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Par éditionslavagueverte le 30 Avril 2020 à 06:00
DIVISION DES INSTRUMENTS AGRICOLES. — On divise les instruments et les machines agricoles en deux groupes : en instruments d’extérieur de ferme, comme la charrue, et en instruments d’intérieur de ferme, comme le coupe-racines.
INSTRUMENTS D’EXTÉRIEUR DE FERME
LA BÊCHE ET LA CHARRUE.— La bêche et la charrue servent à ameublir la terre et à la retourner en bandes d’une épaisseur de 0 m 18 à 0 m 20. Tout le monde connaît la bêche : elle est composée d’un manche et d’une lame aciérée de forme rectangulaire. La charrue ordinaire se compose de différentes parties : 1° Le coutre ou couteau D, placé en avant, a pour fonction de trancher la terre verticalement ; 2° Le soc A, sorte de coin triangulaire en fer, tranche la terre horizontalement et la soulève. Le sep ou talon E fait suite au soc et glisse au fond du sillon ; 3° Le versoir ou oreille B retourne la terre coupée par le coutre et soulevée par le soc ; il la rejette de côté pour ouvrir le sillon. Il y a des charrues qui ont deux versoirs. 4° L’age ou flèche C est une pièce de bois ou de fer à laquelle sont fixées toutes les autres parties de la charrue. Le point d’attache pour l’attelage se trouve en F à l’une des extrémités de l’age ; à l’autre extrémité sont fixés les deux mancherons G sur lesquels le laboureur appuie pour guider la charrue. Certaines charrues n’ont qu’un mancheron ; 5° Le régulateur H sert à régler le degré « d’entrure » du soc.
Si, à l’aide du régulateur, on élève l’age, la pointe du soc s’enfonce moins et le labour est superficiel ; si au contraire on abaisse l’age, le soc s’enfonce davantage et le labour est profond.
6° L’avant-train I est formé de deux roues reliées par un essieu. Il y a des charrues qui n’ont pas de roues : on les nomme araires.
La charrue Brabant-double se compose de deux corps de charrue et tournant autour de l’age commun G. Chaque corps de charrue comprend un coutre A, un soc B et un versoir C. Cette disposition de l’instrument permet de renverser la terre toujours du même côté, ce qu’on ne peut obtenir avec une charrue ordinaire. Pour cela, il suffit que le laboureur, lorsqu’il a terminé une raie, retourne le corps de la charrue.
EMPLOI DE LA CHARRUE. — Il ne faut jamais, labourer, surtout en sol argileux, lorsque la terre est trop humide. La profondeur des labours est en moyenne de 15 à 20 centimètres ; mais cette profondeur doit varier avec la nature du sol et avec les exigences des plantes. Lorsque les labours sont peu profonds, les racines des plantes sont exposées à souffrir des intempéries : à la suite de grandes pluies, elles sont noyées ; par la sécheresse, elles sont comme emprisonnées dans la terre qui se durcit. Les labours exécutés à une profondeur de 25 à 30 centimètres sont, en général, excellents : les racines des plantes, y pénétrant profondément, ont moins à redouter les excès d’humidité ou de sécheresse. Cependant, il ne faut user des labours profonds qu’avec une grande prudence. Si, en effet, une terre n’a été labourée antérieurement jusqu’à une profondeur de 12 à 15 centimètres et si, surtout, le sous-sol est rouge ou ferrugineux, ce n’est que progressivement qu’il faut approfondir les labours, sinon la terre nouvellement remuée et encore mal aérée nuirait à la fertilité du sol. Avec le brabant-double, dont on fait sauter provisoirement l’un des versoirs, on peut approfondir la raie sans ramener la terre à la surface du sol. On réalise ainsi, et avec économie, à peu près tous les avantages des labours profonds.Extrait de :
MÉMENTO D'UN PAYSAN D'AUTREFOIS
Henri Raquet
14.5 x 21 cm - 166 pagesPour en savoir plus sur ce livre...
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Par éditionslavagueverte le 25 Avril 2020 à 06:00
Le terrain qu’on annexe aux maisons d’école est destiné à devenir surtout un jardin potager-fruitier. L’instituteur doit d’abord préférer l’utile à l’agréable. Il cultivera des légumes pour la consommation de son ménage et il élèvera des arbres fruitiers pour se servir de leurs produits et pour démontrer aux populations au milieu desquelles il vit les avantages qu’on recueille en faisant de bons choix dans les espèces fruitières et en dirigeant avec soin et intelligence les arbres qu’on plante dans son jardin. L’horticulture ainsi pratiquée comprend deux divisions principales : la culture maraîchère et l’arboriculture.
JARDIN FRUITIER :
Le jardin fruitier d’un instituteur ne consiste guère que dans les arbres qu’il peut planter autour de ses carrés à légumes et dans ceux avec lesquels il tapisse les quelques murs dont il dispose. Très peu d’instituteurs ont un terrain assez étendu pour pouvoir se faire un verger distinct du jardin potager. Nous raisonnerons donc dans cette hypothèse qui est la situation à peu près générale de nos maisons d’école. Nous avons dit, dans un chapitre précédent, qu’un instituteur ne peut pas songer avec ses seules ressources, à entretenir un potager-fruitier qui ait plus de 7 ares. Dans notre raisonnement nous prendrons la moyenne, 5 ares qui présente une bonne grandeur. Ceux des maîtres qui disposeraient d’un terrain de 8 ou 40 ares devraient consacrer une partie de leur enclos à se faire un verger plus ou moins grand suivant l’étendue qu’ils donneraient à leur potager. Dans ce cas, ils planteraient des arbres à haute tige, en ayant soin de ménager assez d’espace entre leurs sujets pour pouvoir utiliser le sol du verger en plantant des légumes de grande culture, ou en semant des graines pour les besoins de leur ménage. Ce qu’il importe donc pour les fonctionnaires dont nous nous occupons, c’est de traiter surtout la question du jardin potager-fruitier. Lorsqu’on possède un enclos assez vaste, il faut toujours s’arranger de manière à faire ses carrés de 80 centiares au moins et d’un are au plus d’étendue, que l’on dispose d’après le mode suivant pour ses plantations d’arbres fruitiers. A chaque angle des carrés on plantera une pyramide et entre chaque pyramide et à égale distance les uns des autres on mettra trois fuseaux; puis on garnira les plates-bandes extérieures d’un nombre indéterminé de pommiers disposés en cordons continus. Si les carrés sont plus longs que larges, on mettra sur chacun des côtés autant de fuseaux ou colonnes qu’il pourra en contenir, en ayant soin de laisser entre chacun d’eux un espace de 2 mètres. Beaucoup de personnes préfèrent les pyramides aux espaliers ; parce qu’elles prétendent que les premières exigent moins de temps et moins de soins que les seconds. A ces raisons qui nous paraissent peu concluantes, nous en ajouterons une autre qui a certainement beaucoup plus de valeur quand on s’occupe du jardin fruitier d’un instituteur et qui justifie la recommandation que nous faisons de garnir surtout les jardins de pyramides et de fuseaux : c’est que les espaliers nécessitent un emploi considérable de bois pour soutenir leurs branches et leurs rameaux et le renouvellement incessant de ces bois et des palissades devient assez onéreux à la longue pour qu’on cherche à s’affranchir de la dépense qu’il occasionne. Les arbres élevés en pyramides et en fuseaux ne présentent pas le même inconvénient. Cependant, tout en conseillant ces deux derniers modèles d’arbres fruitiers, nous recommanderons encore aux instituteurs d’élever des espaliers le long des murs afin de se conserver au courant des bonnes méthodes sur la taille et la direction des arbres fruitiers quelle que soit leur forme. La planche suivante est applicable à un jardin potager-fruitier de 5 ares d’étendue.
