• Quatre journaux de la Révolution (1770-1801)

     

    Dès le XVIIe siècle, alors que les gazettes naissantes n’étaient encore que de sèches chroniques hebdomadaires, c’est par les nouvellistes que les informations circulaient sous le manteau.
    Dans un coin de jardin public ou autour du poêle de quelque café, quelle joie pour ces infatigables oisifs de deviser des échos de la cour et de la ville, de décider en paroles des affaires du royaume.

    Les journaux qui ont paru dans le département de la Somme au cours de cette période sont au nombre de quatre :
    1°) « Annonces, affiches et avis divers de Picardie (etc) ».
    Numéros conservés : de janvier 1770 à l’an XI.
    2°) « Le courrier du département de la Somme » à partir de juillet 1790.
    3°) « Le journal général de la République française », à partir de mars 1793.
    4°) « La Décade », à partir du 9 pluviôse an VI (28 janvier 1798).

    Deux de ces journaux donnent, sans commentaires, des informations sur les événements politiques : Le Courrier du Département de la Somme et Le journal général de la République française.
    Les Annonces, affiches de Picardie, sont par contre, un journal d’annonces diverses.
    Le journal de la République, et La Décade, donnent uniquement les nouvelles officielles (comme Le Moniteur qui paraissait à Paris), et cela sans prise de position purement politique.
    Le département ne paraît pas avoir, pendant la Révolution, de presse vraiment engagée. Seul Le Courrier du Département prend position sur les événements, mais pendant une courte période, de juillet 1790 jusque 1791. Ainsi, dans les années ardentes de 1793 et l’an II, Le département ne paraît pas avoir eu de presse libre ou partisane, ni de journaux de combat. Il faut remarquer que si les hommes politiques d’Amiens, dAbbeville et des autres villes de la Somme furent d’abord favorables à la Révolution, ils restèrent modérés. A partir de 1793, évident fut l’ascendant d’André Dumont, le fougueux député montagnard. Or celui-ci ne se sert pas de la presse pour se faire connaître ou obéir. Il devient populaire dès son élection à la Convention en septembre 1792.
    Il manifeste son autorité au cours de ses multiples périples dans le département de la Somme et dans le Boulonnais.
    Une presse qui ne donnait que des annonces officielles suffisait sans doute aux citoyens de la Somme. De ce fait, les pouvoirs locaux comme les citoyens eux-mêmes ont suivi, sans trop de conflits, les directives du pouvoir central, les ordres de Dumont.

    1°) Le plus important de ces journaux paraît dès 1770, sous le titre :
    « Annonces, Affiches et Avis divers de Picardie, Artois, Soissonnais et Pays-Bas français. »

    En 1778, on retranche les Pays-Bas français et d’Artois. Le titre devient alors : « Affiches, Annonces et Avis divers de Picardie et du Soissonnais ».
    En 1790, le titre devient : « Affiches du département de la Somme ». Il est édité chez Godard, libraire à Amiens, d’abord rue des Rabuissons, puis rue Saint-Méry. Après lui, en août 1777, l’imprimeur-éditeur sera Jean-Baptiste Canon l’aîné, place du Périgord à Amiens.
    Il paraît tous les samedis, en une feuille grand in-4°. A partir du 6 janvier 1770, le prix s’élève à 7 l. 10 s. par an. En 1792, il atteint 9 livres. Le dernier numéro est daté du 9 floréal an IX (29 avril 1801). A partir du 1er nivôse an II, il ne paraît plus que les 10, 20, 30 de chaque mois, jours de Décade.

