• Le trésor de Blanchemaison

     

    La découverte d’un fameux trésor, en 1801, à Blanchemaison,

    hameau de Hornoy-le-Bourg.

     

    La découverte et le pillage.
    Le 31 août 1801, le valet de charrue de M.Berneuil, en labourant un champ, sentit le soc de sa charrue heurter un corps dur, qu’il chercha à découvrir et à enlever : c’était une espèce de boîte composée de tuiles épaisses sous laquelle il aperçut plusieurs pièces brillantes qu’il était loin de prendre pour de l’or. Frappé de l’éclat du métal, il appela un de ses voisins qui travaillait près de là, et lui montra les pièces auxquelles il n’avait pas encore touché. Celui-ci mieux avisé, se jeta sur l’or, mais son avidité ouvrit les yeux et l’intelligence du valet de charrue, qui lui disputa le fruit de sa découverte. Il en résultat une querelle sérieuse qui attira près des combattants les paysans dispersés autour d’eux ; la vue de l’or alluma la cupidité de tous les spectateurs, qui se livrèrent à un véritable pillage. Le paysan, auteur de la découverte, fut le plus mal partagé, et chacun s’enfuit avec ce qu’il avait pu recueillir. Le propriétaire du champ, informé de tous ces détail, se livra à des recherches, et fit parler ceux qui avaient pris part au butin ; il les assigna devant le juge de paix, mais ils ne lui rapportèrent pas toutes les pièces, de sorte qu’il ne récupéra qu’une partie de ce trésor.
    Le lendemain, le propriétaire du champ voisin laboura sa pièce de terre après avoir été emprunter des chevaux qu’il joignit aux siens, et, au troisième sillon, le soc de la charrue éparpilla plus de deux mille médailles d’or ; ce second dépôt était distant du premier de deux mètres à deux mètres cinquante.
    Ces deux dépôts, dont la valeur fut estimée à plus de cent mille francs, étaient tous deux entourés de tuiles ; les médailles, placées de champ, formaient plusieurs lits fort tassés.

    Le trésor de Blanchemaison

    Dessin d’une pièce d’or,
    Hadrien, restaurateur de l’univers.

    Hadrien, empereur de 117 à 138.
    Il régularisa l’administration et rendit le gouvernement plus monarchique.
     

    Détail du butin.
    Cette trouvaille était en entier composée de médailles romaines impériales de la plus parfaite conservation, au nombre de quatre à cinq mille. La plus ancienne était de Néron, et la dernière, de Caracalla ; il y en a avait peu avant Trajan, mais celles du règne de ce prince et de ses successeurs jusques et y compris Alexandre Sévère s’y trouvaient presque sans lacune.
    Il y en avait dans le nombre de très rares et plusieurs mêmes inédites. On y remarquait surtout de belles médailles de Plotine, de Marciane, de Mathidie et des revers magnifiques d’Hadrien ; on y a compté jusqu’à soixante Commode, plusieurs pièces de Crispine, de Septime Sévère, de Pertinax, etc., toutes d’un grand prix et très estimées.

    Le trésor de Blanchemaison

    Dessin d’une pièce d’or, Néron chantant.

    Néron, empereur de 54 à 68. Il diminua les impôts, rendit la justice avec équité, honora le sénat, se montra plein de zèle pour la chose publique.



    Un cadeau passé inaperçu.
    Le préfet de l’Oise, Cambry, savant archéologue, acheta un assez bon nombre de ces médailles. Appelé à Paris quelque temps après, il crut faire dignement sa cour au Premier Consul et lui offrit douze des plus curieuses de ces pièces d’or. Un envoyé des Etats-Unis était présent ; Bonaparte imagina de lui donner le riche cadeau que venait de lui faire le préfet de l’Oise et lui dit : « Monsieur l’ambassadeur, portez cela en Amérique, et dites à vos compatriotes que ce sont les fruits que nos paysans récoltent dans leurs champs ». Cambry, qui s’était flatté d’augmenter par ce don les richesses numismatiques du cabinet de France, eut autant de regret que de chagrin de le voir si mal apprécié ; il conserva sans mot dire ce qui lui restait.

