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    - 7e épisode -
    Un héros de la fable et de l'histoire

     

         De retour en France, le duc de Guise s'occupa plus d'intrigues amoureuses que d'intrigues politiques. Il reprit son projet d'épouser mademoiselle de Pons ; mais, « ayant su qu'elle lui étoit infidèle, il la traita fort indignement ; il lui fit même un procès, dans lequel il réclamoit en justice des pendants d'oreilles estimés cinquante mille écus. » Son inconstance lui fit porter ses hommages aux pieds de mademoiselle de Gorce, dont il fut si tendrement aimé, qu'après la mort du prince elle prit l'habit de carmélite. Il se déclara pour la belle duchesse de Montbazon, dans sa célèbre querelle contre la duchesse de Longueville, et se battit en duel sur la place Royale avec le comte de Coligny, qui fut blessé et désarmé.
         C'était un des seigneurs de la cour les mieux faits, les plus brillants, les plus spirituels ; on le choisit, en 1656, pour aller au-devant de la reine Christine de Suède et la recevoir à la frontière. Dans les carrousels, il se faisait toujours distinguer par sa beauté, son adresse et l'éclat de ses armes. Lorsqu'il parut à côté du prince de Condé, dans le fameux carrousel des Tuileries, on disait : « Voilà les héros de la fable et de l'histoire ! » Son courage était extraordinaire ; mais son orgueil le rendait quelquefois barbare. Un jour à Naples, dans une révolte, un soldat avait murmuré contre lui : « Il poussa son cheval à lui, et mettant l'épée à la main, la lui passa à travers du corps, et le tua roide, en s'écriant : Y en a-t-il d'autres qui veulent mourir de ma main ? » Et comme si c'était un honneur de mourir ainsi de sa main, il dédaigna, dit-il, d'en tuer un second, et le fit livrer au bourreau...

    Le château d'EU au théâtre de l'histoire - en 10 épisodes - 7° -

    La Princesse de Conti au château d'Eu en 1600.


        Plusieurs historiens le représentent comme un héros de roman ; ils vont jusqu'à dire, « que les femmes qui l'aimoient pouvoient connoître à l'émotion de leur cœur, et sans le voir, s'il étoit présent. »
        Dans ses mémoires il ne se défend pas d'être d'amoureuse complexion ; mais il rejette avec une sorte de modestie, qui ne lui était cependant pas habituelle, le titre d'homme à bonnes fortunes : « Toutes les belles de la ville et quelques-unes des dames, dit-il, tâchoient d'embarquer avec moi un commerce de galanterie ; mais je fermois les yeux et les oreilles à tant de belles amorces. » On voit par le genre de vie qu'il avait adopté pendant son séjour à Naples, qu'il savait, quand il le voulait, faire du temps un laborieux emploi. Le matin, il donnait des audiences publiques ; de là, il allait à la messe, faisant arrêter sa chaise en chemin pour répondre à tous ceux qui avaient quelque chose à lui dire... Durant son dîner, il faisait venir sa musique, qui était des meilleures de l'Europe ; il montait à cheval, visitait tous les postes. De retour à son palais, les audiences recommençaient. Retiré dans sa chambre, il se faisait lire tous les placets qui lui avaient été présentés dans la journée, répondait à tous ; ensuite il soupait, tantôt seul, tantôt avec ses confidents ; signait les réponses aux dépêches reçues des divers points du royaume ; mais pour ce qui regardait ses négociations avec la noblesse, il faisait toutes les réponses de sa main ; ne se mettait au lit qu'à trois heures du matin ; ordonnait à son valet de chambre de le réveiller à quelque heure de la nuit que ce pût être, pour parler à tous ceux qui avaient quelque chose à lui dire, ce, qui arrivait ordinairement cinq ou six fois. « Aussi, dit-il lui-même, pendant cinq mois de temps, je n'ai pu prendre celui ni de manger, ni de dormir à mon aise. »
        Le duc de Guise ne visita qu'une seule fois le comté d'Eu ; c'était en 1653. Il arriva dans cette ville le 31 octobre, à dix heures du soir. « On alluma des feux de joie dans toutes les rues ; on mit aux croisées des lanternes aux couleurs des Guises. La garde bourgeoise était commandée par Louis Caperon. La population fit retentir l'air de ce cri : Vive le duc de Guise, comte d'Eu ! Il y eut le lendemain une foule extraordinaire pour voir dîner le duc. Il fit jeter au peuple tout le dessert de sa table, et ayant distingué dans la foule une jeune fille qui passoit pour la plus belle de la ville, il lui envoya présenter de sa part un bouquet par deux de ses officiers. »

    à suivre...

