• Le gouverneur espagnol de Doullens, Porto Carrero, averti que la ville se gardait bien pendant le jour, mais avec négligence pendant la nuit, résolut d’y entrer par surprise. Il réunit 3 à 4 000 hommes d’élite à Orville près de Doullens et vint s’embusquer, le 11 mars 1597 avant le jour, aux environs d’Amiens, près de la porte Montrescu. A huit heures du matin, lorsqu’on ouvrit la porte, une trentaine d’officiers et de soldats, déguisés en paysans et chargés de sacs et de fardeaux, se présentèrent pour entre : un d’eux laissa, comme par mégarde, s’ouvrir un sac, d’où s’échappèrent des noix. Les gens du guet se jetèrent dessus en riant et se battirent à qui les ramasserait. Au même instant parut une charrette conduite par quatre autres faux paysans qui l’arrêtèrent sous la herse, afin qu’on ne pût fermer la porte. Alors les Espagnols déguisés tirèrent des épées et des pistolets de dessous leurs souquenilles, et tombèrent sur la garde qui fut massacrée. Carrero et ses troupes accoururent, culbutèrent quelques bourgeois arrivés au bruit, et, divisés en plusieurs corps, marchèrent à la grand’place, à la cathédrale, à l’arsenal et aux divers points fortifiés de la ville. On était en carême : le peuple, assemblé dans les églises pour l’office du matin, fut tellement stupéfié quand il entendit les tambours ennemis au portail de Notre-Dame, qu’il n’opposa presque aucune résistance.

    Amiens, prise par surprise en 1597

    Porte « montre écus » par où les Espagnols pénétrèrent dans la ville.
    Les restes de cette porte furent enclavés dans la citadelle lors de sa construction.
    On lui avait donné ce nom à cause d’un écu que l’on voyait en haut et qu’un génie tenait dans ses bras.

     

    Le comte de Saint-Pol, gouverneur de la Picardie, et beaucoup de bourgeois s’enfuirent par les portes laissées libres ; cette riche et commerçante cité fut méthodiquement pillée pendant trois jours : quarante pièces de canon et tous les approvisionnements entassés dans Amiens pour faire le siège d’Arras, furent la proie du vainqueur.
     

    E. Coët

     

     

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  • Vient de paraître :

     

     Vient de paraître : Au temps jadis - Choses normandesAU TEMPS JADIS - CHOSES NORMANDES 
     Léon Boutry
     
     15 x 21 cm - 204 pages - Illustrations de Léon Le Clerc
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  • Mine et contremine au château de Péronne

    30 et 31 août : Ce prince déterminé à emporter le château dont le canon lui causait beaucoup de dommage, fait jeter encore sur la ville un grand nombre de feux d’artifice, afin de favoriser ses mineurs qui travaillaient à faire crouler une tour qui avait plus de quatre cents ans.
    1-2 et 3 septembre : Les batteries des assiégeants tirent sans relâche et rendent impossibles l’approche des remparts et toute opposition à leurs desseins. Néanmoins Sensenat, d’autres disent le capitaine Damiette, au moyen d’un coup hardi surprend et met à mort les mineurs : ce qui n’empêcha point les assiégés de contre-miner et d’élever une terrasse, pour y placer du canon et découvrir, de là, jusqu’au pied de la tour, pour la défendre.
    4 et 5 septembre : Avant de faire jouer la mine, le prince de Nassau somme de nouveau le maréchal de lui livrer Péronne sous vingt-quatre heures, avec promesse d’accorder la vie sauve à toute la garnison et de ne permettre le pillage que pendant trois jours ; sinon, il menace de passer tous les assiégés au fil de l’épée. Le maréchal lui répond avec son calme ordinaire : « Qu’après avoir reçu un puissant secours, il est encore bien moins disposé à se rendre, qu’à la première sommation ». Le prince irrité se met aussitôt en mesure de renverser la tour, sous laquelle il avait fait placer douze barils de poudre, pour y mettre le feu dès le lendemain.
    6 septembre : Le comte de Dammartin prévoyant tout ce que le succès de cette mine aurait de redoutable pour la ville, s’était empressé de la prévenir par une contre-mine : il y descend ce jour-là dès quatre heures du matin, avec 16 officiers de sa suite, et c’est dans ce moment fatal, que la mine ennemie saute et ébranle jusque dans ses fondements cette énorme tour, qui s’écroule et ensevelit sous ses ruines le malheureux Dammartin, avec 70 autres victimes, sans que les Péronnais puissent se procurer la consolation de retrouver son corps. D’Ameraucourt et d’Auxi le remplacent aussitôt ; l’un se porte sur la brèche de la tour et l’autre sur le rempart du château.