Un jardin ainsi disposé contiendra huit arbres à plein vent, situés au nord, 16 pyramides, 48 fuseaux ou colonnes, un nombre indéterminé d’espaliers et des cordons de pommiers dans les trois plates-bandes extérieures. Le sol des plates-bandes dans lesquelles on veut mettre des arbres fruitiers doit être profondément défoncé, drainé s’il est marécageux ; mais s’il n’est qu’humide on l’assainira au moyen d’une couche de 0 m20 de décombres de maisons, de platras qu’on mettra au fond de ses défoncements : de plus il devra être convenablement amendé. Les murs les mieux exposés, si on en a une certaine étendue seront garnis d’espaliers. Ces espaliers ne se composeront que d’arbres à belles tiges pris parmi ceux dont les fruits ont besoin de beaucoup de chaleur pour acquérir toute leur beauté, leur grosseur et leur parfum, tels que les pêchers, les abricotiers, les pruniers de reine-claude, quelques cerisiers et les poiriers de bon-chrétien d’hiver. Mais l’arbre auquel l’espalier le long des murs est surtout nécessaire, sous notre climat, c’est le pêcher. Si les murs sont assez élevés, on pourra faire courir, au-dessus de ses espaliers, un cordon de vigne. Quand le jardin est d’une grandeur convenable, il est toujours bon d’en réserver une partie pour en faire une petite pépinière. C’est le moyen de n’être jamais trompé sur l’espèce des fruits qu’on veut planter. On conçoit facilement qu’avec des ressources aussi limitées en terrain que le sont généralement celles des instituteurs, ceux-ci ne doivent s’attacher pour les planter qu’aux espèces les meilleures et les plus productives. Leur soin principal est donc, quand ils plantent, de faire un bon choix parmi les fruits d’été, d’automne et d’hiver.Nous indiquerons donc, dans un tableau spécial, à la fin de ce chapitre, les espèces d’arbres fruitiers qu’il convient plus particulièrement de cultiver dans les jardins fruitiers des maisons d’école et du plus grand nombre des jardins des habitants des communes rurales. Nous diviserons ce chapitre en trois parties : la Multiplication, la Plantation et la Taille.
Extrait de :
LE JARDIN DE L'INSTITUTEUR
Jules Bidault
14.8 x 21 cm - 148 pages - Illustrations
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Par éditionslavagueverte le 19 Avril 2020 à 06:00
Le sarclage est une des opérations les plus importantes, mais aussi les plus négligées dans le potager ; il consiste à enlever les mauvaises herbes des semis, à la main, lorsque ceux-ci, faits à la volée, sont très jeunes et très serrés, et avec le sarcloir lorsqu’ils ont été faits en lignes.
En principe, il ne doit jamais exister de mauvaises herbes ni de plantes étrangères dans les semis destinés au repiquage, ni dans les plantes ensemencées à la volée ou en lignes. Les mauvaises herbes sont toujours beaucoup plus vigoureuses que les plantes cultivées ; de plus, elles poussent en quantité prodigieuse, par conséquent elles vivent au détriment des plantes cultivées, non seulement en absorbant l’engrais qui leur était destiné, mais encore en les étouffant avec leurs feuilles et leurs racines.
Dès que les semis sont bien levés et que les mauvaises herbes apparaissent, on fait un premier sarclage à la main, c’est-à-dire que l’on arrache une à une les mauvaises herbes. Il faut bien se garder de les laisser devenir plus fortes que les plantes semées, sous prétexte que l’herbe est trop petite ou qu’il fait trop sec.
On tient le sarcloir de la main droite ; avec la pointe on pénètre très avant dans les lignes pour éclaircir les parties trop drues, et avec les côtés on tranche rapidement, entre deux terres, les racines des herbes placées entre les lignes, pendant que la main gauche enlève les herbes coupées, et arrache celles qui ont échappé au sarcloir.
