontez de sa Divine Majesté, tant plus ils voyent les bénédictions du Ciel découler sur eux et sur leur postérité. » Il serait difficile aujourd’hui de retrouver les sources où l’historien d’Abbeville puisait encore vers l’année 1657 des renseignements si positifs sur les vertus et les habitudes privées et publiques d’Aléaume de Fontaine, mayeur en 1185. Et ces grands hommes qui entouraient alors le seigneur maire d’une commune nouvellement émancipée, ces conseillers municipaux sans doute de l’année 1185, ces rudes bourgeois, fiers et jaloux de leurs privilèges récents, mais qui seraient bien étonnés de leur grandeur posthume, où le carme Jacques Sanson s’était-il enquis de leurs qualités ?

     

    Aléaume de Fontaine en Terre Sainte

     

    Ne raillons pas cependant cette idéalisation des temps héroïques de notre histoire locale ; le bon père pensait aux croisades en écrivant cet éloge de son mayeur croisé, à Philippe-Auguste dont Aléaume fut le compagnon, à tous les héros des saintes entreprises, cette fleur véritable et cette élite des grands hommes du temps. Et sans contredit Aléaume de Fontaine n’était pas un des moins digues dans ces armées de chevaliers et de croyants ; il commandait, dit-on, en terre sainte, l’aile droite de l’armée française dans les divers combats livrés aux infidèles ; il demeura quinze ans sur cette terre où Philippe-Auguste ne posa qu’un instant. On sait comment les combats, la maladie, la mauvaise nourriture, la contagion usaient les forces des croisés, tellement que dans ces agglomérations d’hommes souvent divisées et sans ordre, on comptait, dit le P. Ignace, « plus de bouches pour manger que de bras pour battailler. » Mais, poursuit l’historien sur je ne sais encore quels renseignements empruntés sans doute à la bonne opinion et à l’opinion méritée qu’il se forgeait du héros, « mais notre Aléaume de Fontaine avec son bon sens et sa prudence ordinaire évita tous ces dangers, ayant auparavant que partir fait provision de remèdes contre la maladie, de munitions contre la faim, et de bonnes armes pour se défendre contre Saladin « lorsque le roi Philippe-Auguste eut remis à la voile, laissant son armée de Syrie sous la conduite de Hugues de Bourgogne, du baron de Joinville et de nostre Aléaume de Fontaine, » ce fut lui, ajoute le P. Ignace, qui eut « les premières nouvelles de la mort de Saladin, roy de Hiérusalem, qu’on appelloit la terreur des chrestiens et qui selon un bon autheur estoit né d’une mère natifve de Ponthieu. » Aléaume de Fontaine mourut en terre sainte, dans de grands sentiments de piété, nous dit le P. Ignace, sentiments rendus plus vifs encore dans les derniers temps de sa vie par l’exemple de Saladin mourant, faisant porter par les rues de la ville son suaire au bout d’une lance tandis qu’un hérault criait à haute voix « que Saladin, Monarque de l’Asie, de tant de richesses qu’il avoit acquises, n’emportait rien que ce chétif linceul. » Saladin était mort en l’an 1194, Aléaume de Fontaine mourut en l’an 1205, l’année même de la prise de Constantinople par les Latins ; on voit qu’il eut le temps de profiter des réflexions nées pour lui dans cette annonce mortuaire de Saladin à ses sujets. Les distractions que trouvent les soldats dans une ville prise d’assaut détournèrent pour un instant sans doute plus d’un héros croisé du droit chemin ; Aléaume, lui, s’empressa de recueillir à Constantinople ces reliques qui n’arrivèrent à Longpré qu’un an après sa mort et qui sont encore en partie conservées dans l’église de ce village, comme nous le dirons en temps et lieu.

     

    Extrait de :

    Villes & Villages HALLENCOURT ET SON CANTON
     
     
      Ernest Prarond
     
      15 x 21 cm - 164 pages avec cartes postales anciennes et illustrations.

     

     

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