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    La découverte d’un fameux trésor, en 1801, à Blanchemaison,

    hameau de Hornoy-le-Bourg.

     

    La découverte et le pillage.
    Le 31 août 1801, le valet de charrue de M.Berneuil, en labourant un champ, sentit le soc de sa charrue heurter un corps dur, qu’il chercha à découvrir et à enlever : c’était une espèce de boîte composée de tuiles épaisses sous laquelle il aperçut plusieurs pièces brillantes qu’il était loin de prendre pour de l’or. Frappé de l’éclat du métal, il appela un de ses voisins qui travaillait près de là, et lui montra les pièces auxquelles il n’avait pas encore touché. Celui-ci mieux avisé, se jeta sur l’or, mais son avidité ouvrit les yeux et l’intelligence du valet de charrue, qui lui disputa le fruit de sa découverte. Il en résultat une querelle sérieuse qui attira près des combattants les paysans dispersés autour d’eux ; la vue de l’or alluma la cupidité de tous les spectateurs, qui se livrèrent à un véritable pillage. Le paysan, auteur de la découverte, fut le plus mal partagé, et chacun s’enfuit avec ce qu’il avait pu recueillir. Le propriétaire du champ, informé de tous ces détail, se livra à des recherches, et fit parler ceux qui avaient pris part au butin ; il les assigna devant le juge de paix, mais ils ne lui rapportèrent pas toutes les pièces, de sorte qu’il ne récupéra qu’une partie de ce trésor.
    Le lendemain, le propriétaire du champ voisin laboura sa pièce de terre après avoir été emprunter des chevaux qu’il joignit aux siens, et, au troisième sillon, le soc de la charrue éparpilla plus de deux mille médailles d’or ; ce second dépôt était distant du premier de deux mètres à deux mètres cinquante.
    Ces deux dépôts, dont la valeur fut estimée à plus de cent mille francs, étaient tous deux entourés de tuiles ; les médailles, placées de champ, formaient plusieurs lits fort tassés.

    Le trésor de Blanchemaison

    Dessin d’une pièce d’or,
    Hadrien, restaurateur de l’univers.

    Hadrien, empereur de 117 à 138.
    Il régularisa l’administration et rendit le gouvernement plus monarchique.
     

    Détail du butin.
    Cette trouvaille était en entier composée de médailles romaines impériales de la plus parfaite conservation, au nombre de quatre à cinq mille. La plus ancienne était de Néron, et la dernière, de Caracalla ; il y en a avait peu avant Trajan, mais celles du règne de ce prince et de ses successeurs jusques et y compris Alexandre Sévère s’y trouvaient presque sans lacune.
    Il y en avait dans le nombre de très rares et plusieurs mêmes inédites. On y remarquait surtout de belles médailles de Plotine, de Marciane, de Mathidie et des revers magnifiques d’Hadrien ; on y a compté jusqu’à soixante Commode, plusieurs pièces de Crispine, de Septime Sévère, de Pertinax, etc., toutes d’un grand prix et très estimées.

    Le trésor de Blanchemaison

    Dessin d’une pièce d’or, Néron chantant.

    Néron, empereur de 54 à 68. Il diminua les impôts, rendit la justice avec équité, honora le sénat, se montra plein de zèle pour la chose publique.



    Un cadeau passé inaperçu.
    Le préfet de l’Oise, Cambry, savant archéologue, acheta un assez bon nombre de ces médailles. Appelé à Paris quelque temps après, il crut faire dignement sa cour au Premier Consul et lui offrit douze des plus curieuses de ces pièces d’or. Un envoyé des Etats-Unis était présent ; Bonaparte imagina de lui donner le riche cadeau que venait de lui faire le préfet de l’Oise et lui dit : « Monsieur l’ambassadeur, portez cela en Amérique, et dites à vos compatriotes que ce sont les fruits que nos paysans récoltent dans leurs champs ». Cambry, qui s’était flatté d’augmenter par ce don les richesses numismatiques du cabinet de France, eut autant de regret que de chagrin de le voir si mal apprécié ; il conserva sans mot dire ce qui lui restait.

    Une autre découverte.
    A quelques jours de ces deux trouvailles, une ancienne religieuse recueillait dans le même champ une petite bouteille remplie de pièces d’or. Ces trois dépôts étaient enfouis dans une maison dont les murs des appartements se trouvaient à cinquante centimètres au-dessous du niveau du sol ; le pavé en était de carreaux de pierre blanche.