    Jules Dournel

     

    Extrait de :

     

    péronne de l'origine à 1880  HISTOIRE GÉNÉRALE  DE PÉRONNE
         
     Jules Dournel 
     
      14 x 21 cm - Reprint - 260 pages chaque partie :
     (1re partie : de l'origine à 1610 - 2° partie : de 1610 à 1880). 
     

     

     

     

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  • La position avantageuse de ce château et sa construction remarquable en faisaient une place de guerre très forte pour l’époque. Il avait la ville à l’Est et au Nord, la rivière de Bresle et de belles prairies au Sud et à l’Ouest. Il consistait en un donjon environné d’une muraille épaisse de plus de 2 mètres, et flanqué de cinq grandes tours. Ce donjon s’élevait majestueusement à une hauteur considérable, que l’on peut apprécier en sachant que sa base avait 28 mètres de diamètre hors-œuvre. Il était bâti de pierres grises nommées tufs, taillées en pointes de diamant et formant saillie. Ses murs avaient 7 mètres d’épaisseur et descendaient jusqu’à l’eau. Il était flanqué à chacun des quatre points cardinaux d’une tourelle engagée et faisant corps avec lui : celle du Sud contenait l’escalier ; les trois autres paraissaient avoir servi de cachots, puisqu’à la muraille de chacun d’eux étaient fixés un carcan et une chaîne. Dans le mur droit, au côté gauche de chaque tourelle, était percée une meurtrière, et on en voyait d’autres à diverses hauteurs. Sous ce donjon existait une sorte de cave admirablement voûtée en cul de lampe, présentant 13 mètres de diamètre et autant d’élévation : elle servait d’arsenal.
    On y descendait par un escalier de 21 marches si douces qu’on assure qu’un nommé Dunand, médecin à Samer, les descendit, il y a une cinquantaine d’années, avec son cheval et son cabriolet. A l’intérieur, entre la tourelle du Nord et celle de l’Est, un puits était percé dans l’épaisseur de la muraille pour les besoins de la garnison.

    Le château de Gamaches

    Ce donjon passait pour une des belles antiquités de Picardie. Il est connu depuis des siècles sous le nom de la Tour bise, soit à cause de sa couleur sombre ; soit à cause du bruit et du froid que produisait le vent en s’engouffrant dans les angles et en circulant entre la tour et les hautes murailles qui l’environnaient.
    Les tours qui existaient aux cinq cantons du château, étaient aussi très fortes. Leur face vers le donjon était plane. A la hauteur de la cour, c’est-à-dire à 6 mètres environ de leur base, elles portaient un diamètre variant de 8 à 9 mètres hors-œuvre. La muraille de la tour qui subsiste encore (vers 1900) est épaisse de 3 mètres, au niveau de la cour, et de 3 mètres 45 cent. dans le fossé. Son élévation jusqu’au larmier du toit est de 17 mètres. Il est probable que les quatre autres tours avaient une élévation à peu près semblable. Mais il est à remarquer que le fossé est rempli de plus d’un mètre.
    On communiquait d’une tour à l’autre par des galeries ménagées au-dessus de la muraille.
    Sous ces galeries et autour du donjon, on pouvait, dit-on, aisément ranger près de mille chevaux.

