• Le château de La Ferté à Saint-Riquier

     

    Cette châtellenie, nous dit Dom Grenier, était tenue du roi à cause du comté de Ponthieu et appartenait, en 1703, au marquis de Pont-Saint-Pierre. En bailliage au dix-huitième siècle, elle consistait en un château fort ruiné, en une ferme de vingt-quatre journaux de terre à la solle, en trois journaux de pré, un de plant, quatre de bois à coupe par an, en un moulin à vent et en censives de toute espèce.
    Nous donnerons, plus loin, plus de détails sur les dépendances, dans des extraits d’un dénombrement que nous fournit M. Adrien de Louvencourt.
    Examinons les lieux : d’abord le château de La Ferté s’élevait dans le fond de la vallée du Scardon, non loin de la source même de cette petite rivière. Il y a quelques années encore, en 1856, j’ai pu gravir, à travers les décombres, sur la dernière tour en ruines, dont les pierres blanches nourrissaient des broussailles et des arbustes.
    A mi-chemin de l’escalade, on rencontrait une petite pièce ouverte au vent ; le haut de la tour était chargé d’herbes. Au milieu des terres et des pierres écroulées qui élargissaient la base de ce dernier reste du château, une ouverture sans porte permettait de descendre par quelques marches usées et glissantes dans un étroit caveau. Un assez long bout de mur en pierres blanches, mur très épais, tenait encore à la tour, et, chargé d’arbres en espalier, servait de clôture du côté de l’ouest à la cour de M. Chamont, propriétaire actuel des lieux. M. Chamont a, depuis, détruit la tour, mais le mur est encore debout, appuyant des arbres et des bâtiments d’exploitation.
    Il nous serait difficile de reconstruire par la pensée et par une description le vieux château de La Ferté. Deux aspects des ruines anciennes nous sont donnés cependant, l’un du dix-septième siècle par M. Louandre, l’autre du dix-huitième siècle par le dénombrement que nous communique M. de Louvencourt.
    En 1673, nous dit M. Louandre, le château de La Ferté était encore entouré « de murailles flanquées de tours à demi-ruinées, au pied desquelles était le fossé à fond de cuve, rempli d’eau, avec un Pont-levis. Au centre de l’enceinte s’élevait le donjon, accompagné de quatre tours et d’un corps-de-logis à trois étages, le tout fort élevé et couvert en ardoises. »

    Le château de La Ferté à Saint-Riquier


    « Le château de La Ferté, nous dit le dénombrement (de la seconde moitié du dix-huitième siècle et qui nous donne le prospect de la vieille forteresse délabrée et déjà défigurée par des constructions modernes), le château de La Ferté, assis esfaubourg de la ville de Saint-Riquier, clos et fermé d’anciennes murailles et tour, en forteresse à demi-ruinée, avec un donjon, quatre petites tours à côté d’icelui, le tout fort élevé et couvert d’ardoises, avec un corps-de-logis élevé à trois étages où sont les cuisines, chambres et autres lieux au-dessus, avec les écuries, maison du fermier, granges et autres bâtiments, auquel château il y a un pont-levis. »
    A quelle date avait été construit ce château qui tient bonne place dans l’histoire de notre pays ? Quelques auteurs en ont fait remonter les fondations au dixième siècle, à Hugues-Capet, et on a, pour soutenir cette hypothèse, raisonné ainsi :
    Après les ravages et les incendies de l’abbaye par les Normands, le roi Hugues-Capet, qui releva l’édifice d’Angilbert, fit aussi, sans doute et dans le même temps, construire le château de La Ferté, « dont le nom, Firmitas en latin, indique assez la destination, et qui, dans le fait, n’est pas distant de cent toises des murs de l’abbaye. On y établit une garnison et, pour la commander, un officier au commandement duquel devoient venir les milites ou militares sancti Richarii. Ce qui avoit été donné aux uns et aux autres pour leur subsistance n’étoit par eux tenu dans le principe qu’à titre de bénéfice, c’est-à-dire à vie. Les fiefs étant devenus patrimoniaux, le commandant de La Ferté s’en est dit le seigneur ; il s’est fait rendre obéissance par ceux qui jouissaient, à titre de bénéfice, de quelques domaines pour raison desquels ils devoient le service militaire pour la défense de l’abbaye, et qui sont devenus, chacun à leur égard, seigneurs de fiefs particuliers. De là vient que la terre de La Ferté est aujourd’hui, comme l’atteste La Martinière, une belle châtellenie qui a beaucoup de mouvance. » - Extrait d’un Mémoire de 1763. - Communiqué par M. de Bussy.
    En 1795, plusieurs tours et une assez longue suite de murs garnis de contreforts en pierres blanches existaient encore, ainsi qu’on peut s’en assurer dans la collection de M. de Saint-Amand (sur un dessin que M. O. Macqueron a copié pour la sienne.)
    M. Charles Louandre a dessiné, en 1828, une porte gothique surmontée d’une fleur-de-lis et d’animaux fantastiques rampant autour de l’archivolte dans le fond de la cour de ce château de La Ferté ; (copie faite et conservée par M. O. Macqueron d’après la collection Saint-Amand.)
    Ces signes caractéristiques du château ont disparu avec le reste.
     

    E. Prarond

    Extrait de :

    Villes & Villages
     HISTOIRE DE SAINT-RIQUIER
     E rnest Prarond
     
     14 x 21 cm - Reprint 432 pages avec illustrations

     

     

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