    Réflexions sur ce trésor.
    Les archéologues se perdirent en conjectures sur la provenance de ce trésor ; les uns prétendirent que c’était celui d’une armée romaine ; Traullé, dans un article paru dans le Moniteur des 19 et 20 nivôse an X et dans le Magasin encyclopédique, avança que c’était la fortune d’un particulier. Devérité entra aussi dans l’arène et combattit l’opinion émise par son compatriote pour risquer une hypothèse qui n’en est pas plus plausible ; l’ex-conventionnel prétendait que ce trésor avait été trouvé dans la blanche-maison d’un receveur des tributs publics.
    Nous nous bornons à rapporter ces diverses opinions sans vouloir en formuler d’autres, car il y a des faits qui ne pourront jamais être éclaircis.
    Quoi qu’il en soit, ces trouvailles émurent considérablement les archéologues de l’époque. Le 20 nivôse an X, M.Ledieu, contrôleur des contributions à Amiens, écrivait à Traullé, juge au tribunal d’Abbeville :
    « On m’a assuré que vous avez publié quelques réflexions sur la découverte faite en l’an IX à Hornoy, d’une grande quantité de médailles d’or romaines. J’ai moi-même fait beaucoup de recherches à ce sujet, mais, dénué de matériaux ou peu avancé dans la carrière, je suis toujours dans les ténèbres.

    Le trésor de Blanchemaison

    Portrait de Trajan.

    Trajan, empereur de 98 à 117, était un Espagnol, d’une administration habile et juste, il put augmenter les revenus du fisc, tout en diminuant les impôts et en faisant des constructions utiles, comme des ponts, des aqueducs, des voies militaires, ou la colonne de Trajane, qui existe encore et qui a servi de modèle à la colonne élevée à Paris, par Napoléon Ier, à la Grande armée.


    Voudriez-vous bien, Monsieur, ne pas trouver mauvais que je prenne ici la liberté de vous demander votre avis sur l’invention considérable d’un trésor qui doit exciter, à l’égard de cette partie de notre département, les recherches des curieux et des savants... J’ai visité le terrain, examiné les environs de Blanchemaison où ont été trouvées les médailles ; je pense qu’il faudrait avoir quelques notions exactes sur Arguel, qui était jadis un poste romain assez important. »

    Le trésor de Blanchemaison

    Dessin d’une pièce d’or, Septime Sévère,
    monnaie de Smyrne.

    Septime Sévère, empereur de 193 à 211. Sous ses ordres, la discipline était sévèrement maintenue, et pour faire de ses soldats l’unique appui de son gouvernement, il leur accordait des privilèges, une augmentation de solde et des distinctions.


    Disons en terminant que depuis longtemps le lieu où furent faites ces découvertes s’appelait le champ du Trésor ; que, pendant les quatre années précédentes, on y trouvait souvent des médailles d’or, et que, quelques jours avant ces importantes trouvailles, on en vit paraître plus qu’à l’ordinaire.

    Alcius Ledieu

     Extrait de :

      hornoy le bourg HORNOY ET SES ALENTOURS 

     HISTOIRE ET ARCHEOLOGIE 
       P. L. Limichin
     
      14.5 x 20.5 cm - 202 pages cartes postales, documents, photos récentes.
     

     

     

    Le trésor de Blanchemaison

    La charrue serait-elle l’outil idéal pour devenir riche ?

     

     

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    Fécamp

    La Bénédictine à Fécamp, cour d'Honneur.

     

    Fécamp (Fisci campus, Fiscanum, Fiscamurum), chef-lieu de canton, arrondissement et à 44 kilomètres au nord-est du Havre, est une ville maritime peuplée par 12 684 habitants, aujourd’hui unie à la grande ligne de Rouen au Havre par un embranchement de 19 kilomètres qui s’y soude à la station de Beuzeville-Bréauté.

    Elle semble devoir son origine à une fameuse abbaye de femmes, fondée en 664 par un baron du pays de Caux, nommé Waninge, qui s’était voué au culte du Seigneur. Ce monastère contint jusqu’à trois cents religieuses ; mais il fut détruit par les pirates normands en 841. On raconte que, pour se soustraire aux outrages des pirates, les nonnes s’étaient défigurées par d’horribles mutilations ; elles furent massacrées pour la plupart. Quelques-unes, qui n’avaient pu se résoudre à se défigurer comme leurs compagnes, s’échappèrent et emportèrent avec elles les reliques de saint Waninge, patron de l’abbaye.

