• Vient de paraître : La Normandie - Histoires, Mœurs et Coutumes

     
     
    Vient de paraître aux Editions la Vague verte
     
     
      Les p'tites histoiresLA NORMANDIE : Histoires, mœurs et coutumes

     Collectif

      15.8 x 24 cm - 158 pages - Illustrations, cartes postales anciennes...
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    Extrait du chapitre "Les chaumières normandes vers 1880" :

    Le mobilier ne se renouvelait pas autrefois, dans les campagnes, on ne se renouvelait guère, et à la fin du siècle dernier, il était, comme l’habitation, presque le même qu’aux XVe et XVIe siècles. Reliques de la famille disparue, dont ils évoquaient le pieux souvenir, les objets qui le formaient passaient de génération en génération.
    Dans quelques hameaux reculés, il a peu changé encore. On pourra le reconnaître par la description, que nous allons essayer, du mobilier d’une vieille ferme des environs de Condé que, de père en fils, la même famille fait valoir depuis plus de soixante ans.
    Commençons par la grande salle, fort curieuse, avec son pittoresque désordre de meubles, mêlés aux ustensiles de labourage épars de ci, de là.
    Le lit est ancien, large, haut et à quenouilles. De son baldaquin à corniche et à lambrequins de serge chinée, bordés de padoue rouge (ruban de fil), ornés d’un cœur au milieu et de losanges sur les côtés, tombent d’amples rideaux, qui l’enveloppent presque entièrement.
    Rebondi, bordé avec soin, le lit s’élève sur une couche de chêne, aussi noir que l’ébène, à compartiments ornés de moulures. Deux gros oreillers, blancs comme neige, se dressent debout sur le traversin, et débordent sur le drap de solide toile de chanvre, qui se rabat presque jusqu’aux pieds du lit, et ne laisse voir qu’une bande étroite de la couverture de droguet, dont la piqûre dessine des losanges. Un bénitier de faïence est attaché à la tête du lit, avec son buis bénit.
    Quant aux beaux draps du lit, c’est la fermière et ses filles qui, selon l’usage ancien, ont cueilli, fait rouir, préparé et filé le chanvre dont le tisserand s’est servi pour en faire la toile. Les brebis ont donné leur toison pour le matelas, les oies leur fin duvet pour les oreillers, le petit peuple de la basse-cour a fourni la plume de massacre pour la couette (vient du vieux français : coute et couste), et les plus belles gerbes des champs, l’estrain (paille) pour la paillasse. Quant à la Castelogne de laine, c’est le marchand qui l’a fournie.
    Tous les lits ne sont pas aussi confortables que celui de ce gros fermier, il s’en faut. Quelques pauvres gens n’ont qu’une basse-couche, formée de planches assez grossièrement assemblées, ne tenant presque, comme on dit, ni à clous, ni à chevilles. Une paillasse remplie de fougère ou de paille, une mauvaise couette, deux draps, faits de pièces et de morceaux, une couverture usée, trouée, et un traversin rempli de balle d’avoine, voilà ce qui, quelquefois, constitue le coucher. Il n’y a pas bien des années, nous avons eu occasion de voir, au village des Brousses, en Athis, le lit de noces de jeunes mariés. Il était tout simplement formé de quatre piquets plantés en terre et reliés par de la paille solidement tordue. Pas de couette ni de matelas, mais une épaisse couche de feuilles sèches, étendue sur les rondins de chêne servant de fond, une paillasse, remplie d’estrain et un traversin de balle d’avoine. Ajoutons deux méchants draps et la courtepointe de l’arrière-grand-mère. Les deux mariés étaient joyeux, cependant, et c’est le cas de répéter, avec une variante, le refrain du chansonnier :
    Sur un grabat qu’on est bien a vingt ans.

     

     

     

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