Il y a avantage à détruire les mauvaises herbes, et éclaircir avec le sarcloir : le binage, opéré très superficiellement avec cet instrument, ameublit la terre, la rend perméable et rechausse les plantes. Il est bien rare de donner un troisième sarclage quand les deux premiers ont été bien exécutés, et surtout faits à temps, car alors le semis s’est assez fortifié pour envahir complètement le sol, et il étouffe à son tour les mauvaises herbes. Les sarclages sont peu dispendieux ; ce sont des femmes qui les exécutent la plupart du temps. Ils avancent considérablement la récolte, et en augmentent énormément la qualité et la quantité.Le binage est une des opérations les plus importantes, et celle qu’il est le plus difficile d’obtenir des praticiens. Il contribue, à lui seul, aussi puissamment au succès des cultures que les labours et les arrosements tout à la fois.
On considère généralement le binage comme une opération uniquement destinée à détruire les mauvaises herbes ; c’est une erreur profonde. Le binage rend le sol perméable à l’air, et y maintient l’humidité. Par conséquent, il agit énergiquement sur la végétation, en facilitant la décomposition des engrais, et en accélérant l’ascension de la sève ; c’est là son principal but. Ce binage est aussi efficace qu’un bon labour sur la végétation ; la destruction des herbes n’est que secondaire.
Tout ce qui n’est pas paillé dans le potager doit être très fréquemment biné, surtout après les arrosements qui battent la terre et forment à la surface une croûte dure et sèche.
Cette croûte superficielle est très nuisible à la végétation, surtout dans les sols un peu compacts. Elle empêche, d’une part, l’air de pénétrer, et s’oppose par conséquent à la décomposition des engrais ; de l’autre, cette croûte dure et desséchée arrêtant l’évaporation. Il n’y a plus d’humidité à la surface. Aussitôt la croûte superficielle brisée, l’air et les rosées pénètrent le sol, et, l’évaporation se rétablissant, l’humidité du fond remonte à la surface par reflet de la capillarité, et apporte aux racines la fraîcheur dont elles étaient privées.
Il est impossible de déterminer le nombre des binages et l’époque à laquelle il faut les donner. Cela est subordonné à la nature du sol, à sa consistance, et aussi à la température. Il est évident qu’il faut biner plus souvent dans un sol argileux que dans un sol léger ; la terre s’y croûte plus vite, et sa cohésion est telle qu’elle se fend pendant la sécheresse.
Les binages doivent être plus fréquents dans tous les sols, quand la température est très élevée un bon binage est plus efficace qu’un mauvais arrosement, surtout s’il est mal appliqué. Une petite quantité d’eau jetée brusquement bat la terre sans la mouiller, et ne fait qu’augmenter l’épaisseur de la croûte superficielle.
Les binages sont indispensables après les arrosements, car, quelque bien administrés qu’ils soient, ils déterminent toujours la formation d’une croûte à la surface du sol, et il est de toute nécessité de la briser pour que les arrosages soient fructueux.
On pratique le binage avec plusieurs instruments.
La binette est très expéditive, mais c’est un outil imparfait pour le potager ; il ne pénètre pas assez profondément et n’ameublit pas suffisamment le sol. L’emploi de la binette dans le potager doit se restreindre aux pommes de terre et aux cultures très éloignées et rarement arrosées.
Nous emploierons presque toujours la cerfouette, outil bien plus énergique, et opérant un travail plus parfait.
La grande cerfouette nous rendra les plus grands services dans les planches de choux, les salades, etc. La lame pénètre très facilement, remue la terre à une grande profondeur et détruit toutes les mauvaises herbes. Avec les dents, on ameublit très profondément le sol autour des racines, sans les endommager. La façon opérée, un coup de crochet donné vivement ramène toutes les herbes à la surface, où il est facile de les enlever, et unit parfaitement la planche.
La petite cerfouette rend les plus grands services dans les pépinières de légumes. C’est le seul outil à employer. La lame effectue un binage énergique entre les lignes, le crochet brise les mottes, ramène l’herbe à la surface, et rechausse les plantes. La petite cerfouette peut être employée avec le plus grand avantage pour biner, pendant les grandes sécheresses, les semis en lignes de carottes, oignons, etc. Le sol est remué profondément avec la lame et avec le crochet, sans endommager les racines, et la récolte gagne énormément à cette opération.