    M.-F.-I. Darsy

     

    Extrait de :

     

    Gamaches  GAMACHES ET SES SEIGNEURS

      
    M.F.I. Darsy

      
    Ouvrage paru en 1858 - 14 x 21 cm - Reprint 240 pages - Illustrations
     
     

     

     

     

    Gamaches  GAMACHES ET SON CANTON

      
    M.F.I. Darsy

      
    Ouvrage paru en 1854-56 - 15 x 21 cm - Réédition 230 p. avec illustrations, cartes postales anciennes 
     
     
     
     
     
     
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  • Le 1er mars 1917, trois bateaux de pêche furent coulés devant Cayeux, par un sous-marin allemand ; le chalutier à vapeur “ Elise ”, de Calais, monté par 9 hommes, ainsi que les bateaux de Cayeux “ Général Radiguet ”, patron J-B. Mopin, et “ Joseph-Adolphine”, patron Adolphe Rivet, montés chacun par 3 hommes. Les équipages purent se sauver.

    1917, 3 bateaux de pêche coulés devant Cayeux-sur-Mer

    Un submersible allemand pendant la Grande Guerre

     

    Voici le récit de l’événement, que m’a fait le patron J.-Baptiste Mopin :
    Le 1er mars, vers 3 heures de l’après-midi, notre flottille se livrait à la pêche en face de Cayeux, à 4 km environ du rivage, lorsque l’attention des marins fut attirée par une canonnade qui éclatait assez près d’eux ; ils crurent d’abord à des exercices de tir exécutés soit par les troupes de l’armée belge en garnison à Eu et qui venaient souvent évoluer à Cayeux, soit par trois grands chalutiers qui filaient à toute vapeur vers le nord, en passant à 1 km au large des barques cayolaises. Au bout d’un instant, cependant, les pêcheurs eurent vite fait d’apercevoir qu’un sous-marin, naviguant en surface, donnait la chasse à ces trois chalutiers.
    L’un de ceux-ci ne tardait pas, d’ailleurs, à être atteint par un projectile et à couler ; les deux autres réussirent à s’échapper du côté du Hourdel, en se rapprochant de la côte.
    Sur ces entrefaites, les bateaux cayolais avaient mis eux-mêmes, à toutes voiles, le cap sur le rivage, mais le sous-marin se rapprochait rapidement d’eux et se dirigea vers le “ Général Radiguet ”, monté par le patron Mopin J-B., âgé de 53 ans, par son fils J-B. Mopin (blessé aux jambes dans l’infanterie coloniale en septembre 1915 et à peine rétabli de ses blessures) et par Gosse Alexandre, dit Cotillon.
    Aussitôt à portée de la voix, le capitaine allemand avait enjoint à l’équipage du bateau de pêche de descendre dans le bachot du bord et de venir prendre ses ordres, les matelots obéirent. Dès que le bachot fut rangé près du sous-marin, un soldat allemand sauta à bord et, saisissant la godille, fila droit sur le “ Général Radiguet ”, dans lequel il fit déposer, par le patron Mopin lui-même, une bombe en forme de bouteille. Le bachot revint alors près du sous-marin, prit une 2e bombe et s’en fut la porter à la barque “ Joseph-Adolphine ”, qui naviguait à proximité, et dont l’équipage reçut également l’ordre de descendre dans son bachot. Quelques minutes après,
    les deux bateaux sautaient, pendant que les équipages regagnaient le rivage.
    Le même jour, le patron Lhermet, de Calais, venait déclarer à la mairie que son bateau chalutier “Elise ” avait été coulé par un sous-marin et que l’équipage avait réussi à se sauver.

    Anatole Mopin

     

    Extrait de : 

     
    cayeux sur mer
     
    HISTOIRE DE CAYEUX-SUR-MER
     
    Anatole Mopin 
     
    15 x 21 cm - 254 pages
     

     

     

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