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    La salicorne sur le littoral picard

     

    50 km, de Mers-les-Bains à Fort-Mahon, partons pour une jolie promenade dans une mosaïque de paysages : falaises, galets, dunes, milieux salés,... Visitons ces musées botaniques spontanés pour mieux connaître et protéger ces plantes typiques du bord de mer ainsi que leurs milieux. On y trouve des végétaux adaptés à la salinité de l’eau, ainsi que des plantes capables de supporter des inondations périodiques aux heures de marée haute, d’autres sont exposées aux vents, à un fort ensoleillement, à la mobilité du milieu, à la pauvreté du sol en eau et en éléments nutritifs... Ce “spectacle” peut varier très vite, aussi bien de la mer vers la terre qu’en longeant la côte. Ces zones humides servent à amortir les assauts des tempêtes et protègent les terres de la furie des éléments. Ce sont des refuges très importants pour la vie sauvage et c’est aussi un des milieux les plus productifs du monde...

    La Salicorne (Salicorna sp. et Arthrocnemum sp.) de la famille des Chénopodiacées, est une herbacée annuelle de petite taille, 15 à 25 cm, portant rarement des fleurs si minuscules qu’elles sont difficiles à observer. La floraison est de juillet à septembre. De teinte vert gris, elle est formée d’articles apparents ramifiés dès la base, ses feuilles ont la même forme que les articles de la tige, ce qui lui fait ressembler à la prêle. On doit son nom au fait que ses rameaux portent des renflements successifs qui se terminent par un mamelon saillant dit « corne de sel ».

    On la surnomme Passe-pierre (ou perce-pierre), car elle se récolte après la saint-Pierre, ou cornichon de mer, salicot, criste-marine, asperge de mer, bâton d’eau de mer (ou eau de mer en bâton). La plante est riche en vitamines A, C, D et en iode, phosphore, calcium, silice, zinc, manganèse. Autrefois, on l’embarquait comme aliment sur les bateaux.

    En pionnière, la Salicorne se retrouve, accompagnée de la spartine maritime, sur la slikke qui est une partie de la baie recouverte 2 fois par jour par les marées, et est modelée en bancs et chenaux mobiles. C’est donc une plante halophile qui supporte de fortes concentrations salines dans l’eau et le sol, ainsi qu’une submersion périodique et durable.

    On la récolte avant qu’elle ne durcisse, de fin mai à fin septembre. (Attention, la baie est dangereuse, il faut s’informer des coefficients et des horaires des marées avant la promenade.)

    Les pêcheurs à pied récolte 400 à 500 tonnes de Salicorne entre le Crotoy et Saint-Valery, 90 % de la production française provient de la Baie de Somme.

    Elle sert de condiment, on la vend en bocal dans du vinaigre et peut être consommée crue en salade ou cuite en légume d’accompagnement. On l’utilise aussi pour aromatiser la moutarde, la mayonnaise, et le vinaigre. Dans l’Antiquité, on faisait brûler les Salicornes pour obtenir des cendres qui entraient dans la composition de la soude végétale (carbonate de sodium), du savon et du verre. Le célèbre savon d’Alep est composé d’huile d’olive, huile de laurier, eau et de cendre de Salicorne.

    Depuis une dizaine d’années, les platières de Salicornes sont préservées, car entre le ramassage de loisir, l’ensablement et l’envahissement progressif de la baie par la spartine, il y aurait eu disparition de la Salicorne. Suite à diverses études, désormais, un travail du sol en profondeur avant l’hiver est réalisé sur une centaine d’hectare, et s’avère être le meilleur remède pour lutter contre la spartine, ainsi le dépôt annuel de sable semble moins important sur les surfaces traitées. Dès le printemps, la Salicorne reforme des zones homogènes propices à la cueillette. La récolte de loisir a été fixée au maximum de 2 kg par personne et par jour.