Enfin, si, comme cela arrive dans les jardins bien cultivés, il n’y a pas de mauvaises herbes, et que l’année ne soit pas trop sèche, on accélérera très sensiblement la végétation en donnant de temps en temps un hersage dans les planches avec la petite fourche crochue. Le sol est fouillé à 8 ou 10 centimètres de profondeur l’air y pénètre facilement, décompose les engrais, et la végétation y gagne beaucoup.
Je ne saurais trop insister sur la nécessité des binages, et j’insiste d’autant plus qu’il existe un préjugé très enraciné chez certains praticiens ; ils ne veulent pas biner par la sécheresse, et sont convaincus que le binage fera sécher la terre davantage encore. Le contraire a lieu : le binage donne de la fraîcheur au sol. Un binage énergique est plus efficace qu’un arrosement incomplet. Si vous manquez d’eau, binez souvent et profondément : vous sauverez vos plantes. Qui bine arrose !Extrait de :
LE POTAGER MODERNE EN 1900
Volume 1 : Création & conduite
14.8 x 21 cm - 114 pages - Illustrations
Vincent-Alfred Gressent
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Par éditionslavagueverte le 14 Avril 2020 à 06:00
Traditionnellement, la vache de race flamande formait le gros des troupeaux. Petite, vive, de robe noire, aux longues cornes, bonne marcheuse, résistante, elle donnait « bien du lait » et facilement de beaux veaux. Les vaches hollandaises les ont chassées des étables. Ces animaux énormes, poussifs, aux gros pis gonflés et déformés, aux pieds faibles, à la santé fragile, avaient un seul avantage, ils produisaient beaucoup de lait. Des croisements entre les deux races donnèrent des animaux mieux proportionnés avec une bonne lactation mais la venue des veaux, trop gros, causait des soucis.
La campagne d'Artois (1945-1965)
L’élevage de ces animaux fragiles n’était pas facile. Les vaches attrapaient des mammites (inflammations des trayons) ou elles prenaient froid. Souvent le vétérinaire devait venir. C’était une personnalité reçue avec respect, écoutée sans discuter et qui voyageait avec sa provision de médicaments. On ne se privait quand même pas de supputer qu’il devait être très riche au prix de ses consultations. Le vétérinaire devait encore venir quand une vache s’étranglait avec un bout de betterave trop gros qui ne passait pas. L’homme de l’art repoussait ce corps étranger dans l’estomac avec un long écouvillon flexible. Les vaches vêlaient une fois par an. Quand le moment approchait, l’animal était surveillé et ramené des pâtures à la ferme. La dilatation commençait et le spécialiste de la ferme, il y en avait toujours un, en général un homme, plongeait son avant bras dans l’utérus de la vache pour vérifier que la tête du veau se présentait bien, pour placer ses pattes en long, pour mesurer le travail qui restait à faire et annoncer le sexe de l’animal. Une fois le veau engagé, on attachait ses pattes à deux cordes non tressées pour ne pas blesser la mère. Aux deux autres extrémités, elles étaient attachées à de courts bâtons, les assistants tiraient au rythme des contractions pendant que « l’accoucheur » continuait à guider le veau dans le ventre de sa mère; enfin tout allait soudainement très vite et le petit, tâché de sang, luisant de mucus, glissait sur la paille, déjà prêt à se lever. Une génisse était toujours appréciée mais un petit mâle permettait un gain plus rapide puisqu’on pouvait le vendre gras au bout de quelques mois. Le petit était bouchonné, nourri au pis de sa mère, tandis que l’on attendait la délivrance. Les vaches qui avaient eu du mal à vêler restaient allongées par terre, à bout de forces ; une bouteille de vin blanc additionné de sucre, versée dans leur gorge, les rétablissait. Personne ne regrettait la bonne bouteille tirée de la cave familiale. Si en général les vêlages se passaient bien, quelquefois il fallait encore faire appel au vétérinaire pour découper le veau mort-né dans le ventre de sa mère.Extrait de :
ABÉCÉDAIRE DU MONDE PAYSAN
La campagne d’Artois vers 1950
Dominique Voisin14 x 21 cm - 148 pages avec cahier-photos N/B
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Par éditionslavagueverte le 9 Avril 2020 à 06:00
Les insectivores nous fournissent de nombreux exemples d’amour maternel, c’est pourquoi il importe de savoir distinguer ces oiseaux.
