• Le château de Famechon

    Situé à la pointe d’une montagne d’où la vue a beaucoup d’étendue et au confluent de deux ruisseaux. A n’en juger que par les ruines, il paraît avoir été considérable, et ces vers qui s’y lisent encore (en 1897) sur une pierre dans l’intérieur en convaincront aisément les curieux :

    Jadis aux fiers Normans j’ai servi de retraite (L'an 886) 
    Et de mille ennemis j’ai causé la défaite.
    De fameuse partout l’on me donna le nom
    Et le peuple de là me nomma Famechon.
    L’Angles victorieux n’aient pu me réduire (L'an 1346)
    Rasa Dargy, prit Poix, me craint et se retire.
    A l’abri de mes murs, mes fortunez voisins
    Rompirent de l’ennemi les perfides desseins
    Mais chez moi du Lorain les lignes étant venues
    Je vis mes dix-sept tours par lui-même abbatues. (L'an 1592).
    Belle leçon, lecteur, à la postérité
    Pour qui manque à son roi dans la fidélité.
     

    Le château de Famechon


    Ce château, qui tint si grande place dans les soucis de l’échevinage d’Amiens, à la fin du XVIe siècle, était au sud-ouest du village, sur un énorme terre-plein ménagé au sommet de l’éperon de la colline, au confluent de la rivière des Evoissons et de la Bief ou rivière de Poix. Les deux vallées lui formaient de profondes douves naturelles. Au troisième côté du triangle on avait simplement pratiqué une coupure qui est aujourd’hui encore un véritable ravin. Son importance est attestée par la force de sa position, par l’étendue de ses ruines, par ce fait qu’on estimait en 1592 que, pour le démolir, il faudrait le travail de « 150 ouvriers ung mois durant, outre les païsans, et qu’au moins 4 milliers de pouldre seroient nécessaires pour faire saulter le donjon ». Le dessin qu’en a reproduit en 1648 Jean Boisseau, enlumineur du Roi, nous montre l’état où l’avait mis l’échevinage d’Amiens cinquante ans auparavant.
    Il est probable qu’il fut visité au XIVe siècle par les Jacques, sur le chemin desquels il se trouvait de Thoix-Offoy à Poix et Lignières. A la fin du XVe siècle et au XVIe, pendant les absences des seigneurs qui guerroyaient et faisaient leur cour près des princes de Bourgogne et de l’empereur, il s’y trouvait toujours un capitaine ou châtelain et une garnison. De là sont partis les seigneurs, aux XVIe et XVIIe siècles, pour donner à leur seigneurie le qualificatif de châtellenie et pour prendre eux-mêmes le titre de châtelains que n’avait aucun de leurs prédécesseurs.
    En 1514, le Roi y fit un séjour.

    L’histoire en apparaît surtout active pendant les troubles de la Ligue. L’échevinage d’Amiens fournit armes et munitions de toutes espèces tant que le château fut aux mains des troupes ligueuses, c’est-à-dire, jusqu’au cours de l’année 1591. En 1593, un des trois jours qui précédèrent « l’Erreur d’Aumale », Mayenne et le duc de Parme le reprirent en passant, et la démolition en fut de suite décidée et entreprise pour éviter qu’il retombât une seconde fois à l’ennemi.
    De l’important château fort de Famechon, construit en 1046 par Gauthier Ier Tyrel et Alix de Frémontiers, sa femme, il ne reste plus aujourd’hui que quelques ruines couvertes de mousse et de broussailles ; les souterrains et les fossés sont dans le plus complet abandon ; c’est le capitaine Clairy qui fut chargé de présider à la démolition de cette forteresse, ainsi qu’on le voit par une délibération de l’échevinage d’Amiens du 25 avril 1592.

    Déjà, en 1472, Charles le Téméraire, qui s’en était emparé, avait fait procéder à une démolition partielle de ce château. Famechon servit souvent de résidence aux gouverneurs de Picardie et plusieurs rois y séjournèrent. La table de pierre portant l’inscription rapportée par le P. Daire n’existe plus. Le premier château de Famechon avait été construit en 1046 par Gauthier Ier Tyrel afin de mieux couvrir sa forteresse de Poix. Quelques jours avant la bataille de Crécy, le roi d’Angleterre s’étant emparé de Poix, les soldats de la garnison de cette ville se retirèrent au château de Famechon et, après le départ d’Edouard et de ses troupes, tombèrent à l’improviste sur son arrière-garde ; les troupes anglaises revinrent sur leurs pas, brûlèrent Poix et démolirent ses deux châteaux.

    Père Daire

     

     Extrait de :

    Villes & Villages
     POIX DE PICARDIE ET SON CANTON
     

      M.G. Beaurain

     
      15 x 21 cm - 180 pages avec cartes postales anciennes, plans, photos N/B récentes
     
     
     
     
     
     
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