    Richard Ier, duc de Normandie, rebâtit le monastère en 988, le plaça sous l’invocation de la Sainte-Trinité et en fit une abbaye de bénédictins, qui parvint bientôt à un degré de puissance et de splendeur remarquable ; elle subsista jusqu’au XVIIIe siècle. Les ducs de Normandie y séjournaient quelquefois. La ville, qui peu à peu s’éleva et s’accrut à l’ombre de cette abbaye, devint une ville de pêche, renommée, dès le XIIIe siècle, pour ses harengs. Souvent dévastée pendant la guerre de Cent Ans et plus tard pendant les guerres de religion, elle offre encore aux regards curieux de l’antiquaire quelques vestiges d’un château bâti par Guillaume Longue-Épée et l’église, monument historique, encore bien conservée, qui faisait partie de l’abbaye. C’est un édifice dans lequel on reconnaît les styles les plus divers, l’ensemble se composant de constructions entreprises à des époques différentes, depuis le XIe jusqu’au XVIe siècle. On y conserve la relique du précieux sang, que contiennent deux tubes en plomb, placés dans une espèce de ciboire. Cette relique attire encore un grand nombre de pèlerins à Fécamp ; elle est exposée à certaines époques de l’année, et il se fait en son honneur deux processions. Outre le chœur, on y remarque surtout l’élégante chapelle de la Vierge et ses belles verrières.

    Fécamp

    La Bénédictine à Fécamp, musée, oratoire extérieur.

     

    Fécamp est encore aujourd’hui (en 1881) une ville importante pour la pêche ; son port, qui se compose d’un vaste avant-port, d’un bassin à flot et d’une retenue, est un des meilleurs de la côte ; il est défendu par trois batteries. Les vaisseaux d’un fort tonnage peuvent y entrer en tout temps, et elle envoie annuellement un assez grand nombre de navires à Terre-Neuve, pour la pêche de la morue ; les produits de cette pêche s’élèvent annuellement à près de 2 500 000 francs ; ceux du hareng, du maquereau et autres poissons frais à 2 000 000 de francs. Fécamp est située sur la Manche, à l’embouchure des rivières de Ganzeville et de Valmont, à 228 kilomètres de Paris et à 86 de Rouen, par le chemin de fer. Elle s’étend sur un espace de plus de 4 kilomètres, entre deux rangs de collines jadis boisées, maintenant en partie cultivées. Elle possède des sources minérales, des bains de mer, des chantiers de construction pour les navires, des ateliers pour la construction des machines, des filatures de coton, des tissages mécaniques, des fabriques de filets, des forges , des moulins, des tanneries, des ateliers de salaisons, des brasseries et une fabrique de liqueur dite bénédictine de Fécamp. Elle exporte de la houille, du chanvre, du goudron, des bois de construction ouvrés. Les armes de Fécamp sont : de sinople, à trois tentes, deux et une, d’argent, ouvertes du champ, celle de la pointe plus haute ; au chef cousu d’azur chargé d’un faucon essorant, tenant dans ses serres une corne d’abondance d’où s’échappent des graines, le tout d’argent.

     

     
     Extrait de :

    Villes & Villages
     LA SEINE MARITIME
     Histoire - Géographie - Statistique - Administration
     
      V.-A. Malte-Brun
     
      15 x 21 cm - 134 pages avec illustrations
     
     
     
     
     
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    Le brin d’osier utilisé en vannerie n’est autre que le rameau jeune d’un saule.

