• 1er juillet 1916 : début de la bataille de la Somme

     

    1er juillet 1916 : début de la bataille de la Somme

    Dans les ruines d'un village conquis (collection particulière)

     

    C’est le grand saut ! Il faut passer coûte que coûte...

    C’est le scénario habituel : réglage des montres, communication de l’heure H, entailles au parapet, désignation des objectifs : pour ma section à 1 800 m environ la corne gauche du bois d’Anderlu... ou ce qui en reste et puis... baïonnette au canon et... en avant ! Deux gros fusants éclatent en l’air devant nous, c’est le signal convenu, c’est l’heure H, le saut vers l’inconnu, pour certains vers la mort. D’un coup d’œil à droite et à gauche, j’ai la satisfaction de voir ma section qui me suit à 5 ou 6 m alignée comme à l’exercice... Les balles piquent çà et là devant nous, soulevant un peu de poussière semblable à un léger panache de fumée vite disparu. Quelques camarades tombent, tout un groupe disparaît dans l’explosion d’un énorme obus. L’artillerie ennemi réagit peu. Notre barrage d’artillerie allonge. Les sacs sont lourds, le terrain difficile bouleversé d’entonnoirs. Cependant la progression est rapide, la tranchée ennemi est maintenant visible d’où partent quelques coups de feu, les mitrailleuses se taisent. Nous allons franchir cette tranchée et continuer, les “nettoyeurs” armés de couteaux, de pistolets et de grenades feront leur besogne. Un grand Boche se dresse devant moi sur sa tranchée nivelée, la pointe de ma baïonnette est à moins de 50 centimètres de sa poitrine, il lève les bras, supplie pour ses enfants, j’abaisse mon arme et fais signe aux ennemis qui se rendent de filer vers l’arrière, de se déséquiper, les mains à la nuque entre nos colonnes d’escouades. Quelques-uns des nôtres, que je n’ai pas le temps de repérer, abrègent d’une balle la captivité d’un adversaire pourtant neutralisé... La progression continue... voici le bois d’Anderlu saccagé d’une manière indescriptible... Nous atteignons et dépassons notre objectif, corne gauche du bois, nous nous emparons sans coup férir d’une batterie de 77... La résistance étant faible, nous avons progressé trop vite, les coups courts de notre barrage sont pour nous. Je fais coucher mes hommes... Devant nous, un peu à droite, à quelques centaines de mètres, la Ferme Le Priez transformée en fortin... Je m’inquiète, je redoute une contre-attaque... Tout à coup, devant nous et à gauche une Maxim ouvre le feu et nous prend spécialement à parti. En quelques minutes, une vingtaine de mes hommes sont touchés.

    Lieutenant F.P. du 8e régiment d’infanterie (1er corps) dans le secteur de Maurepas, au bois d’Anderlu. 

     

    Extrait de :

      La "grande" histoire 

      1916, L'OFFENSIVE DE LA SOMME 

      Collectif
       15 x 21 cm - 112 pages avec illustrations, cartes postales anciennes, documents.

      Pour en savoir plus sur ce livre...

     

     

    « La Hire, prisonnier au château d'AlbertPrise de la ville de Doullens en 1595 »

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