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     château d'EuHISTOIRE ET DESCRIPTION

     DU CHÂTEAU D’EU 

     Souvenirs historiques des résidences royales de France

     J. Vatout
      
    14 x 21 cm - 430 pages - Cartes postales anciennes

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    - 6e épisode -
    On n'acheva pas les travaux

        Catherine de Clèves avait plus d'une fois invité le prince son époux à visiter le comté d'Eu, qu'elle lui avait apporté en dot ; mais les agitations politiques avaient toujours retardé ce voyage : cependant, il eut lieu en 1578. Le duc de Guise était accompagné du duc de Mayenne, son frère, et d'une foule de grands seigneurs de son parti. « Le jour de son entrée, tous les bourgeois de la ville d'Eu étaient vêtus aux couleurs du prince et de la princesse : on avait formé deux compagnies ayant pour capitaines, la première, Antoine Duhamel, lieutenant des eaux et forêts, la seconde, Mathieu Creton, contrôleur du grenier à sel. Le duc de Guise fut harangué par le maire, François Duhamel. Il répondit avec une affabilité qui charma tous les habitants. La duchesse avait la figure agréable, enjouée, et un certain air de galanterie. Le duc de Guise fut si content de la position et des habitants d'Eu, qu'il résolut d'y faire un château à la place du simple bâtiment de bois et fort commun, qui en tenait lieu. »
        Les plans furent dressés ; leur exécution commencée en 1578 par Claude Leroi, de Beauvais, fut suspendue entreprise en 1581, mais on n'acheva pas les travaux. Le château actuel n'était qu'une aile du projet, sur laquelle avait été construite perpendiculairement l'aile qui fermait le fond de la cour, du côté de la vallée de la Bresle ; cette aile perpendiculaire, où plus tard mademoiselle de Montpensier fit une galerie des rois de France, a été démolie en 1806. La troisième aile, du côté de la place, n'a jamais été bâtie. Il n'y avait point de jardins : seulement, autour du vieux manoir des anciens comtes d'Eu, à gauche du jardin actuel, il existait un parc et de grands arbres à l'ombre desquels Guise allait tantôt rendre la justice à ses vassaux, tantôt tenir conseil avec ses amis sur ses futures destinées ; quelque fois aussi recevoir mystérieusement les confidences du P. Mathieu, le courrier de la Ligue. Quelques-uns de ces vieux hêtres ont triomphé des siècles ; on les voit à l'entrée du parc au-dessus de la chapelle ; les habitants leur ont donné le surnom de Cuisards, et le roi, Louis-Philippe, par respect pour leur âge et pour les souvenirs qu'ils rappellent, les a fait entourer d'une balustrade, au milieu de laquelle est une table où l'on a gravé cette inscription : « C'est ici que les Guises tenaient conseil au XVIe siècle. »

    à suivre...

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    - 5e épisode -
    Ainsi périt le vieux château

        Au milieu de l'apparente gaieté de Louis XI, une pensée sinistre a traversé son esprit : le connétable lui demande de remettre aux mains du roi d'Angleterre les villes d'Eu et de Saint-Valery. S'il refuse, n'est-il pas à craindre que Saint-Pol ne livre lui-même ces deux places ? il n'est pas homme à reculer devant une nouvelle trahison. Ce serait pour lui un moyen de se réconcilier avec Édouard IV, et en même temps de rompre la paix qu'on négocie. Dans la position extrême où il se trouve, le comte doit redouter le départ des Anglais ; il a besoin des inquiétudes que leur approche cause à la France : de son côté, Édouard doit tout sacrifier à un établissement dans le royaume. La tête de Louis XI fermente ; il soupçonne un complot : afin de le prévenir, il prononce la destruction des villes d'Eu et de Saint-Valery, et l'exécution de cet arrêt est aussi prompte que terrible.

    Le château d'EU au théâtre de l'histoire - en 10 épisodes - 5° -

    Incendie du château de la ville d'Eu en 1475.


