• Violence et conflits sociaux.
    Ce qu’il est convenu d’appeler « La Belle Epoque » fut une période d’opposition radicale et souvent brutale entre une bourgeoisie triomphante et un prolétariat, exaspéré par l’injustice sociale, mais conscient de sa force et de ses possibilités d’action.
    Pour faire simple on peut distinguer deux grandes lignes d’actions politiques qui animaient les milieux ouvriers : le socialisme et l’anarchisme. Pour les problèmes qui nous concernent ce qui distingue ces deux courants de pensées c’est que la violence était pour les anarchistes le moyen d’action privilégié puisqu’il s’agissait prioritairement de détruire la société telle qu’elle était organisée, tandis que pour les socialistes la violence résultait des conditions d’exploitation des ouvriers qui, subissant journellement la violence patronale, étaient parfois acculés à riposter en l’utilisant à leur tour ou agissaient dans des moments d’exaspération.
    Dans les conflits sociaux, où se côtoyaient anarchistes et socialistes de toutes tendances, les actes de violence résultèrent le plus souvent de licenciements jugés injustifiés où abusifs, de conflits qui ne trouvaient pas d’issue dans les négociations,  négociations au demeurant souvent rejetées par le patronat.
    Dans de très nombreux cas la violence se limita à quelques bris de carreaux ou de réverbères au cours de manifestations. Mais dans les conflits les plus durs la violence put se manifester par des bris de machines comme dans le mouvement de grève qui éclata dans l’usine Saint Frères d’Harondel, dans la vallée de la Nièvre, en février 1910 : sous le titre « Un tissage saccagé » Le Progrès de la Somme du 4 février 1910 rend compte des incidents qui ont accompagné le mouvement en évoquant des vitres brisées, des meubles renversés, des machines rendues provisoire-ment inutilisables. Cinq ouvriers seront inculpés et condamnés à des peine de prison allant jusqu’à trois mois pour les peines les plus lourdes. Plus graves avaient été la journée d’émeute du 3 avril 1906 au cours de laquelle le château d’un des propriétaires de l’établissement en grève fut incendié. Nous avons déjà signalé les sabotages, relevés à plusieurs reprises dans la presse locale, qui eurent lieu sur les voies ferrées et les machines pendant la grande grève des cheminots d’octobre 1910.

    La guerre sociale en Picardie à la Belle Epoque

    Fressenneville : cortège de grévistes, "Dansons la Carmagnole : Vive le son !" - Collection J.-L. Gaillard


    Les ouvriers en grève étaient bien souvent confrontés à ce qu’il conviendrait d’appeler une violence légale. Les déploiements de troupes et de gendarmerie autour des usines en grève engendraient fréquemment des heurts et des violences. Ainsi à Amiens, en avril 1904, une charge de cavalerie contre des travailleurs regroupés près d’une usine en grève fait un mort et plusieurs blessés à la suite de quoi la foule en colère moleste un lieutenant colonel qui ne trouve son salut qu’en se réfugiant dans une maison. Pendant plusieurs jours des manifestations importantes auront lieu dans les rues d’Amiens constamment dispersées par la troupe. Le 18 avril 7 manifestants sont condamnés à des peines allant de 3 jours à 3 mois de prison. Rendant compte de ces sentences Le Cri du Peuple du 21 avril écrit : « Ces condamnés ont-ils volé, pillé, commis les pires forfaits ? Ils ont simplement usé du droit de manifestation dans la rue. »
    Il faut noter cependant que si le nombre annuel de grèves à augmenté entre 1890 et 1914, elles se sont de plus en plus souvent déroulées dans le calme et dans un cadre légal. Le patronat quant à lui, sans égards pour le fait que le droit syndical et le droit de grève étaient légaux, pratiquait souvent des licenciements ciblés à la suite des grèves qui avaient échoués. A la suite de la grève de l’usine d’Harondel dont il a été question ci-dessus 162 ouvriers syndiqués ou soupçonnés de l’être furent licenciés. La lutte antisyndicale fut d’ailleurs une constante dans le milieu patronal où la chasse aux responsables syndicaux  était une pratique courante. L’exigence, à la suite d’une grève, de ne permettre la reprise du travail qu’après la dissolution du syndicat exprimée par un patron verrier de Saint Maxent en est une autre illustration.
    Au début du XXe siècle la violence, légale ou non, continuait à caractériser les conflits qui opposaient les salariés au patronat, un patronat qui jouait sur la légalité en faisant appel quand c’était nécessaire à la force publique, mais licenciait impunément grévistes et syndiqués.

     

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  • Les cartes postales du jour...     Les cartes postales du jour...

    Dieppe : Le Casino et les Bains.                                                               Dieppe : Le Boulevard maritime.


    Les cartes postales du jour...     Les cartes postales du jour...

    Dieppe : Le "Furet" rentrant de promenade.                                             Dieppe : La jetée à l'heure de la marée.