     

    Extrait de : 

    Cuisine & Jardins FOLKLORE

     BOTANIQUE ET CULINAIRE

     DU PAYS DE SOMME 

      Flore Deschamps

      15 x 21 cm - 160 pages - Illustrations et reproduction cartes postales anciennes

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  • Les pommiers à cidre

     

    Les pommiers à cidre se multiplient par semis des pépins et par greffage des sujets ainsi obtenus avec des variétés qui donnent des pommes reconnues les meilleures pour la fabrication du cidre.

    On plante en automne dans les terres sèches et au printemps dans les sols humides. On donne ensuite à chaque arbre un tuteur solide et on l’entoure d’une barrière épineuse ou de tout autre armure pour le défendre contre les animaux.

    Le cidre est la boisson fermentée faite avec le jus de pommes, comme le vin est celle qui provient de la fermentation du jus des raisins.

    La fabrication du cidre comprend les opérations essentielles suivantes : le broyage ; l’extraction du jus ou pressurage ; la fermentation en fûts ; le soutirage ; le collage ; la mise en bouteilles.

    Le broyage s’opère avec des broyeurs spéciaux qui écrasent les pommes en laissant les pépins intacts, car ceux-ci contiennent une essence de mauvais goût.

    Pressurage. L’extraction du jus se fait au moyen d’un pressoir sur lequel on alterne les couches de pommes écrasées avec des lits de paille ou avec des claies.

    On obtient ainsi le jus qui s’écoule, et le marc composé de parties solides qui restent sur le pressoir.

    Ce marc peut servir à la nourriture du bétail lorsqu’il est bien conservé, et à la fumure des pommiers.

    Mise en fûts. Fermentation. — Le jus est versé dans des fûts bien propres et n’ayant aucune mauvaise odeur, dans lesquels la fermentation se fait de la même manière que celle du vin.

    Soutirage. — Lorsque la plus grande partie du sucre du jus est transformée en alcool et que l’on a ainsi obtenu le cidre, il faut séparer le jus de la lie et des autres impuretés.

    On le soutire alors en choisissant de préférence un temps froid et sec. Plusieurs soutirages successifs sont utiles pour clarifier le cidre.

    Collage. — Pour le rendre très limpide et le préserver des maladies les plus communes auxquelles il est sujet, on lui ajoute 30 grammes de cachou* et 20 grammes de tanin par hectolitre. Le résultat est semblable à celui du collage du vin.

    Mise en bouteilles. — Lorsque le cidre est clair, on le met en bouteilles pour qu’il reste pétillant, sain et agréable au goût. On ficelle les bouchons qui sauteraient sans cette précaution, sous la poussée de l’acide carbonique dégagé par la petite fermentation qui a lieu encore à l’intérieur des bouteilles.

    *Cachou. Substance astringente qu’on extrait du bois et des gousses fraîches d’une sorte d’acacia des Indes.

     

    Extrait de : 

    La nature hier et aujourd'hui

      MÉMENTO D'UN PAYSAN D'AUTREFOIS


      
    Henri Raquet

      14.5 x 21 cm - 166 pages

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    Amitiés et antipathies des fleurs entre elles

    La vigne, photo J. Grandsire

     

    J’ai parlé des amours des fleurs, j’aurais pu également parler de leurs amitiés. Certaines plantes en aiment certaines autres, les recherchent, et de très loin tendent leurs rameaux vers elles ; d’autres se fuient et même quelquefois ne peuvent croître de compagnie.

    J’aurais pu faire remarquer aussi, chez les plantes des habitudes de familles. Parmi les plantes grimpantes, le houblon s’enroule autour des branches en tournant dans le sens du soleil, tandis que le liseron et les grands haricots s’enroulent dans le sens opposé.

    Les pois, la vigne, créatures sans doute plus avancées, se tiennent à leurs supports par de petites mains nerveuses très prenantes. La capucine y procède autrement : de ses longs pétioles (ce sont, en termes scientifiques, les queues des feuilles), elle embrasse les branches dont on l’environne ; l’œillet s’y enroule par l’extrémité de ses feuilles rubanées.

