• Un trésor en Baie d'Authie ?

     

    Notre envoyé spécial a retrouvé un vieux journal imprimé à l’encre sépia, daté du 1er mars 1954, intitulé : «Détective » et sous-titré : « L’hebdomadaire des secrets du monde », où un journaliste relate sa rencontre avec quelques curieux personnages qui aux environs de la baie d’Authie sont à cette époque là à la conquête d’un trésor...

     

    Il y a d’abord M. Lucien Anger, propriétaire terrien et représentant de commerce, demeurant à Quend. C’est lui qui a le premier repéré l’emplacement de l’épave du Galion chargé d’or grâce à ses dons de radiesthésiste. Bien sûr il donne la raison de sa découverte.
    L’histoire du bateau chargé d’or qui s’est échoué au large de la pointe de Saint-Quentin à la fin du XVIIe siècle, était demeurée vivace, bien qu’endormie. Je m’y suis intéressé. A l’aide d’une baguette de coudrier, d’abord ; puis de la double lame d’acier que voici, j’ai repéré l’emplacement du navire, sur la carte, puis sur le littoral même, à marée basse. On peut détecter le métal précieux en tenant à la main une pièce d’or qu’on applique sur l’une des branches du détecteur au moment de la recherche. Le bateau gît sous dix ou douze mètres de sable, au large de la dune de Saint-Quentin. Il recèle une quantité d’or assurément considérable.
    Oh ! cette découverte ne lui a pas vraiment tourné la tête, « il en faut plus pour troubler le robuste équilibre picard ». Non cette histoire l’amuse plutôt quoique nous verrons bientôt que son affaire est sérieuse... Quant à Madame Anger son épouse, elle n’apprécie guère le journaliste et maudit assez cette sombre histoire de trésor. Ça lui fait perdre du temps, dit-elle avec humeur. Et puis, les vrais trésors, ce n’est pas en fouillant la mer qu’on les trouve ; c’est en labourant les champs...
    Cependant M. Anger persiste et donne même de secrètes précisions : « Le certain c’est que le bateau est là, à quatorze mètres de profondeur. J’ai pu même en déterminer la trace. Il a onze mètres de long, sur quatre mètres de large. Des collègues radiesthésistes du Pas-de-Calais, venus à leur tour sur les lieux, sont arrivés aux mêmes
    conclusions que moi... »
    Il y a aussi Mme Madeleine Desmare qui habite Saint-Quentin-en-Tourmont, elle est elle aussi propriétaire terrienne, mais surtout, c’est l’héritière des « histoires locales ». D’ailleurs Madame Desmare connaît les textes, ceux sur lesquels s’appuient les partisans du trésor. Elle dévoile au journaliste le vénérable bouquin jauni, dont les feuilles mal reliées se détachent.
    Ouvrage relativement récent, cependant. C’est la Géographie historique et populaire des communes de l’arrondissement d’Abbeville, de Florentin Lefils, édité en 1868. On peut y lire, à la page 362 : « Les naufrages étaient autrefois fréquents sur notre côte. La région des dunes de Saint-Quentin est pavée de carcasses de navires de diverses époques, depuis les temps les plus reculés. Un navire, de l’Invincible Armada s’y échoua lors du désastre de cette flotte, et le roi de France, à cause de son alliance avec le roi d’Espagne, remit au capitaine dudit vaisseau échoué tout ce qu’il pouvait prétendre. A la fin du siècle dernier, un navire chargé de lingots d’or s’ensablait et s’enfonçait à la Pointe de Saint-Quentin sans qu’on pût rien retirer de sa riche cargaison. Il disparut, enfoui sous plusieurs mètres de sable ; et il y est encore. »
    Dans l’aventure (et dans l’inventaire) il y a également M. Frédéric Grenier, maire du pays qui déclare simplement :
    — Ces recherches vont faire travailler des ouvriers, et attirer ici touristes et curieux. Car bien entendu ; des recherches vont être entreprises... Une société par actions, l’Unité, s’est constituée à Berck, en vue de financer les travaux nécessaires à la récupération de l’épave dès le printemps qui est confiée à l’entreprise Chartiez de Béthune. Neuf actionnaires ont souscrit le million de francs tout net (d’où le titre de l’Unité donné à leur affaire) par eux jugé nécessaire à l’engagement des travaux : commerçants, négociants, entrepreneurs de travaux publics, cultivateurs, fonctionnaire des douanes... les neuf mousquetaires (s’appellent-ils plaisamment eux-mêmes) nous ont demandé de taire leurs noms. Cent actions de dix mille francs chacune... et qui devraient, chacune, rapporter vingt-cinq millions à leur détenteur, si la quantité d’or décelée était un jour récupérée.
    Il y a encore M. Pichon, l’un des plus anciens habitants de cette région, qui affirme, lui :
    — Rien ne s’oppose à ce que deux navires chargés d’or se soient échoués, à quelques kilomètres l’un de l’autre, sur nos côtes sableuses et embrumées. Mais je suis fort heureux que les travaux de recherchent ne s’orientent pas vers notre baie, pour le moment. Ils en auraient chassé canards, sarcelles et bécassines. Ce n’est pas le métal jaune qui m’aurait consolé de leur perte !
    A la question posé par le journaliste à M. Anger :
    — Vous n’avez pas souscrit à l’Unité ?
    M. Anger répond :
    — Je suis l’inventeur du trésor, monsieur ! Je n’ai pas besoin de souscrire pour avoir droit demain à ma part, si la fortune, grâce à moi, sort des eaux, ou plutôt du sable !
    Quant à Mme Desmare, détentrice du « vieux grimoire » où l’on relate la présence de 3 milliards d’or sous le sable, elle affirme clairement :
    — Monsieur, durant toute mon enfance, mes grands-parents et mes parents m’ont parlé de ce bateau, auquel personne ne pensait plus et nous avons passé des jours et des jours à chercher sa trace par les dunes. Si l’on doit le retrouver demain, il sera fort juste que je fasse toutes réserves sur mes droits éventuels à une part de la cargaison...
     

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