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Calendrier du jardin de l'instituteur - Octobre -
Pour un jardin potager, nous pourrions fixer le début de l’année horticole au mois d’août, parce que c’est à cette époque que le jardinier commence à travailler par prévision éloignée, qu’il commence à calculer les saisons et à semer un certain nombre de graines, dont le produit ne sera récolté que l’année suivante. La température de toutes les années n’étant pas uniforme, nos indications ne peuvent pas être d’une exactitude rigoureuse ; on devra avancer ou retarder le semis, selon que la saison sera hâtive ou tardive. On remarquera encore que notre calendrier est fait pour le climat moyen de la France et qu’il ne saurait être appliqué, au midi ou au nord de l’empire, qu’avec les modifications que nécessitent les différences de climat.
Potager. — On ne peut guère semer pour rester en place qu’un peu de mâche, d’épinards et de cerfeuil, qui, si l’automne est favorable, donneront des produits en mars ; mais on sème avec avantage de la laituegotte et de la romaine hâtive, pour les replanter sur couches en novembre et décembre. On repique le jeune chou d’York et les autres choux-pommes semés en août, soit en pépinière pour n’être mis en place qu’en février et mars, soit immédiatement en place si on ne craint pas trop les ravages de l’hiver. On repique aussi l’oignon blanc en place et la laitue de passion, ainsi que les choux-fleurs sur côtières ; mais pendant les fortes gelées, ces derniers auront besoin d’être protégés par des cloches ou des châssis, ou au moins par des paillassons soutenus sur des lattes ou des perchettes. A la fin d’octobre, on coupe les tiges d’asperges, on fume et on laboure la fosse ; c’est aussi l’époque de couper les derniers montants d’artichauts, d’en nettoyer le pied, d’en raccourcir les feuilles extérieures, et de leur donner un labour pour faciliter le buttage qu’on fera en novembre. On continue de faire blanchir le céleri, les cardons, la scarole et 46 la chicorée. On amoncelle le fumier neuf dont on doit faire une grande consommation dans le mois suivant. On détruit les vieilles couches, en mettant de côté le fumier non consommé pour en faire des paillis ou pour l’enterrer comme engrais. Lorsque le temps annonce quelques petites gelées, on couvre de paillassons les dernières planches de chicorée et de scaroles qui ne sont pas encore faites, et surtout celles de haricots verts de la dernière saison : il arrive souvent qu’avec cette précaution prise pendant quelques jours, on s’assure la jouissance de légumes qui auraient été perdus sans cela. On ne fait pas encore des couches, mais on peut semer sur les vieilles plusieurs légumes pour être replantés sur couches neuves en décembre et en janvier.
Jardin fruitier. — Les arbres, pendant ce mois, ne demandent pas d’autres soins que d’être débarrassés de leurs fruits, et à rester en repos jusqu’à la taille. Les fruits d’hiver doivent être cueillis par un temps sec, un à un, de manière à ne pas les froisser ; on les pose doucement dans des paniers qu’on porte dans une pièce sèche où on les étale et où ils se ressuient pendant cinq ou six jours ; puis on les transporte sur les tablettes de la fruiterie. Vers la fin du mois, si les arbres sont dépouillés de leurs feuilles, on peut déjà commencer à replanter toutes les espèces d’arbres fruitiers dans les terrains légers et secs et on peut continuer cette opération pendant tout l’hiver, si le temps le permet. Dans les terrains froids et humides, où les racines pourraient se pourrir durant la saison des pluies, des gelées et des neiges, on fera beaucoup mieux d’attendre le printemps. Si on a du terrain vacant, il faut le défoncer et le fumer, afin de pouvoir planter au premier moment favorable.
Parterre. — Le ralentissement de la sève et la fraîcheur des nuits donnent aux feuilles diverses teintes que l’horticulteur regarde comme les avants-coureurs des frimas. Cette nouvelle prévient le jardinier qu’il est bientôt temps de rentrer toutes les plantes qui ne doivent pas passer l’hiver dehors. On peut encore semer l’immortelle et les autres fleurs annuelles qui résistent au froid ; planter les jacinthes de toutes les espèces, les narcisses, les jonquilles, les tulipes, les anémones, les renoncules, etc. ; séparer mieux qu’au printemps les marcottes d’œillets et les mettre en pots 47 pour les serrer. Les seules fleurs qui s’épanouissent en octobre sont les roses de Bengale, les roses noisettes, les roses muscades, la sauge éclatante, les glaïeuls tardifs et les nombreux dahlias qu’on peut considérer comme le fond d’un jardin d’agrément, si le froid ne les attaque pas trop tôt. On conviendra que toutes ces fleurs forment un assez beau cortège à un mois qui commence le sommeil de la nature.
Extrait de :
LE JARDIN DE L'INSTITUTEUR
Jules Bidault
14.8 x 21 cm - 148 pages - Illustrations
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