Ainsi on ne les confondra pas avec les baccivores. Leurs ailes sont plus aiguës, leurs pieds plus courts, leur tête est plate. Leurs mandibules sont triangulaires, les supérieures garnies de plumes faisant office de filet. Les insectivores stationnent naturellement sur les tiges et sur les hautes branches, et quittent peu les régions de l’air pour descendre sur le sol. Les gobe-mouches et les hirondelles donnent une idée suffisante des principaux genres de la série. Tous les insectivores sont des oiseaux de passage dans nos climats. Les instincts de sociabilité et de fraternité sont très développés chez eux. La plupart de ces espèces voyagent en sociétés nombreuses. Aussi rien de plus naturel que de trouver chez elles un grand amour de la famille, une extrême prévoyance dans l’établissement du nid, surtout chez les fauvettes, qui savent, comme nous allons le voir, le construire si habilement. La mère, lorsqu’elle voit qu’on veut s’emparer de son nid, simule une paralysie pour attirer l’ennemi sur elle. Et si l’on approche du nid avant qu’il soit terminé, les parents l’abandonnent et en construisent un nouveau. Les nids de toutes les fauvettes de roseaux, dit Toussenel, sont généralement des œuvres d’art, auxquelles la critique la plus méticuleuse trouverait difficilement à reprendre. Il y en a un, celui de la cysticole, qui est bâti en forme de bourse dans l’intérieur d’une touffe de carex, et qui, par l’admirable exiguïté de ses proportions et la délicatesse du tissage, rappelle les merveilleux travaux du colibri et du chardonneret.
Nid de fauvette de roseaux
Les hirondelles sont encore des architectes de premier ordre, qui déploient dans la bâtisse de leurs nids un talent prodigieux. Les nids d’hirondelle de cheminée, et surtout ceux de l’hirondelle de fenêtre, sont des travaux merveilleux, dans lesquels intervient avec la science de l’architecte l’art du maçon et du plafonneur. Non seulement ce gracieux petit oiseau construit habilement son nid, mais il s’y attache si bien qu’il sait, après de longs mois d’attente, et après avoir traversé de lointains pays, le retrouver et l’habiter de nouveau. Depuis plusieurs années, un de mes amis a sous le portail de sa maison un nid d’hirondelles qui, tous les ans, sert de résidence d’été à un couple fidèle. Ce sont des locataires parfois un peu indiscrets mais sans malice, et ils ont si bon cœur, soignent si bien leur famille que mon ami, touché de leur amour maternel, les considère maintenant comme faisant partie de sa maison, et quoique ces locataires ne lui payent pas de loyer, il serait désolé de les voir abandonner son toit. Les baccivores ou becs-fins, tels que bergeronnette, motteux, traquet, fauvette, grive, roitelet, loriot, etc., sont aussi d’excellentes mères, également très habiles dans l’art de construire des nids élégants. Le nid du loriot surtout est un véritable chef-d’œuvre par l’élégance de la forme, la richesse des matériaux, la délicatesse du travail et la solidité de la bâtisse. Quelquefois, ce nid, attaché par un système d’élégants cordages à quelques brindilles, à l’instar de la nacelle d’un aérostat, flotte dans le vide de la verdure ambiante, et la barcelonnette semble un hamac mobile où la brise du printemps s’amuse à bercer les petits.
Extrait de :
L'AMOUR MATERNEL CHEZ LES ANIMAUX
Volume 2 : Les oiseaux
Ernest Menault
14.8 x 21 cm - 94 pages - Illustrations par A. Mesnel
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