     

    La naissance d’un petit saule.
    Une graine, dans un délai de trois jours après avoir été éjectée du chaton, se retrouve coincée dans un milieu favorable : creux de sable ou d’humus mouillé, filet d’eau coulant de méandre en méandre entre deux rives, soudain elle décide de faire naître un saule.
    Les choses vont alors très vite, elle se gonfle en quelques heures et le travail de germination se précipite.
    Sensible à l’humus, le plantule est là, toute nue, se redressant et se laissant porter, pousser vers le salut : du sable humide ou de la boue écumeuse va lui permettre de prendre pied, du moins si l’eau continue de la baigner.
    Les saules sont unisexués, les chatons mâles jaunissent tandis que les chatons femelles verdissent.
    La fleur mâle a 2 étamines qui portent sur le côté, la soudure par où l’unique écaille se déchire, laissant s’échapper l’abondant pollen. La fleur femelle ne comporte qu’un ovaire pédiculé en forme de haute fiole à 2 longues lèvres moirées.
    Toutes deux ont à la base un bourrelet nectarifère qui sert de première nourriture au printemps aux bourdons, guêpes et abeilles, ainsi la pollinisation se fait. Venant avant le feuillage, les inflorescences se signalent de très loin.
    Les sacs vidés, les chatons mâles se dessèchent et tombent, mais la plante a préparé en réserve des bourgeons secondaires qu’elle peut faire avorter ou qui sont susceptibles de développement. Succède alors une croissance d’été qui, dès juillet, remplace le bourgeon terminal épuisé.
    Les feuilles jauniront sur pied et ne tomberont qu’avec le vent de novembre.
    Mais déjà leurs bourgeons florifères se tiendront prêts pour de nouveaux chatons.

    On trouve diverses espèces de saules, près des cours d’eau, ils consolident les rives efficacement grâce aux longues racines entremêlées qui empêchent l’eau de les miner et d’emporter la terre.

    L’espèce la plus souvent utilisée pour la grosse vannerie est le saule blanc ou argenté (Salix alba), il peut atteindre et dépasser 20 mètres de haut. C’est grâce au vent que l’on peut apercevoir les feuilles retournées couvertes d’un velours soyeux qui leur donne un aspect argenté. Les branches et les rameaux sont d’une vigueur énorme et se régénère à l’infini.
    Chez certaines variétés de saule, lorsqu’un arbre est victime d’une attaque d’insectes, il déclenche son propre mécanisme chimique autodéfensif.
    Les « balais de sorcière » (enchevêtrement d’excroissances parfois confondues avec des nids d’oiseaux) situés sur les branches de saules sont le résultat d’une infection de mites gallicoles qui entraîne le développement d’excroissances branchues.
    Les chèvres aiment ses feuilles de saveur amère. Leur infusion est fébrifuge et antirhumatismale.
    C’est à partir de ces feuilles qu’on a extrait l’acide salicylique dont l’aspirine est le dérivé le plus connu.
    On l’appelait le « Quinquina indigène » car son écorce, plus amère encore, a été le fébrifuge majeur.

    Du saule au vannier, en passant par l’osier

    Autrefois, le décorticage de l'écorce de l'osier se faisait manuellement à l'aide d'un peloir.


    Planter les saules...
    Si on les élève pour avoir une tête bien garnie de bois, qu’on puisse couper tous les trois, quatre, cinq ou six ans, avec un grand bénéfice, sans s’embarrasser de la belle venue, on les plante en bâtons, qui sont des branches fortes, de mètres de long, dont on aiguise le plus gros bout (couper horizontalement, précisément au-dessous d’un bouton), et qu’on met en terrain humide.
    Si on veut avoir des saules de plus belle venue, on prend des boutures de un mètre seulement, dont on enfonce 60 centimètres en terre.
    Enfin, si l’on veut avoir de très grands arbres, propres à donner du gros bois, on prend de jeunes branches courtes, qu’on enfonce presque entièrement dans la terre, ne laissant au-dessus que deux, ou au plus trois boutons.

    L’osier pour la déco et les jardins.
    Jadis, on coupait les brins d’osier sur les saules têtards se trouvant le long des rivières ou des chemins humides.
    Aujourd’hui on le cultive dans des oseraies, à par-tir de pieds mères. L’osier n’a pas forcément besoin d’une terre très humide, il lui faut cependant une
    terre nourrissante.
    On le coupe après les premières gelées et avant la montée de la sève.
    La vie d’une oseraie est de 20 ans.
    Les brins d’osier poussent d’avril à juillet et atteignent 2,50 m. d’août à octobre, ils deviennent durs et résistants.
    Pour que les brins d’osier deviennent naturelle-ment blanc, on les place dans des routoirs (mise à l’eau) où ils repartent en végétation puis on profite
    que la tige se gorge de sève pour retirer l’écorce.
    Autrefois, pour écorcer l’osier on devait le passer dans un peloir, sorte de pince que l’on tient dans la main droite, on glisse le brin et on le tire de la main gauche pour ôter la pelure. C’était un long travail. Désormais, les vanniers utilisent des décortiqueuses électriques qui permettent de passer 30 ou 40 brins. A l’époque, ils fabriquaient presque exclusivement des mannes nécessaires aux travaux agricoles.
    Le vannier va réhumidifier les bottes d’osier la veille de son utilisation pour retrouver sa souplesse.

