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    Tout peut être œuvre. L’art millénaire a modelé les matériaux naturels surtout les durables : la pierre dure ou noble, le métal fidèle ou précieux, le bois disponible, l’os, le cuir, les textiles et les plumes portables et surtout la terre primaire, omniprésente, qui accueille la main nue. Mais aussi la terre elle-même qui contemple le témoin par les yeux des pharaons, des bouddhas, des géants pascuans... et qui porte les stigmates de Camac, de Stonehenge, de Cincinnati...
    Le monde contemporain distribue à foison les alliages, les plastiques, les agglomérés, les mousses, les fibres... mais le sculpteur recherche aussi les fluides : l’eau des fontaines et des bassins qui sonorise et illumine, la mer qui reflète les torii ; le vent qui anime les mobiles ; l’électricité qui les articule. La lumière elle-même est triturée par les miroirs, canalisée par les spots, les filtres, les écrans.
    L’œuvre n’impose pas la transformation de la matière, mais sa transfiguration la pierre en déesse, le bronze en dieu, l’urinoir en signe. Tous les objets humbles ou somptuaires de la vie domestique, des travaux, peuvent être appelés hors de leur champ utilitaire. Les figures, les symboles jaillissent des rebuts, les ferrailles fleurissent, les déchets s’épanouissent, les guenilles éclosent, les détritus ressuscitent. Prodigieuse réappropriation de l’objet qui devient sujet. Troublante habilitation : l’insignifiant est élu, le quelconque devient signe impérieux.
    Les objets sont acceptés en l’état ou traités : les meubles sont démantibulés, les violons, débités en tranches, les autos sont figées dans le béton.., peu importe, leur métamorphose leur assure une autre vie.
    L’inerte, malgré ses limites, a vocation à la durée. Dimension prétentieuse que le sculpteur peut abolir pour vivifier le dérisoire, pour glorifier l’instant. L’apparition du corps humain est parfois souhaitée non pas en effigie mais en chair : les atours cérémoniels ou la nudité sacrificielle viennent interférer dans la composition aux marges de la danse et du mime. Happenings éphémères, sculptures mortelles.

    Les matériaux et les objets dans la sculpture

     

    Extrait de :

     

    Autres / DiversPETIT GUIDE POUR LA SCULPTURE
     

    Bernard Mazera

    14.85 x 21 cm - 160 pages

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    Pour aller d’Abbeville à Saint-Valery, il n’y a pas de chemin de fer direct. La ligne de la rive gauche de la Somme, après avoir suivi un tracé qui la mènerait droit à la petite ville maritime, tourne brusquement à mi-chemin pour entrer dans la vallée de la Trie et se diriger sur Eu. Les communications par voie ferrée ont été reportées sur la rive droite, en face même du port à desservir. A Noyelles, des remblais puis une immense estacade en charpente traversent la baie de Somme, large ici de 2 kilomètres, mais dont le fond est découvert à marée basse.

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    Pour un jardin potager, nous pourrions fixer le début de l’année horticole au mois d’août, parce que c’est à cette époque que le jardinier commence à travailler par prévision éloignée, qu’il commence à calculer les saisons et à semer un certain nombre de graines, dont le produit ne sera récolté que l’année suivante. La température de toutes les années n’étant pas uniforme, nos indications ne peuvent pas être d’une exactitude rigoureuse ; on devra avancer ou retarder le semis, selon que la saison sera hâtive ou tardive. On remarquera encore que notre calendrier est fait pour le climat moyen de la France et qu’il ne saurait être appliqué, au midi ou au nord de l’empire, qu’avec les modifications que nécessitent les différences de climat.

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    Histoire vraie

    Au XIXe siècle, les « chauffeurs » étaient des voleurs et parfois des tueurs qui n’hésitaient pas à chauffer devant la cheminée les pieds de leurs victimes, afin de leur faire avouer où se cachait l’éventuel magot...

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    Ecrivains et poètes

      

     PIERRE-JEAN BÉRANGER, CHANSONNIER

    15.5 x 24 cm - 178 pages - avec illustrations originales des chansons

     

     

     

     

    Fils d'un cabaretier de Flamicourt, en Picardie, et d'une domestique, Jean-François Béranger était venu se fixer à Paris en 1773 ; il y gagna sa vie en tenant les livres d'un épicier, et se maria en août 1779 avec Marie-Jeanne Champy, jeune modiste dont le père était tailleur d'habits. Pierre-Jean, le chansonnier dont nous allons raconter l'histoire, naquit de cette union, à Paris, le 19 août 1780.

     

    Pour en savoir plus sur ce livre...

     

    Ce livre comporte deux courtes biographies de Pierre-Jean Béranger, ainsi que soixante-douze textes de chansons avec leurs illustrations originales.

     

    Extrait :

    C'est surtout au point de vue politique que nous raconterons sa vie. En ce qui concerne son œuvre littéraire, immorale et impie, il nous suffit de rappeler pour toute appréciation que Rome l’a mise à l'index.

     

    Chanson : Jeanne-la-Rousse ou la femme du braconnier

    Air : Soir et matin sur la fougère.

    Un enfant dort à sa mamelle ;
    Elle en porte un autre à son dos.
    L’aîné qu’elle traîne après elle,
    Gèle pieds nus dans ses sabots.
    Hélas ! des gardes qu’il courrouce
    Au loin, le père est prisonnier.
    Dieu, veillez sur Jeanne-la-Rousse ;
    On a surpris le braconnier.
    Je l’ai vue heureuse et parée ;
    Elle cousait, chantait, lisait.
    Du magister fille adorée,
    Par son bon cœur elle plaisait.
    J’ai pressé sa main blanche et douce.
    En dansant sous le marronnier.
    Dieu, veillez sur Jeanne-la-Rousse ;
    On a surpris le braconnier.
    Un fermier riche et de son âge,
    Qu’elle espérait voir son époux,
    La quitta, parce qu’au village
    On riait de ses cheveux roux.
    Puis deux, puis trois ; chacun repousse
    Jeanne qui n’a pas un denier.
    Dieu, veillez sur Jeanne-la-Rousse ;
    On a surpris le braconnier.
    Mais un vaurien dit : « Rousse ou blonde,
    « Moi, pour femme, je te choisis.
    « En vain les gardes font la ronde ;
    « J’ai bon repaire et trois fusils.
    « Faut-il bénir mon lit de mousse ;
    « Du château payons l’aumônier. »
    Dieu, veillez sur Jeanne-la-Rousse ;
    On a surpris le braconnier.
    Doux besoin d’être épouse et mère
    Fit céder Jeanne qui, trois fois,
    Depuis, dans une joie amère,
    Accoucha seule au fond des bois.
    Pauvres enfants ! chacun d’eux pousse
    Frais comme un bouton printanier.
    Dieu, veillez sur Jeanne-la-Rousse ;
    On a surpris le braconnier.
    Quel miracle un bon cœur opère !
    Jeanne, fidèle à ses devoirs,
    Sourit encor ; car, de leur père,
    Ses fils auront les cheveux noirs.
    Elle sourit ; car sa voix douce
    Rend l’espoir à son prisonnier.
    Dieu, veillez sur Jeanne-la-Rousse ;
    On a surpris le braconnier.

    Vient de paraître : Pierre-Jean Béranger, chansonnier

     

     

     


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