     


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  • Vient de paraître :

    Abandonnée pendant les guerres de religion de la seconde moitié du XVIesiècle, la conquête par la France de l’Amérique septentrionale connut un regain de gloire sous le règne d’Henri IV.
    En quelques années une Nouvelle-France se développa à partir de deux solides points d’ancrage qui fixèrent définitivement la présence française. L’un en Acadie, avec la création en 1606 du premier établissement français pérenne d’Amérique : Port-Royal. L’autre, au Canada, en 1608 sur les rives du Saint-Laurent : Québec.
    Dans notre mémoire collective, Québec reste l’œuvre incontestée de Samuel de Champlain mais on se souvient peu de Port-Royal et encore moins de ses fondateurs : Jean de Poutrincourt et son fils Charles de Biencourt.
    Ces Picards d’origine prirent le risque d’engager leurs biens et leur vie dans une entreprise incertaine.  
    Comme Sully avait convaincu le roi de ne pas participer financièrement à ces expéditions lointaines, Henri IV se limita à encourager ces aventuriers en leur octroyant, par lettres patentes, des titres honorifiques et des privilèges souvent aléatoires…  

    BIENCOURT - Aventurier Picard, pionnier en Nouvelle-France

    Charles de Biencourt, dessin de Michèle Collard, © Editions la Vague verte.


    En contrepartie le souverain exigea d’eux d’emmener des missionnaires jésuites pour assurer la conversion des peuplades indiennes à la religion catholique.
    Nos intrépides découvreurs projetaient d’installer au-delà une riche colonie agricole organisée sur le modèle féodal et dont ils seraient les seigneurs.
    Chaque voyage outre-atlantique coûtait cher : la seule fortune personnelle des Biencourt-Poutrincourt n’aurait pas suffi pour réaliser leur rêve. Aussi durent-ils se transformer en hommes d’affaires en s’associant à des marchands dans des compagnies commerciales dont les profits proviendraient du trafic des peaux de castor et de la pêche à la morue.
    Quant aux candidats à l’exil désireux de se fixer en Acadie, ils ne furent guère nombreux dans les débuts et il fallut aux Picards beaucoup d’abnégation et de persévérance pour réussir à construire leur colonie.

     
    Dans un premier essai* Jean-Claude Collard s’est attaché à suivre les aventures de Jean de Poutrincourt ; dans ce second ouvrage, il nous invite à partager la courte mais passionnante vie de Charles de Biencourt dont la bravoure ne fait pas mentir le vieil adage latin : « Qualis pater, talis filius ».
     
    * Poutrincourt, aventurier picard en Acadie, Editions la Vague verte.  

     

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  • Vers le milieu du XIXe siècle, un fermier gentilhomme américain de l’Iowa, M. Hesse Hiatt, découvrit un jour dans son verger un nouveau pommier. 
    Les premières pommes récoltées avaient une si belle robe jaune dotée d’un goût acidulé si inhabituel et surtout d’une productivité si intéressante que notre fermier décida à en développer la culture à l’échelle industrielle.
    Il la baptisa du nom de « golden delicious ». Une appellation magique qui allait lui permettre de conquérir d’abord le Nouveau Monde en quelques années. Puis ce golden fit en sens inverse le chemin de Christophe Colomb et gagna l’Europe où il finit par régner en maître dans nos supermarchés.
    L’âge de déclin des autres pommes commence. L’une après l’autre, nos espèces traditionnelles passent au second rang. Elles disparaissent, exterminées comme furent jadis les dinosaures. Désormais, on ne verra partout que ces « golden » fades, frigorifiés, nourris aux engrais, protégés par les pesticides, d’un goût standardisé, d’un jaune terne, d’une taille parfaite, calibrée, irradiée, empaquetée, cirée, conditionnée au conservateur, garantie par le code-barre. Le fruit de l’Eden entre dans l’ère de la monotonie, rendement et marketing obligent. 

    Qui se souvient des pommes d'antan ?
    Où sont les odorantes et savoureuses « Joséphine d’été » de nos parents, les « borowski », les « alexandre », les « brabant belle fleur », les « reinettes du roi », les « Robert de Rennes », les « merveilles d’hiver »... ? 
    Rien que pour la seule « caville rouge », il existait, un siècle à peine avant le triomphe du golden, plus de 32 variétés sur le marché ! Elles ont complètement disparu depuis, décimées non pas par les chenilles, mais par l’inondation des flots monotones et implacables de « golden ».
    Qui de nous se souvient encore de ces « pommes princesses » en fleur que peignait Van Gogh, de ces « api étoilé » de Cézanne, de ces « pommes figues » au soleil d’or de Braque ? Y a-t-il encore un poète pour chanter leur requiem ?

    Michèle Didou-Manent



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  • Les cartes postales du jour...       Les cartes postales du jour...

    Le Tréport : La fête des baigneurs en 1906.                                           Le Tréport : Sur la plage à marée basse.

     

    Les cartes postales du jour...       Les cartes postales du jour...

    Le Tréport : Le bain des enfants.                                                        Le Tréport : Flânerie sur la jetée.

     

     


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