• Promenade dans Picquigny en 1900

    Promenade dans Picquigny en 1900

     

    Quelques pas plus loin, sur notre droite, je vous signalerai l’ancienne poste aux chevaux aujourd’hui occupée par un horloger. (C’est une construction du XVIIIe siècle, des plus banales d’ailleurs).

    Le pont de fer, sur lequel nous nous engageons, a remplacé il y a trois ans un pont de bois jadis construit par le très distingué archéologue et architecte amiénois, M. Pinsard. Les amis du pittoresque ne peuvent que regretter cette substitution. Comment en un fer vil, le bois majestueux s’est-il changé ? L’Administration des Ponts et chaussées est, comme le gendarme, « sans pitié ».

    Consolons nous de ce vandalisme en jetant un coup-d’œil sur le ravissant tableau qui s’offre à nous, sur notre droite.

    La vieille Somme, bondissante, écumante, rugissante, se précipite en une course folle vers les «Quatre Moulins» sans se laisser arrêter et séduire par les invitations caressantes des rivages en fleurs et des îlots verdoyants.
     

    Dans une propriété riveraine se dressaient, il y a quelques mois encore, les vestiges d’une vieille Tour faisant partie des murs d’enceinte du château. Une tradition constante veut que Madame de Sévigné, ait, lors de ses séjours à Picquigny, particulièrement affectionné cette tour, du haut de laquelle « elle faisait des petits ronds dans la rivière ».

    Moins privilégiée que la légende, la tour vient de disparaître en partie.

    Versons, nous aussi, un pleur dans la rivière, et portant nos pas un peu plus à gauche, dirigeons nous vers les vieilles maisons qui forment l’angle de la rue du Pont et de la Place.
     

    Le premier étage en encorbellement est supporté par des poutres extérieures.

    L’Ecusson des d’Ailly s’encadre d’arabesques renaissances. Dans le cartouche central d’une autre partie, un personnage accroupi évoque la pensée de ces cyniques que la fantaisie licencieuse des vieux entailleurs d’images accrochait jusque sous les voûtes les plus austères.

    Sur la grande place, où nous voici d’ailleurs arrivés, nous rencontrerons encore quelques ultimes vestiges des anciennes constructions et notamment quelques pignons à gradins.

    Cette place est plus à proprement parler un vaste chemin de communication bordé de magasins, de boutiques, de cafés généralement coquettement agencés, et sillonné du matin au soir par tout ce que la région nourrit de chauffeurs et de cyclistes.
     

    Une des particularités frappantes de Picquigny, que je tiens à vous signaler, parce qu’elle dénote un esprit d’ordre et de propreté, c’est le soin jaloux des ménagères à entretenir les carreaux de leurs fenêtres.

    Jamais tant de miroirs n’ont été offerts au soleil !

     

    Extrait de : 

    Picquigny  PICQUIGNY ET SES ALENTOURS

      HISTOIRE ET ARCHÉOLOGIE 

        Alcius Ledieu / Alfred Ansart 
      15 x 21 cm - 156 pages - cartes postales anciennes

     
     
     
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