    Les outils du vannier sont les mêmes que jadis :
    - une batte, pour tasser la trame des brins d’osier ;
    - une serpette, pour couper ou entailler les bases des brins ;
    - un poinçon, pour écarter la trame des brins d’osier afin d’y en adjoindre un autre ou pour tenir le panier.
    Mais aussi une paire de petites tenailles, une pince et un sécateur. Ensuite c’est une affaire d’habileté manuelle...

    - Pour réaliser une haie (ce qui est plus joli et moins cher que du grillage et qui donne de la verdure à la belle saison !), on se sert d’osier frais (ou vivant). On le plante dès qu’il est coupé, et ses feuilles reprennent au printemps suivant.
    On peut aussi réaliser un quelconque élément de décoration au jardin : brise vue, cabane d’enfant...
    - Pour fabriquer des paniers (du panier à bûches au panier à œufs ou à la barquette de fraises), on utilise l’osier écorcé (ou blanc). Pour cela, on le stocke trempé et on attend la nouvelle montée de sève au printemps. Dès qu’apparaissent les feuilles, il est écorcé et ses brins séchés au soleil. Ses écorces pourront servir de paillage au jardin.
    - On peut prendre directement de l’osier brut (ou gris) pour différentes utilisations. D’abord, pour éviter sa déformation, on le met à sécher à plat pendant plusieurs mois, ensuite on le fait tremper 8 à 10 jours avant d’être travaillé. Les objets réalisés auront cependant une durée de vie limitée.

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    L’usage des thermes romains s’est poursuivi en Somme sous le nom d’étuves. Présents dans les villes, ces hôtels de bains étaient aussi des lieux où la morale avait parfois à gémir.

    Les bains publics s’appelaient thermes chez les Romains ; c’étaient des établissements très confortables dans lesquels le public prenait des bains froids, chauds ou des bains de vapeur ; près de la salle balnéaire se trouvait une étuve dans laquelle des esclaves frottaient le corps des baigneurs et le râclaient avec des instruments appelés strigiles.
    Plus loin existait un gymnase où le public pouvait se livrer aux exercices du corps, pour entretenir sa vigueur et sa souplesse. Enfin suivaient de longues galeries à colonnes pour servir de promenoir ; une bibliothèque, des jardins complétaient ces établissements d’utilité publique.
    On a retrouvé des thermes à Beaulieu, près de Saint-Quentin, et au village d’Athies qui fut un palais royal de Clotaire Ier : La reine sainte Radegonde, pendant les séjours qu’elle fit dans ce palais, s’occupait, selon ses actes, à laver dans les thermes les femmes pauvres et indigentes.
    La présence de ces bains romains à été constatée à Amiens, à Senlis, à Champien et au Mont-Berny dans la forêt de Compiègne. Le château de Bains situé sur la voie romaine qui passe à Rollot et à Boulogne-la-Grasse, est une indication certaine de bains romains existant en ce lieu. C’étaient des bains naturels ou des eaux thermales ; on a retrouvé des conduites d’eau, des hypocaustes, des tuyaux en terre cuite et en plomb.
    L’usage des bains a passé des Gallo-romains aux Francs, et a subsisté dans plusieurs villes de Picardie ; mais ces établissements où se prenaient les bains publics portaient le nom d’ETUVES.

    À Amiens, il y avait l’Hôtel des étuves, situé près du Petit-Quai et réservé exclusivement aux hommes ; les étuves des femmes étaient placées dans la chaussée Saint-Leu. Ces étuves constituaient un vaste établissement servant tout à la fois de bains publics et d’hôtellerie où l’on trouvait la table et le logement.