        Le roi envoya à Eu le maréchal de France Joachim Rouault, seigneur de Gamaches, Jean du Bellay, seigneur de Briquebec, et François de la Sauvagère, à la tête de quatre cents lances. Arrivés dans cette ville le mardi 18 juillet 1475, ils communiquent leurs ordres au maire Guillaume du Perrin, et donnent quelques heures aux habitants, pour évacuer leurs maisons. L'incendie commence à neuf heures du matin. Dans le premier moment, les habitants, frappés de stupeur ; gardent un morne silence ; ils n'entendent pas la voix de leurs magistrats qui les pressent d'enlever leurs effets les plus précieux ; ils ne peuvent croire à une sentence aussi barbare. Mais des soldats apparaissent par les rues, ils portent des torches, ils promènent le feu, qui bientôt se communique, de toutes parts. Les malheureux habitants sortent de leur accablement ; l'imminence du danger les rappelle au sentiment de leur misère, et ils se précipitent dans leurs demeures pour disputer aux flammes ce que dans un instant elles auront dévoré. Beucoup furent blessés en cette lutte ; plusieurs y périrent. Enfin, l'incendie domina en maître, et les places se couvrirent de bestiaux, de meubles et d'effets noircis par la fumée ou à demi consumés par le feu, autour desquels tournait une foule haletante et désespérée. Au milieu de cet affreux pêle-mêle, la trompette retentit ; elle annonce le signal de la retraite, il faut sans retard quitter la ville. Alors on vit s'éloigner une longue colonne de femmes, d'enfants, de vieillards chassés par les flammes et par les soldats de Louis XI ; ils marchaient courbés sous la douleur, plus encore que sous les fardeaux, et jetaient en pleurant un dernier regard sur leurs toits embrasés. Le château et la ville entière, à l'exception des églises, furent réduits en cendres. Dieppe et les cités voisines s'accrurent de ce grand désastre.
        Ainsi périt le vieux château d'Eu dont l'origine remontait aux premiers jours du duché de Normandie. Illustre par son fondateur, par ses propriétaires, par les événements dont il fut le théâtre, il joua pendant plus de cinq siècles un rôle important. Il fut témoin de l'élévation des princes normands et de la chute, des Carlovingiens, prédite par l'imbécillité de Charles le Simple. Il vit ces deux rivaux célèbres préludant par des embrassements à la sanglante lutte de Hastings, où l'un trouva une couronne, l'autre la mort ; il vit les successeurs du Conquérant et entendit les projets ambitieux qui préparèrent leurs querelles. Il reçut Philippe-Auguste, Philippe de Valois, Charles VI, et offrit une hospitalité royale à ce même Louis XI qui ordonna sa ruine. Plus tard, Henri Ier de Lorraine, duc de Guise, relèvera ses murailles : des cendres du vieux château sortira un nouveau palais, où le Balafré renouera la chaîne des grands souvenirs qui commence à Rollon, traverse notre histoire et s'arrête au roi des Français...

    à suivre...

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    - 4e épisode -
    Jour de fête et déception

    La ville d’Eu est dans la joie ; les rues sont ornées de tapisseries ; çà et là flottent des bannières rouges fleurdelisées. Les habitants ont revêtu leurs habits de fête ; le mayeur s’agite au milieu des échevins et des principaux de la cité ; le clergé se dispose avec calme à sortir processionnellement. Au château, on remarque un mouvement extraordinaire : une foule de pages, d’écuyers, de valets encombrent les cours. Dans l’intérieur est rassemblé tout le baronnage des environs : des seigneurs, des dames, des damoiselles circulent dans les salles, et devisent avec vivacité. Que se passe-t-il donc ? On attend Philippe le Hardi. Le roi a promis à Jean Ier de Brienne de visiter le château d'Eu à son retour d'Amiens ; il a été le compagnon d'armes du comte en Palestine, où saint Louis arma chevalier le fils d'Alphonse de Brienne, quand il n'était encore, dit Joinville, « qu'ung jeune jouvencel. »

    Le château d'EU au théâtre de l'histoire - en 10 épisodes - 4° -

    Mariage de Guillaume le Conquérant au château d'Eu.


    Voici ce qui avait amené Philippe le Hardi dans le voisinage du château d'Eu : En 1279, Édouard Ier, roi d'Angleterre, s'embarqua avec Éléonore sa femme, fille et héritière de la reine Jeanne, comtesse de Ponthieu et de Montreuil ; ils venaient en France prendre possession de ces deux fiefs qui relevaient de la couronne. Arrivés à Calais, ils se rendirent à Amiens, où Philippe le Hardi les reçut somptueusement. Dans cette entrevue, on conclut divers traités par lesquels la cession de l'Agenois, du Limousin, du Périgord, de la Saintonge, fut confirmée à Édouard Ier. De son côté, le monarque anglais, pour obtenir l'investiture des comtés de Montreuil et de Ponthieu, dut renoncer comme son père, Henri III, à toutes prétentions sur la Normandie. On s'occupa encore du droit de rachat qu'Édouard Ier était obligé de payer au roi de France, en qualité de comte de Ponthieu, et on le
    fixa de gré à gré à six mille livres, remboursables à Paris, au Temple, en trois termes, savoir : deux mille livres présentement, autant à la fête de la Chandeleur, et le reste à l'Ascension prochaine. Ensuite les deux monarques se séparèrent. Philippe le Hardi ne put remplir sa promesse envers Jean Ier de Brienne ; il n'alla pas au château d'Eu, au grand désappointement des habitants, des chanoines de Notre-Dame, de la noblesse, qui avaient fait des préparatifs, et au plus grand déplaisir du châtelain, qui s'était ruiné dans l'espérance d'accueillir dignement un hôte royal.

