• Saisseval est un village qui se suffit,
    assez d’espace, assez de temps,
    son histoire aussi brouillée que la préhistoire
    – on ne sait pas –
     
    mais les étoiles sont très proches
     
    la journée a vingt-quatre heures, dit l’instituteur
    vingt-quatre colonnes, pense l’enfant
     
    l’oncle Pierre le jardinier me montrait quand
    j’étais enfant des corolles colorées et légères
    « Ce sont des cosmos » disait-il
    me confirmant, sans le savoir,
    le nombre innombrable des mondes
     
    soudain le rouge-gorge apparaît
    rouge et noir un cœur
    au bord du buisson
    – et il se met à chanter
    coincé comme moi
    entre ces deux montagnes
    la Naissance et la Mort
     

    Pierre Garnier, poète de Saisseval...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    [...]
    les arbres travaillent
    sont de bons ouvriers
    ils s’élèvent
    et œuvrent de plus en plus dans la finesse
     
    cette terre était jadis vivante
    elle n’est plus que cendre et engrais :
    la Terre empoissonnée commence ici
    près du village
     
    le champ est un camp de concentration
    les blés sont semés si près l’un de l’autre
    que l’eau de pluie n’atteint plus le sol
     
    voyez, ce sont des hangars
    on y élève des poulets de batterie
    morts avant de naître
     
    déjà la mort ne vient plus que de l’homme
    [...]

    Découvrez Pierre Garnier..

     

     


    votre commentaire
  • Selon son caractère (sec, humide ou détrempé) et la richesse du sol en éléments minéraux, on  trouve dans les prairies une végétation très variée. Ainsi, en Somme, il n’est pas rare de découvrir ici et là quelques espèces d’orchidées. Pour beaucoup de personnes, les orchidées sont des plantes rares et quasi merveilleuses, qui ne croissent qu’au fond des forêts vierges tropicales et qu’on ne peut tout au moins obtenir chez nous que dans des
    serres surchauffées, à l’aide de soins infinis !
    Cependant, il n’en est rien, et cette famille, au contraire, possède dans notre pays un grand nombre de représentants qui, s’ils n’ont pas les dimensions et les formes extraordinaires de certaines espèces exotiques, ne méritent pas moins l’attention par leurs formes gracieuses et leurs délicats coloris.
    Malheureusement, la plupart des orchidées accuse un net recul ces dernières années car elles sont fortement menacées par la pollution (engrais chimiques) mais aussi par l’exploitation agricole et forestière et donc par la destruction de leur habitat. Ce groupe mérite bien qu’on lui consacre un peu de temps pour mieux connaître ses plantes fragiles...
     

     Les orchidées

     L'orchis pourpre.


    Où les trouver en Somme :
    Dans les prairies de la Basse Vallée de la Somme (Noyelles/Mer, Ponthoile, Port-le-Grand, Boismont, Saigneville), on trouve des espèces remarquables dont l’orchis négligé.
    Dans la vallée des Evoissons sur la montagne de Guizancourt, on trouve l’orchis pourpre, l’une des plus grosses et des plus précoces.
    Dans le grand marais de la queue à Blangy-Tronville, l’orchis négligé et le liparis de Loesel sont protégés par la loi.
    Dans la vallée d’Acon à quelques kilomètres à l’aval d’Amiens sur sa pelouse calcicole où s’y développent l’ophrys abeille et l’ophrys moucheron d’avril à juin, on y croise des débrouissailleurs : bovins nantais (espèce menacée), des chevaux de Fjord en pâturages ainsi que des moutons.
    Les larris de la Montagne des Grès, à 15 km au sud d’Amiens et à 12 km au sud-ouest de Boves sur la commune de Grattepanche, sont à nouveau fréquentés par des brebis qui assurent son entretien, où l’on peut admirer l’ophrys pourpre et l’orchis moucheron.
    Sur les larris de la vallée de Bouchon à Villers-sous-Ailly, on rencontre une soixantaine de brebis qui pâturent la petite colline du printemps à la mi-septembre, qui appartiennent à Ch. Volant, éleveur local, qui développe actuellement la production d’un fromage dénommé « T’chot larris ».
    Au cœur du larris de la Montagne de Vaux, les orchis homme-pendu très rares en Picardie forment des tapis de plusieurs centaines de pieds dès le mois de mai. Depuis 1997, M. Dubiquet, éleveur, y fait paître son troupeau de mouton.
    A Saint-Aubin-Rivière dans la vallée du Liger, sur le coteau s’est adapté l’ophrys bourdon. L’entretien se fait grâce à l’appétit des brebis et à des chantiers spécifiques.
    A l’est du département à 5 km de Montdidier et à 38 km au sud-est d’Amiens, on trouve sur la Montagne de Fignières, fin juin, une belle variété d’orchidée nommée l’Epipactis rouge-foncé et fin avril l’orchis pourpre.
    La Montagne de Montenoy, à 26 km du sud-ouest d’Amiens et à 5km au sud de Molliens-Dreuil, dans la vallée de la Terrière, nous offre les belles couleurs de l’orchis pourpre et de l’ophrys moucheron. Des chantiers et une cinquantaine de brebis entretiennent la montagne de juin à octobre.
     