    La ville de Péronne avait aussi ses étuves placées sur la paroisse Saint-Sauveur, dans la rue de Beau-Bois ; elles furent transférées, plus tard, rue des Naviages. Cet utile établissement devint par la suite un lieu de plaisir, le rendez-vous habituel des désœuvrés, des galants et des chevaliers d’industrie.
    On s’y baignait, on y jouait à différentes sortes de jeux ; la morale publique avait souvent à gémir sur ce qui se passait dans ces étuves, et l’échevinage dut intervenir pour mettre un frein à ces désordres.
    En effet, dans une séance tenue à la maison de ville, le 28 mars 1412, le corps municipal fut d’accord que pour éviter les noises et débats, qui se produisaient dans les étuves, il n’y aurait pour les diriger qu’une femme âgée au moins de quarante ans. Malgré ces prohibitions, les filles de joie envahissaient ces bains publics, et le 10 décembre 1485, l’échevinage renouvelle ses prescriptions :
    « Quant aux ordonnances qui ont été faites sur les filles de joie et dames des étuves, a été délivré que ladicte ordonnance tiendra ; et si lesdites filles se veulent tenir en la rue que l’on dit de Péronnelle, faire le pourront sans demeurer, ni converses aux étuves, ni y coucher. »
     

    Cependant les officiers municipaux voyant que la liberté qu’avaient les filles de joie de se loger où elles voulaient, interdisait aux honnêtes gens la fréquentation des étuves, firent construire, en 1518, un lieu public à usage d’étuves, pour les rassembler toutes, ce qui constituait une maison de tolérance.
    Les étuves de Péronne étant devenues le rendez-vous des galants et des libertines, il s’ensuivait des rixes parfois sanglantes.
    L’échevinage fut obligé d’intervenir pour faire cesser ces désordres, comme on le voit dans une déliberation du mois d’août 1491 :
    « Il est venu en nostre congnaissance que le jour Saint-Laurent dernier passé, environ quatre heures après-midi, Protin de La Ruelle, fils de feu Jehan de La Ruelle, meu de mauvais corege (colère) cela en la maison des étuves de cette ville ; en la rue des Naviages, où il frappa à la tempe une fille de joie nommée Mariette-Simplette. »
    Il fut aussi défendu de fréquenter les étuves, après l’heure du couvre-feu, et surtout d’y coucher.
    Enfin ces établissements étant devenus un lieu de débauche cessèrent d’être fréquentés par les « femmes et filles honnestes » et tombèrent ainsi sous le mépris général : l’usage des bains publics cessa d’exister. Les prédicateurs même déclamèrent en chaire contre les étuves, les mettant au rang des lieux où la vertu était déshonorée.
    Les étuves établies à Montdidier, près de la rivière ne jouissaient pas d’une meilleure réputation que celles de Péronne. Non seulement elles étaient un lieu de prostitution, mais ceux qui les fréquentaient étaient atteints du mal de Naples, et parfois de la peste, en temps d’épidémie. Pour atténuer ou arrêter la contagion, une ordonnance de police du 27 juillet 1497, fait défense à Binet de Willes de chauffer les étuves, sous peine de bannissement de la commune. En même temps l’échevinage fait chasser de la ville trois filles atteintes du mal de Naples, et fait défense « à toutes autres que elles ne soutiennent ni ayent compagnie avec aucun ayant inconvénient ou soupçon de ladite maladie sous peine d’être punies et bannies de la « ville. »

    Lieux de bains publics et de libertinage...


    La réputation de libertinage des étuves de Montdidier était si bien établie, que le cordelier Menot, célèbre prédicateur, en fait une mention spéciale dans ses sermons du mercredi de la semaine sainte et les compare à un lieu de prostitution.
    « Il y a douze ans, dit-il, que je passai par Montdidier, il y avait des étuves publiques, ce qui ne vaut pas mieux qu’un b... ».
    Lupanar enim est locus ubi sunt meretrices. Si in domo cqnonici est meretrix : C’est bordeau.

    Les villes de Roye, de Ham, de Chauny possédèrent aussi des étuves publiques qui eurent le même sort que celles des localités voisines, malgré les soins des chirurgiens, barbiers-étuvistes.


