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Lectures buissonnières à St-Valery/Somme
Entamons sans plus tarder l’exploration de Saint-Valery dans le sillage de l’auteur du roman “Le crime de Sylvestre Bonnard” ou bien dans celui de notre contemporain et amoureux de la baie, Robert Mallet.
Il vous faut quitter pour un temps le quai Blavet sur “vert salé” et cette “âcre odeur de marée” pour le quartier du
Courtgain accessible depuis le passage Hesdin.
Franchissez le porche qui jouxte une maison à la façade et au balconnet blancs.
Remontez ensuite la ruelle étroite bordée de “cottages” pour atteindre le quartier des “gagne petit”, des pêcheurs.
Longez la rue du Docteur Ravin par la droite jusqu’au cœur du Courtgain, l’endroit jadis le plus fécond de la ville.
Passage devant la petite chapelle Saint-Pierre avec sa façade en damier de pierres et de galets ; motifs que vous retrouverez tout au long de la promenade.
Les Valéricains ont sans cesse réutilisé les matériaux des édifices que des guerriers de tout poil se sont acharnés à détruire.
La rue d’Argoules et ses hauts murets à l’appareillage de pierres et de silex taillé en apporte la démonstration ... rue chatoyante lorsque le soleil daigne y darder ses rayons.
Rue des Moulins, toujours ces maisons basses de pêcheurs, aux tons pastel, “blotties les unes contre les autres”, fidèles à l’album des souvenirs.
Anatole France les décrit avec beaucoup de tendresse dans ses chroniques publiées dans le journal “Le Temps”. Il évoque également la précarité, l’âpreté de la vie de ses occupants.
« Ce sont des braves gens, des cœurs simples. Ils habitent le quartier de Courtgain.
C’est le bien nommé, disent les gens du pays, car ceux qui y vivent gagnent peu. Le Courtgain s’étend derrière la rue de la Ferté, sur une rampe assez rude. Des maisonnettes, qui auraient l’air de joujoux si elles étaient plus fraîches, se pressent les unes contre les autres, sans doute pour n’être point emportées par le vent. Là, on voit à toutes les portes de jolies têtes barbouillées d’enfants, et çà et là, au soleil, un vieillard qui raccommode un chalut, ou une femme qui coud à la fenêtre derrière un pot de géranium. »
(Anatole France, Promenades de Pierre Nozière en France)
Montée par le sentier gravillonné du calvaire des marins; parfum de prière au pied de l’oratoire.
Le site offre un joli point de vue panoramique sur la ville.En contrebas le quartier de la Ferté, sur la gauche les remparts de la ville haute que domine l’église Saint-Martin et devant vous l’omniprésence de la baie avec son chenal serpentin, piqueté de mouettes, qui cherche sa voie vers le large.
Ambiance sereine que renforcent le vert tendre des mollières et le camaïeu d’ocre du sable.
Au loin, la cité balnéaire du Crotoy sous une brume de chaleur.
«...on ne saurait trouver de cité plus paisible que Saint-Valery. Il y règne une ambiance de baie abritée, de sables somnolents, de marées insinuantes, de douces verdures. On y perçoit le grand large, on le hume en toute tranquillité, on le rêve sans avoir à le subir. Et, dans ses vieux quartiers, le promeneur rencontre d’autres promeneurs, d’autres amoureux des demeures silencieuses ouvertes sur des jardins clos. »
(Préface de Robert Mallet, Saint-Valery, Chemins de traverse)Poursuite vers la rue Jules Gaffet, descente par la ruelle des Matelots ; l’escalier de grès débouche sur la place du casino et le quai.
La balade se poursuit par la longue digue promenade qui s’étire en bordure du chenal.
De belles maisons cossues ornées de balcons en bois sont les témoins de la Belle Époque.
Le Relais Guillaume de Normandie au nom emblématique.
Le sémaphore au bout de la ligne droite, puis bientôt à gauche la Tour Harold qui par grignotement phonétique était devenue “la tour aux rats”.
Harold, c’est bien sûr l’infidèle et parjure dans la célèbre tapisserie de Bayeux, qui relate l’épopée de Guillaume.
Abrupte remontée vers la ville haute, ceinte de ses murailles en grès.
A nouveau, une position dominante et des échappées sur la baie.Au pied de la porte Guillaume une plaque commémore le séjour de la Pucelle arrivant du Crotoy qui, avant de rejoindre Rouen vers son funeste destin fut, malgré elle, l’hôte de marque de la cité.
Le malheur pour reprendre des propos tirés des chroniques d’Anatole France “c’est de savoir qu’on sera mangé..., la sagesse est de l’oublier.”
Nous nous trouvons dans la composante militaire de la ville avec ses remparts, ses tours crénelées et ses mâchicoulis.
Petit détour dans la vieille ville jusqu’à la porte de Nevers pour contempler l’église gothique de Saint-Martin et le motif récurrent des damiers blancs et noirs.
« L’église élève sur ces remparts ses cinq pignons aigus, percés au quinzième siècle, de grandes baies à ogives, son toit d’ardoises en forme de carène renversée et le coq de son clocher. »
(Anatole France, Promenades de Pierre Nozière en France)
Extrait de :LECTURES BUISSONNIÈRES
GUIDE DE LECTURES ET RANDONNEES AU PAYS DE SOMME
David Delannoy
Illustrations et cartes : Jean-Marc Agricola
15 x 21 cm - 168 pagesPour en savoir plus sur ce livre...
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