    On trouve des familles entières livrées à la mélancolie, de même qu’il y en a de joyeuses au regard. Il y en a d’inconstantes qui changent de couleur selon les heures du jour, telles que le glaïeul changeant, l’hibiscus mutabilis et même la Victoria regina qui, en quelques heures, passe du blanc au rouge. On en voit de timides, d’ardentes, d’ambitieuses.

    Quelques-unes sont solitaires, et il y en a qui ne vivent que par sociétés nombreuses, etc., etc. Un esprit observateur réussirait peut-être à classer les plantes d’après leurs caractères moraux.

    Voyez de quelle manière charmante Linné caractérise les graminées : « Les gramen sont les plébéiens, les prolétaires, les pauvres et les paysans du règne végétal ; ils en sont la partie la plus simple, la plus nombreuse et la plus vivace ; en eux est la vaillance et la force de ce règne, plus on les maltraite, plus on les foule aux pieds, plus ils se renouvellent. »

     

    Extrait de :

     

    La nature hier et aujourd'hui

      LA VIE DES FLEURS

     et les doux mystères de la nature

      Eugène Noël

      14.85 x 21 cm - 96 pages

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    Au jardin du père Labêche : La Pie

    Eugène Noël est décédé en 1899 à Bois-Guillaume.

    En 1905, son buste fut inauguré dans le jardin des Plantes de Rouen.

     

    Un lecteur m’invite, ayant parlé du geai, à parler maintenant de la pie. Je m’en garderai bien.

    La pie est un oiseau de tant d’esprit et d’un esprit si rusé, si vif, si intrigant, si gouailleur, elle est d’ailleurs de sa personne si remuante, si brusque d’allure, de vol, de marche, qu’on ne saurait un instant l’observer en repos. J’ai parlé de marche ; mais elle ne marche pas, elle saute. Et comment saute-t-elle ? est-ce en avant ? est-ce en arrière ? en vérité, l’on n’en sait rien, tant elle saute de travers. Tout en ses mouvements est à la fois oblique et comique. Occupée à tout parodier, et ce qu’elle entend et ce qu’elle voit, on dirait parfois qu’elle se parodie elle-même et qu’elle joue à la caricature.

    Dans ses actions les plus sérieuses (s’il y a du sérieux pour la pie) elle entremêle la feinte, le jeu, la farce. Sa passion, c’est le dérisoire.

    Les voici, par exemple, au printemps, mâle et femelle, très régulièrement mariés. Ensemble vous les voyez s’empresser de bâtir un nid superbe : ils vont, ils viennent, transportent de longues branches, cognent, charpentent, menuisent, maçonnent à grand bruit. Le bec ne leur clôt, la femelle ne cesse de parler au mâle, qui toute la journée répond à la femelle, et le nid, au sommet du plus bel arbre, prend des proportions gigantesques. Eh bien ? ce nid est un faux nid, c’est une farce à l’enfant ou même au chasseur qui les guette. Le véritable nid se fera dès l’aube, avec mystère, en un lieu caché, si haut, sur une branche si faible, que l’enfant le plus léger, le plus adroit ne l’atteindra qu’au péril de sa vie. Combien s’en est-il tué de jeunes dénicheurs de pies ! C’était dans nos anciens villages, en la saison des nids, une histoire de tous les jours et que partout vous entendiez raconter. Je lis dans une vieille comédie :

    « Ce pauvre dièble était allé dénicher des pies sur l’orme de la commère Massée. Dame, comme il était au coupiau, le v’la, bredi, breda, qui commence à griller tout à vau les branches et cheit une grande escousse, pouf ! à la renvarse... diable sait de la pie et des piaux ! »

    Soyez sûr qu’au pouf du malheureux gars qui en tombant « s’escrabouillit la cervelle » vous eussiez entendu dans le nid le père et la mère pies et les piaux crier en riant l’aventure à toutes les autres pies.