    Une autre découverte.
    A quelques jours de ces deux trouvailles, une ancienne religieuse recueillait dans le même champ une petite bouteille remplie de pièces d’or. Ces trois dépôts étaient enfouis dans une maison dont les murs des appartements se trouvaient à cinquante centimètres au-dessous du niveau du sol ; le pavé en était de carreaux de pierre blanche.

    Réflexions sur ce trésor.
    Les archéologues se perdirent en conjectures sur la provenance de ce trésor ; les uns prétendirent que c’était celui d’une armée romaine ; Traullé, dans un article paru dans le Moniteur des 19 et 20 nivôse an X et dans le Magasin encyclopédique, avança que c’était la fortune d’un particulier. Devérité entra aussi dans l’arène et combattit l’opinion émise par son compatriote pour risquer une hypothèse qui n’en est pas plus plausible ; l’ex-conventionnel prétendait que ce trésor avait été trouvé dans la blanche-maison d’un receveur des tributs publics.
    Nous nous bornons à rapporter ces diverses opinions sans vouloir en formuler d’autres, car il y a des faits qui ne pourront jamais être éclaircis.
    Quoi qu’il en soit, ces trouvailles émurent considérablement les archéologues de l’époque. Le 20 nivôse an X, M.Ledieu, contrôleur des contributions à Amiens, écrivait à Traullé, juge au tribunal d’Abbeville :
    « On m’a assuré que vous avez publié quelques réflexions sur la découverte faite en l’an IX à Hornoy, d’une grande quantité de médailles d’or romaines. J’ai moi-même fait beaucoup de recherches à ce sujet, mais, dénué de matériaux ou peu avancé dans la carrière, je suis toujours dans les ténèbres.

    Le trésor de Blanchemaison

    Portrait de Trajan.

    Trajan, empereur de 98 à 117, était un Espagnol, d’une administration habile et juste, il put augmenter les revenus du fisc, tout en diminuant les impôts et en faisant des constructions utiles, comme des ponts, des aqueducs, des voies militaires, ou la colonne de Trajane, qui existe encore et qui a servi de modèle à la colonne élevée à Paris, par Napoléon Ier, à la Grande armée.


    Voudriez-vous bien, Monsieur, ne pas trouver mauvais que je prenne ici la liberté de vous demander votre avis sur l’invention considérable d’un trésor qui doit exciter, à l’égard de cette partie de notre département, les recherches des curieux et des savants... J’ai visité le terrain, examiné les environs de Blanchemaison où ont été trouvées les médailles ; je pense qu’il faudrait avoir quelques notions exactes sur Arguel, qui était jadis un poste romain assez important. »

    Le trésor de Blanchemaison

    Dessin d’une pièce d’or, Septime Sévère,
    monnaie de Smyrne.

    Septime Sévère, empereur de 193 à 211. Sous ses ordres, la discipline était sévèrement maintenue, et pour faire de ses soldats l’unique appui de son gouvernement, il leur accordait des privilèges, une augmentation de solde et des distinctions.


    Disons en terminant que depuis longtemps le lieu où furent faites ces découvertes s’appelait le champ du Trésor ; que, pendant les quatre années précédentes, on y trouvait souvent des médailles d’or, et que, quelques jours avant ces importantes trouvailles, on en vit paraître plus qu’à l’ordinaire.

    Alcius Ledieu

     Extrait de :

      hornoy le bourg HORNOY ET SES ALENTOURS 

     HISTOIRE ET ARCHEOLOGIE 
       P. L. Limichin
     
      14.5 x 20.5 cm - 202 pages cartes postales, documents, photos récentes.
     

     

     

    Le trésor de Blanchemaison

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