    à suivre...

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    - 3e épisode -
    Amour, crime et reconquête

        Au bout de quelques jours passés dans les plaisirs, le roi d'Angleterre parcourut le comté de la Marche, où l'accueil de Hugues le Brun ne fut pas moins brillant que celui de son fils le comte d'Eu. Jean sans Terre ne tarda pas à reconnaître l'hospitalité de cette noble famille ! Dans une partie de chasse, il rencontre une jeune fille dont l'extérieur et l'escorte annoncent le haut lignage. Frappé de sa beauté merveilleuse, il en devient subitement amoureux, il veut sur-le-champ s'en emparer. On lui dit que c'est Isabelle, fille d'Aimar, comte d'Angoulême ; qu'elle est fiancée à Hugues, frère du comte d'Eu, le fidèle Lusignan. Rien ne l'arrête ; il fond comme un vautour sur la jouvencelle tremblante, et l'emporte malgré ses cris. Quand elle fut en son pouvoir; il fit briller à ses yeux le diadème, et parvint bientôt à sécher les pleurs de sa captive ; l'ambitieuse Isabelle renonça sans peine pour une couronne à ses engagements avec le fils d'un comte ; et le mariage eut lieu à Angoulême le 24 août 1200. Jean sans Terre préluda ainsi à l'assassinat par le rapt.
         Cet acte déloyal fut la première cause de la révolution qui fit perdre à un indigne monarque la plus grande partie de ses possessions françaises, et faillit à le renverser du trône.
          Les Lusignan, furieux, vengèrent leur injure en insurgeant le Poitou et l'Anjou. Raoul Ier courut à son château d'Eu ; et de là il souleva la noblesse normande. Jean sans Terre punit la révolte des Lusignan en les dépouillant de leurs fiefs. Le château d'Eu fut confisqué. Les barons dépossédés en appelèrent au suzerain du monarque anglais, à Philippe-Auguste dont ils étaient eux-mêmes arrière-vassaux. Suivant le régime féodal cet appel était régulier : Jean était soumis en certains cas au tribunal du roi de France ; il le déclina. Philippe, jaloux de conserver des droits qu'on invoquait, prit en main la cause des Lusignan et déclara la guerre à son vassal rebelle. Dans le cours des hostilités, Arthur, duc de Bretagne, qui combattait pour les Français, tomba en la puissance de son oncle. Jean voulut arracher au malheureux Arthur une renonciation à l'héritage de Richard : ses prières ni ses menaces ne purent vaincre la courageuse fermeté du jeune prince ; il chercha un bourreau ; et, n'ayant pu trouver dans tout son royaume un homme aussi lâche, aussi misérable que lui-même, il égorgea son neveu au pied de la
    tour de Rouen, et jeta son cadavre dans la Seine (Arthur n’avait que 15 ans).
    Ce forfait souleva l'indignation de la France. Philippe-Auguste convoqua à Paris les barons possesseurs de fiefs relevant de la couronne, comme le roi d'Angleterre ; il en composa une cour des pairs. Cité devant elle pour rendre compte de l’assassinat du duc de Bretagne, Jean sans Terre refusa de comparaître. La cour des pairs le condamna à mort, comme convaincu de meurtre et de félonie, et prononça la confiscation de toutes ses possessions du continent au profit de son suzerain. Philippe entra aussitôt en Normandie à la tête d'une armée, pour mettre la sentence à exécution ; et, en 1204, il reconquit une province enlevée par Rollon deux cent quatre-vingt-douze ans auparavant. Le château d'Eu, fondé par le chef des Normands, devint un fief immédiat de Philippe-Auguste.
         La justice de cette confiscation a été fort controversée, surtout par les historiens anglais. Le monarque français exploita sans doute avec la supériorité de sa politique l'horreur d'un grand crime ; mais il fut aidé dans l'accomplissement de ses desseins sur le duché par la Normandie elle-même ; à l'exception d'un très petit nombre de villes, elle courut tout entière au-devant d'une domination nouvelle en haine de l’assassin d'Arthur. D'ailleurs, Philippe avait le droit de reprendre à la lâcheté de Jean sans Terre, ce que Rollon avait arraché à la faiblesse de Charles le Simple. La conquête eut des résultats immenses ; elle plaça dans la mouvance directe de la couronne ces redoutables feudataires normands, toujours prêts à s'armer contre la France ; elle changea une suzeraineté fictive en un pouvoir réel, et restitua à l'autorité royale une partie de ce caractère de force et de grandeur qu'elle avait perdu depuis Charlemagne.

    à suivre...

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