    — Ah ! tu voulais, bambin, nous prendre nos petits ! te voilà mort, c’est bien fait !

    Et toute une semaine en retentira la Gazette des pies. La Gazette des pies. Ce sont les pies elles-mêmes, les entendezvous redire à milliers d’exemplaires l’aventure ? Ne pensez pas néanmoins que dans le peuple pie, personne s’avisera jamais de prononcer à propos de cet événement les grands mots de justice, de crime ou de châtiment ; non c’est une simple farce, une gouaillerie énorme. L’existence de la pie ne vous présentera qu’une série de ces bons tours malicieusement préparés. La comédie, la comédie grotesque de tout ce qui l’entoure, voilà, le bonheur de la pie, au demeurant bonne fille, malgré ses bavardages et ses commérages, ayant pour l’homme grande sympathie ; mais gardons-nous de dire sympathie et respect.

    La pie ne respecte rien ; les ridicules de l’homme sont d’ailleurs trop visibles pour qu’à son endroit elle ne s’en donne pas à cœur joie, volontiers elle entrera dans sa familiarité, mais à la condition de lui rire au nez même en cage.

    La laissons-nous libre au jardin ou dans la maison, dès le premier moment elle n’y sera pas seulement libre, elle y sera maîtresse. Eussiez-vous vingt chiens et vingt chats, vous les verrez tous endurer ses agaceries, elle leur fera jouer avec elle les comédies les plus drôles. Vous-même serez contraint d’y prendre votre rôle qui sera souvent celui de victime cocasse ; mais loin de vous en plaindre vous aurez plaisir à ses farces, à ses inventions continuelles, à ses folies, car il y a dans sa cervelle trop active un élément fou ; heureusement, elle semble elle-même ne pas se prendre au sérieux.

    Son plumage blanc et noir, mais d’un noir aux reflets superbes où semblent percer le bleu, le rouge, le vert, cette queue longue, effilée, raide et dressée en l’air, ces attitudes singulières, mal d’aplomb, toujours remuantes, cet éternel besoin de voir, de chercher, d’espionner les personnels, de déplacer, emporter et cacher les objets, évidemment pour faire niche, font de la pie une créature à part. Elle a été dans le monde des oiseaux ce qu’a été le renard parmi les mammifères. Elle a empêché qu’on ne crut au manque total d’intelligence chez les animaux ; on a même observé depuis longtemps que la pie sait compter.

    Dès leurs premières plumes les petits piaux reçoivent de père et mère des leçons d’arithmétique : on leur apprend à compter jusqu’à cinq.

    C’est ici (comme chez le renard), c’est dans l’éducation des petits que la pie a vraiment son beau côté. Pour abriter, nourrir, soigner, éduquer la nichée, nul oiseau ne la surpasse. Sa vie en famille est admirable : concorde, amitié, gaieté, bombance, entretiens joyeux et instructifs, c’est plaisir que d’observer tout cela, même de loin, même en entendant que l’on apprend aux piaux à se moquer du monsieur qui de là-bas regarde.

    Eh bien ! n’ai-je pas raison de me refuser à parler d’un oiseau si difficile à peindre, si mobile, si divers, si madré, si comédien, dont la vie semble n’être que déguisement, imitation d’autrui et moquerie perpétuelle ? En parle qui voudra et qui saura ; moi, pour rien au monde, je n’en voudrais dire un mot et vous apprécierez et louerez, j’en suis certain, la prudence du vieux jardinier ignorant.

     

    Extrait du volume 2 "Les bêtes" :

    Cuisine & Jardins

    Cuisine & Jardins

     AU  JARDIN  DU  PERE  LABECHE
     Volume 1 : Les plantes - Volume 2 : Les bêtes

     Eugène Noël
        14.8 x 21 cm - 148 pages - (2 volumes)

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    De belles histoires d'animaux...

     

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