    Emile Coët

     

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  • Situé à la pointe d’une montagne d’où la vue a beaucoup d’étendue et au confluent de deux ruisseaux. A n’en juger que par les ruines, il paraît avoir été considérable, et ces vers qui s’y lisent encore (en 1897) sur une pierre dans l’intérieur en convaincront aisément les curieux :

    Jadis aux fiers Normans j’ai servi de retraite (L'an 886) 
    Et de mille ennemis j’ai causé la défaite.
    De fameuse partout l’on me donna le nom
    Et le peuple de là me nomma Famechon.
    L’Angles victorieux n’aient pu me réduire (L'an 1346)
    Rasa Dargy, prit Poix, me craint et se retire.
    A l’abri de mes murs, mes fortunez voisins
    Rompirent de l’ennemi les perfides desseins
    Mais chez moi du Lorain les lignes étant venues
    Je vis mes dix-sept tours par lui-même abbatues. (L'an 1592).
    Belle leçon, lecteur, à la postérité
    Pour qui manque à son roi dans la fidélité.
     

    Le château de Famechon


    Ce château, qui tint si grande place dans les soucis de l’échevinage d’Amiens, à la fin du XVIe siècle, était au sud-ouest du village, sur un énorme terre-plein ménagé au sommet de l’éperon de la colline, au confluent de la rivière des Evoissons et de la Bief ou rivière de Poix. Les deux vallées lui formaient de profondes douves naturelles. Au troisième côté du triangle on avait simplement pratiqué une coupure qui est aujourd’hui encore un véritable ravin. Son importance est attestée par la force de sa position, par l’étendue de ses ruines, par ce fait qu’on estimait en 1592 que, pour le démolir, il faudrait le travail de « 150 ouvriers ung mois durant, outre les païsans, et qu’au moins 4 milliers de pouldre seroient nécessaires pour faire saulter le donjon ». Le dessin qu’en a reproduit en 1648 Jean Boisseau, enlumineur du Roi, nous montre l’état où l’avait mis l’échevinage d’Amiens cinquante ans auparavant.
    Il est probable qu’il fut visité au XIVe siècle par les Jacques, sur le chemin desquels il se trouvait de Thoix-Offoy à Poix et Lignières. A la fin du XVe siècle et au XVIe, pendant les absences des seigneurs qui guerroyaient et faisaient leur cour près des princes de Bourgogne et de l’empereur, il s’y trouvait toujours un capitaine ou châtelain et une garnison. De là sont partis les seigneurs, aux XVIe et XVIIe siècles, pour donner à leur seigneurie le qualificatif de châtellenie et pour prendre eux-mêmes le titre de châtelains que n’avait aucun de leurs prédécesseurs.
    En 1514, le Roi y fit un séjour.

    L’histoire en apparaît surtout active pendant les troubles de la Ligue. L’échevinage d’Amiens fournit armes et munitions de toutes espèces tant que le château fut aux mains des troupes ligueuses, c’est-à-dire, jusqu’au cours de l’année 1591. En 1593, un des trois jours qui précédèrent « l’Erreur d’Aumale », Mayenne et le duc de Parme le reprirent en passant, et la démolition en fut de suite décidée et entreprise pour éviter qu’il retombât une seconde fois à l’ennemi.
    De l’important château fort de Famechon, construit en 1046 par Gauthier Ier Tyrel et Alix de Frémontiers, sa femme, il ne reste plus aujourd’hui que quelques ruines couvertes de mousse et de broussailles ; les souterrains et les fossés sont dans le plus complet abandon ; c’est le capitaine Clairy qui fut chargé de présider à la démolition de cette forteresse, ainsi qu’on le voit par une délibération de l’échevinage d’Amiens du 25 avril 1592.

    Déjà, en 1472, Charles le Téméraire, qui s’en était emparé, avait fait procéder à une démolition partielle de ce château. Famechon servit souvent de résidence aux gouverneurs de Picardie et plusieurs rois y séjournèrent. La table de pierre portant l’inscription rapportée par le P. Daire n’existe plus. Le premier château de Famechon avait été construit en 1046 par Gauthier Ier Tyrel afin de mieux couvrir sa forteresse de Poix. Quelques jours avant la bataille de Crécy, le roi d’Angleterre s’étant emparé de Poix, les soldats de la garnison de cette ville se retirèrent au château de Famechon et, après le départ d’Edouard et de ses troupes, tombèrent à l’improviste sur son arrière-garde ; les troupes anglaises revinrent sur leurs pas, brûlèrent Poix et démolirent ses deux châteaux.

    Père Daire

     

     Extrait de :

    Villes & Villages
     POIX DE PICARDIE ET SON CANTON
     

      M.G. Beaurain

     
      15 x 21 cm - 180 pages avec cartes postales anciennes, plans, photos N/B récentes
     
     
     
     
     
     
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