• Après la Grande Guerre, la Zone Rouge dans le Santerre

    Les experts du Génie rural se virent confier la tâche d’évaluer l’état des terres. Ils déterminèrent trois zones qu’ils matérialisèrent sur leurs cartes au moyen de trois couleurs.
    · Le bleu fut utilisé pour les endroits où les dégâts étaient peu importants, donc réparables par les habitants.
    · Le jaune signalait les endroits nécessitant d’importants travaux.
    · Et le rouge recouvrait les zones à très forte dévastation, où l’administration estimait que le prix de la reconstruction dépasserait la valeur réelle de la terre et des constructions.
    Dans un premier temps, le préfet estime à 28 000 ha les zones qui ne seront pas reconstruites dans le NE de la Somme : toutes les communes de la C.CH.P. en font partie. On planterait à la place une forêt domaniale, sorte de sanctuaire.
    Devant la violente opposition de la population, la zone est réduite en 1921 à 5 000 ha, puis à 441 ha en 1926. Le choix est laissé au seul sinistré de se réinstaller ou de vendre les ruines et les terrains à l’état.
    Le parcours pour arriver à reconstruire n’est pas fini pour autant !
    Il faudra d’abord retirer les obus sur plus de 450 000 ha dans le NE de la Somme. Plusieurs centaines de personnes y travaillèrent, d’abord des prisonniers allemands, puis des spécialistes du 20e corps d’armée du général Philippot ; les victimes furent nombreuses. (Des obus, il en remonte toujours depuis 90 ans et ils font encore des victimes.)
    Ensuite, il faudra retirer les barbelés. Ce travail fut laissé à la charge des communes ; environ 350 ouvriers y travaillèrent pendant trois ans.
    Puis ce sera le tour de la ferraille. Des tas et des tas s’accumulèrent... Il en est resté longtemps et on en retrouve encore ! (Jusque dans les années 60, les gamins du Santerre se faisaient de l’argent de poche en allant “à la ferraille” le jeudi, jour de congé à l’époque.)
    Enfin, il faudra enlever les démolitions – les archives de plusieurs mairies montrent les sommes très élevées qu’a coûté ce travail de déblaiement et de nivelage du sol pris en charge par l’état. Alors commenceront les démarches pour les dommages du guerre et la reconstruction de la maison tant souhaitée... mais à partir de là, il y a tant à dire qu’il faudrait un autre volume... !

     

    Extrait de :

    La "grande" histoire  1914-1924 ; 26 COMMUNES DANS LA TOURMENTE 
        

      Francine François-Dejuine

       20 x 29 cm - 188 pages

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  • Petite histoire du Hâble d’Ault



    Entre Cayeux et le bourg d’Ault s’étend parallèlement au rivage de la Manche, sur une distance d’environ quatre kilomètres, un étang littoral, beaucoup plus long que large, séparé de la mer par un épais cordon de sables et de galets, et connu sous la dénomination très ancienne de hâble d’Ault.
    On l’appelait primitivement « havre » ou « hâble » (habellum) d’Hautebut, du nom d’un village dépendant actuellement du canton d’Ault, près de la route départementale d’Eu à St-Valery, et auprès duquel la mer arrivait alors à marée haute. Il y avait en cet endroit un port très fréquenté, puisque, dans un accord conclu en 1583, entre le seigneur de St-Valery et l’abbaye de cette ville, il est question de « navires qui arrivent de la mer au port de hâble de Autebue et de l’ancrage de ces navires ». Les droits d’ancrage dans le port du hâble étaient dévolus à l’abbaye.
    L’entrée du hâble se trouvait, à cette époque, très près du bourg d’Ault, et servait de refuge aux bateaux des pêcheurs de cette localité. Cette entrée s’est déplacée progressivement vers le Nord, jusqu’au jour où le hâble d’Ault (nom que prit et qu’à conservé le hâble d’Hautebut) complètement séparé de la mer par le cordon littoral d’alluvions, finit par constituer un lac sans issue.
    Au début du XVIIIe siècle, les galets commencèrent à obstruer le chenal du hâble. En 1703, un bateau du bourg d’Ault s’y échoua ; des accidents de ce genre s’étant fréquemment renouvelés, les pêcheurs s’en servirent de moins en moins.
    En 1750, les seigneurs terriens du voisinage et les habitants des villages des Bas-Champs obtinrent de la généralité d’Amiens l’autorisation de fermer complètement le hâble d’Ault, pour soustraire leurs terres aux ravages que la mer y causait aux marées d’équinoxe, et aussi pour gagner quelques arpents de sol. Cette année même fut exécuté un aqueduc artificiel d’écoulement, que la mer détruisit presque aussitôt.
    Une deuxième digue ou barrement fut élevée en 1752.
    Enfin, après plusieurs autres tentatives infructueuses d’endiguement, fut élevé en 1766, à l’aide de 1500 hommes de corvée, le Grand Barrement, encore facile à reconnaître aujourd’hui. Néanmoins, ce n’est qu’en 1772, époque de l’ouverture du noc ou canal de l’Enviette, que la communication du hâble avec la mer fut définitivement bouchée par un large banc de galets.
    Ce noc de l’Enviette est un canal de 7 000 m. de longueur, non navigable, par lequel les eaux des Bas-Champs de Cayeux se déversent dans le port du Hourdel.
    Vers la fin du règne de Louis XIV, le ministre Vauban eut l’idée de créer un port important au hâble d’Ault. Cette idée fut reprise par Lamblardie à la fin du XVIIIe siècle. Napoléon Ier, lorsqu’il visita les côtes de la Manche, à l’époque de l’établissement du camp de Boulogne, jeta aussi les yeux sur le hâble d’Ault pour la fondation d’un nouveau port.
    Aujourd’hui encore, beaucoup de bons esprits seraient d’avis, étant donné l’ensablement continue de la baie de Somme, de détourner le canal d’Abbeville à St-Valery, à partir de Pinchefalise, par la vallée de l’Amboise, ou après le cap Hornu, à travers les Bas-Champs de Cayeux, pour aboutir au hâble, qu’il serait facile de remettre en communication avec la mer, et où il serait possible d’établir un port en eau profonde.
    Actuellement, le hâble d’Ault est un vaste étang d’eau douce séparé de la mer par un cordon littoral de sable et de galets qui a atteint environ 300 mètres de largeur. Sa longueur totale, du Nord au Sud, est d’à peu près trois kilomètres et demi. Son pourtour est extrêmement sinueux et capricieusement découpé en baies des plus pittoresques. Ses bords sont ourlés d’une vigoureuse végétation de joncs et de roseaux.
    Le hâble est peuplé de fort beaux poissons. D’autre part, cette vaste nappe d’eau douce exerce une grande attraction sur toutes les variétés d’oiseaux aquatiques qui habitent le littoral de la Manche, ou qui s’y trouvent de passage à des époques régulières.

    Source : Anatole Mopin,
    Histoire de Cayeux-sur-Mer, 1904
     

    A lire aussi, un autre article très intéressant sur "Le renouvellement littoral , de gré ou de force"  (décembre 2018) par Grégory MORISSEAU, Ingénieur paysagiste, docteur en Géographie, Agence Chorème dans le magazine de l'ANABF

     

    Extrait de : 

    cayeux sur mer
     
    HISTOIRE DE CAYEUX-SUR-MER
     
    Anatole Mopin 
     
    15 x 21 cm - 254 pages
     

     

     

     

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    Extrait de la collection « La vie privée d’autrefois », volumes concernant « Les animaux », cet ouvrage est une étude complète et passionnante rédigée d’après de nombreux documents originaux ou inédits traitant des modes, mœurs et usages du XIIe au XVIIIe siècles.

    On y découvre, parfois avec étonnement, comment nos ancêtres percevaient et vivaient avec les animaux au cours des siècles.

    Avec les illustrations originales d'époque.

     

    La nature hier et aujourd'hui

      LES ANIMAUX AUTREFOIS

     Modes, mœurs et usages

      Alfred Franklin

      15 x 21 cm - 272 pages - avec illustrations d'époque

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    A propos de l'orthographe d'un nom de village : Croixrault

     

    On a quelquefois avancé que le nom du village vient d'une croix qu'on aurait plantée sur la tombe de Raoul Tyrel, assassiné en 1136. Il est difficile d'admettre une telle légende quand on voit le village couramment dénommé Croixrault dès 1146 et un personnage en portant le nom dès 1170. Croixrault se dit, dans l'idiome local, Cloreux, pour Colreux, par transposition de l'l. Il a dû se passer ici ce qui s'est passé pour Courreaux-Orival et pour Ecoreau-Frettecuisse. En réalité, ce sont noms d'origine germanique tardive (IXe siècle), et on est en présence simplement de fermes appartenant à des personnages du nom de Raoul (Corti-Radulphi).
    La forme Crux-Radulphi n'est qu'une retraduction postérieure.

     

    Extrait de : 

    Villes & Villages
     POIX DE PICARDIE ET SON CANTON
     
      M.G. Beaurain
     
      15 x 21 cm - 180 pages avec cartes postales anciennes, plans, photos N/B récentes
     
     
     
     

     

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    « Il part tous les dimanches, mardi, mercredi et vendredi au soir, à minuit, une diligence pour Amiens. Elle arrive le lendemain à six heures du soir. Les places sont de 24 livres par personne, et pour les paquets, d’un sou six deniers par livre pesant »1. Sont mentionnés ensuite les horaires aller et retour. Les relais se font à Saint-Denis, Ecouen, Luzarches, Clermont ; à Saint-Just, dîner et relais, puis relais à Breteuil, Flers, Heubécourt, et arrivée enfin à Amiens. 

    Suivent les descriptions historiques et topographiques : le voyageur peut ainsi apprécier les curiosités des villes et des villages, même des moindres hameaux et des paysages. La visite de la ville d’Amiens est prévue en détail. 

    Les diligences de Paris à Amiens

    Citons ce passage : 

    « Amiens est rempli de manufactures, de fabriques de serges de toute façons et d’une aune de large, camelots façon de Lille, de cinq-huitièmes, ratines, petit camelot, uni et rayé, bouracans, étamines de soie et d’autres soie et lame, rasés de différentes façons, camelots en lame et poil, peluches, fil et poil, de pannes de grande quantité ; la paroisse Saint-Jacques est remplie de métiers, de fabriques de toiles etc. Les rubans de lame qu’on y trouve se fabriquent dans les environs, de même que la plus grande partie des pannes et velours de coton. 

    L’on y voit aussi des blanchisseries de toile, des manufactures de savons gras, et verts, il s’y tient marché de blé tous les jours, et un de bestiaux tous les vendredi et samedi. Trois foires par an. (...) On trouve à Amiens des messageries pour toutes les villes des environs, Rouen, Arras, Beauvais, etc. ; et pour Abbeville il y a un coche d’eau. Sur le port où l’on embarque, on voit un château-d’eau fort curieux... ». 

    (1) A titre indicatif, un ouvrier gagnait entre 1764 et 1787 : 6 livres par semaine, et sa femme 1 livre 10 sous. Louandre, Histoire d’Abbeville et du comte de Ponthieu, t. II p. 355. 

     


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