    Par ailleurs, on peut y voir aussi ces plantes protégées :
    - l’orchis des marais (palustris) mesurant 20-60 cm, fleurissant en mai-juillet dans les milieux tourbeux,
    - l’orchis brûlé (ustulata) mesurant 10-25 cm, fleurissant en mai-juin sur les pelouses calcicoles ou mésotrophes,
    - l’ophrys araignée (sphegodes) qui est en réduction, mesurant 10-35cm, fleurissant en avril-juin sur les pelouses calcaires ensoleillées.

     


    votre commentaire
  • Sur la place principale de Crécy-en-Ponthieu, à près de vingt kilomètres au nord d’Abbeville, s’élève un curieux monument tout en hauteur, fait de briques et de pierres. Une plaque scellée sur son corps explique qu’il fut dressé en 1189 par Eléonore dite Aliénor d’Aquitaine qui épousa le roi de France Louis VII en 1137, lequel la répudia ; elle se remaria en 1152 à Henri II, roi d’Angleterre. Elle érigea cette colonne sculptée quand elle était comtesse de Ponthieu, en l’honneur de ses fils Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre, croisés en Terre sainte. Mais, se rapportant à des stèles semblables en Angleterre, des historiens ont pensé qu’elle fut plutôt érigée en la circonstance de la mort en 1290 d’Eléonore de Castille, également comtesse de Ponthieu, mais épouse du roi Edouard Ier d’Angleterre.

    La curieuse lanterne des morts à Crécy-en-Ponthieu


    Sur un socle de deux niveaux en pierre s’élèvent une  première partie travaillée à quatre colonnes formant carré, une deuxième partie creusée de niches à statuettes et une troisième partie qui est une flèche surmontée d’une croix latine. A partir de sa création et au fil des siècles, ce monument eut plusieurs noms : d’abord celui de pilori, ce qui pouvait faire penser qu’il avait le même rôle que ce monument de la place du Pilori à Abbeville, où depuis le XIIe siècle on exposait et marquait les voleurs, les blasphémateurs, les bigames et autres criminels qu’on tournait en général trois fois pour que chacun pût bien les voir. Il prit ensuite le nom du marché, certainement parce qu’un marché y avait lieu chaque semaine.
    En dernier lieu, on lui donna le nom de lanterne des morts, car son rôle se rapportait à une coutume. Elle consistait à placer au sommet d’une colonne, d’un pilastre ou d’un obélisque, une lampe à huile, en hommage à un décédé qui était certainement un éminent personnage du bourg ou de la région. Il existe une autre lanterne des morts encore visible sur la place de la Marne, à Abbeville, derrière l’église Saint-Gilles.
    Elle est d’un aspect quelque peu différent de celle de Crécy-en-Ponthieu, mais elle devait avoir le même office de célébration d’un décès, puisqu’elle est située juste à côté de l’église, et de plus au cœur de l’ancien cimetière qui  se trouvait juste à côté du sanctuaire religieux.

     

    Extrait du livre : "Picardie maritime insolite" 

     


    votre commentaire
  • Durant quatre années, de septembre 1914 à août 1918, deux groupes d’armées, les Allemands et les Autrichiens d’un côté, les Français et les Anglais de l’autre, s’affrontèrent sur notre sol.
    La population subit des sorts différents.
    Les hommes valides, jusque quarante ans, étaient mobilisés.
    Les civils restants étaient des femmes seules avec des enfants et des personnes âgées.
    Certaines familles ayant connu des épreuves et parfois des atrocités lors de la guerre de 1870 (40 ans auparavant) avaient fui devant l’envahisseur en direction de l’Oise et de la Seine-Maritime. Les autres, plus confiantes, croyant dans un retour imminent de l’armée française – qui n’est pas venue – durent supporter des épreuves que l’on imagine mal aujourd’hui.
    Dans nos vingt-six communes, pendant quatre ans, des milliers de soldats vont souffrir, être tués ou blessés. Des centaines de civils vont connaître l’exode, le joug de l’envahisseur, le dénuement, la faim, le travail forcé dès huit ans, la déportation dans des camps en Allemagne. Ils en resteront parfois mutilés à vie ou ils en périront.

     

    La Grande Guerre dans le Santerre

    Deux habitants de Soyécourt dans les ruines du village en 1918.

     

    Aujourd’hui encore, 95 ans après, pour les plus âgés qui ont côtoyé les acteurs ou les témoins de cette époque, il est évident que notre sol et notre population en portent encore les marques : plus de petits chemins encaissés bordurés d’épinettes, de poiriers et de pommiers à cidre. Plus de bosquets, de pâtures plantées, de châteaux, de vieilles églises et de granges construites en pierres blanches et briques associées.
    Par contre, notre terroir recrache encore des ossements de soldats, des obus et des grenades non explosés – les plus dangereux étant les obus à gaz asphyxiant qui se désagrègent par la rouille et peuvent encore lâcher leur gaz mortel –.

    Claude Namont

     

     Pour en savoir plus : le livre "1914-1924 : 26 communes dans la tourmente"

     


    votre commentaire
  • Histoire de Saint-Valery-sur-Somme

    par Ernest Prarond

     

     Pour en savoir plus...

     


    votre commentaire