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Une visite à Laon en 1910
L’ascension est courte, voici la ville ; on y pénètre par la pittoresque porte ogivale d’Ardon, flanquée de tours. Laon, de ce côté, présente une façade de maisons d’un aspect méridional. Sans cesse chauffée par le soleil, cette partie de la ville offre de belles treilles contre les murs, des fenêtres et des jardins fleuris, des promenades où l’air est tiède et doux.
Mais l’aspect des choses change bientôt. Voici d’étroites et silencieuses rues où les passants sont rares, les maisons hautes et tranquilles ; çà et là de vieux hôtels de noble ordonnance rompent la monotonie des façades banales. Une seule rue présente quelque animation : la voie maîtresse qui traverse Laon dans sa plus grande longueur ; encore est-elle vivante seulement dans la partie centrale, près de l’hôtel de ville, lourd monument bordant une petite place ornée de la statue du maréchal Sérurier. Beaucoup de magasins, parfois élégants, indiquant une population aisée. Laon, en effet, possède une bourgeoisie riche, attirée par la salubrité de l’air, avec les fonctionnaires, nombreux dans le chef-lieu d’un département opulent, les retraités et les officiers de la garnison, cela constitue un noyau important de « société ».
Il n’y a aucune usine sur ce plateau, pas d’autre industrie que les petits métiers ; tout cela conserve à Laon un cachet archaïque aristocratie provinciale, rappelant l’époque où la ville était la résidence d’évêques-ducs.
Ce caractère est bien plus frappant encore sur les promenades tracées au pied des remparts, mails ombreux aux arbres moussus, d’où l’on a une vue immense sur les campagnes, variant sans cesse par les changements d’horizon. Les placides rentiers, en déambulant à petits pas sous les ombrages de la promenade du Nord, voient à leurs pieds la gare, sans cesse remplie par les trains, les collines hardiment taillées de Crépy, les croupes sombres de la forêt de Saint-Gobain, et, par-delà des coteaux verdoyants, les hautes tours de Coucy.Extrait de :
L'AISNE VERS 1900
HISTOIRE - GÉOGRAPHIE - DESCRIPTIONVictor-Adolphe Malte-Brun et Victor-Eugène Ardouin-Dumazet
15 x 21 cm - 166 pages avec cartes postales anciennes et illustrations.
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