    C’est en premier lieu un journal d’annonces, avec en plus des articles divers sur l’agriculture, le commerce, les arts, la littérature, la jurisprudence, la médecine, l’hygiène, des recettes, des nouvelles de la province, les arrêts du Conseil d’état du Roi, les décès, les mariages, l’entrée des navires dans les ports de Dunkerque et de St-Valery, le prix des grains, les livres nouvellement parus. En 1792, la première page donne toujours les biens à vendre ou à louer, les divers objets à vendre, les demandes d’emploi. On trouve dans les pages suivantes les prix des gains, les observations météorologiques, les incendies, les cérémonies à Amiens, les spectacles, les adresses au Roi, les livres nouveaux parus chez Caron l’aîné, et aussi des poésies, des logogryphes, des fables, des bouts-rimés, des charades, des extraits du Registre aux délibérations de la municipalité d’Amiens et du Conseil du Département.
    Le n° 44 des Affiches du département de la Somme (3 novembre 1792) publie un article signé Babeuf : « Aux acteurs du théâtre d’Amiens », article reproduit par Maurice Dommanget dans son livre : « Pages choisies de Babeuf ». Celui-ci était déjà connu dans le Santerre et l’Amiénois, et il est intéressant de souligner cet article, dans un journal qui donnait peu d’avis politiques en général.
    Jacques Foucart a signalé un autre article de Babeuf paru dans le n° du 16 juillet 1791 des « Affiches ».
    Le 5 octobre 1793, le journal publie in extenso la loi sur le Maximum des prix, loi qui vient d’être votée. Tous les tableaux de taxation des prix sont donnés à la suite.

    Quatre journaux de la Révolution (1770-1801)

    On se réunissait pour apprendre les nouvelles soit en lisant les gazettes soit en prêtant l’oreille
    aux propos des colporteurs.


    2°) « Le Courrier du département de la Somme ».
    Il paraît à Amiens en 1790/1791 in 8 :
    Le rédacteur était J.-C. Duméril, avec Caron-Berquier comme imprimeur. Ce journal donne des articles d’information et de politique.
    Des numéros sont conservés à la Bibliothèque Nationale et à la Bibliothèque de l’Arsenal à Paris. La Bibliothèque d’Amiens n’en possède pas. Les Archives départementales de la Somme non plus.

    3°) « Journal général de la République française ».
    Ce journal est publié à Amiens de mars à juillet 1789 (19 n°). Il paraît chaque samedi (8 pp. in 4°). Le rédacteur-imprimeur est Caron-Berquier, rue Saint-Martin à Amiens. Son prix est de 7 l. 10 s. par an
    Ce journal comporte les nouvelles officielles, le compte-rendu des séances de la Convention, quelques nouvelles du département : tribunaux, armées, nouvelles de l’étranger parfois. Il n’y a aucune annonce ni avis divers, sauf celui des livres en vente chez Caron-Berquier.

    4°) « La Décade du département de la Somme ».
    Paraît à Amiens tous les dix jours, du 29 pluviôse an VI (17 février 1798) au 30 nivôse an VIII (20 janvier 1800) (en deux séries). Ce journal comporte 4 pp in 4°. Certains numéros comportent 6 pages.
    Le rédacteur est Demanche à partir du 19 brmaire an VIII (10 novembre 1799) et l’imprimeur Patin et Cie, rue des Sergents.
    C’est un journal d’information commerciale et littéraire comprenant diverses rubriques : législation dans chaque numéro, plusieurs pages avec un extrait du Bulletin des lois ; Tribunal criminel du département de la Somme ; Administration ; Biens nationaux ; Commerce ; Bourse ; Cours des changes, des lingots d’or, les lingots d’argent; Cours de l’épicerie ; Avis, annonce ; demandes des particuliers ; Contrats d’immeubles ; Littérature ; Vers du citoyen Lecat d’Abbeville ; Nombreuses poésies conventionnelles, imitées de Martial, par Loisel de Rue, administrateur du département de la Somme. On lit dans le n° de frimaire an VII : Compte-rendu, rien sur les événements, ni sur la politique.
    Ce journal devient en 1802 le Bulletin de la Somme.


    Robert Legrand (reproduction autorisée par l’auteur). 

     

     Vous aimez nos lectures, abonnez-vous à notre Lettre d'infos...

     

     

    « Les drames maritimes au XIXe siècleLe château de Famechon »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment



    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :