• Parmi les Hôtels particuliers disparus d'Abbeville

     

    Parmi les Hôtels particuliers disparus d'Abbeville

     

    Depuis 1234, les Cisterciens de l’abbaye du Gard (abbaye située entre Abbeville et Amiens) avaient une maison sise rue Barbafust, du nom d’une des puissantes familles bourgeoises de l’époque médiévale et dont l’un des membres, Gontier Barbafust, avait été mayeur de la ville. L’impasse Barbafust portait le nom d’une rue qui, autrefois, derrière le Marché aux Herbes, rejoignait la Grande rue Notre-Dame (rue Lesueur depuis 1926). Considérant que leur maison était trop petite, les religieux cisterciens y firent construire vers 1429 un hôtel-refuge nommé Petit Gard ou hôtel-refuge du Petit-Gard. Il se dressait entre la Somme et la maison dite de Barbafust, maison qui fut détruite en 1653 pour bâtir l’hôtel Bail, comme nous le verrons plus loin.

    Ce refuge était composé de deux bâtiments parallèles, entièrement bâtis de pierres blanches, dont l’un donnait sur la rue Barbafust et l’autre sur le canal marchand. Ils étaient reliés par une galerie construite à l’un des bouts de la cour qui les séparait. Cette cour était fermée par un mur percé d’une porte, en face de la Halle aux Merciers (emplacement actuel du quai du Pont Neuf). Les maisons que l’on voyait de chaque côté du bâtiment situé au fond de la cour ont été construits par la suite et datent du XVIe siècle. Exactement en 1250, l’abbaye du Gard, propriétaire de cet hôtel-refuge du Petit-Gard, avait déjà reconnu que toute justice civile et criminelle sur les laïcs qui demeuraient dans son hôtel, rue Barbafust, appartenait aux magistrats municipaux.

    C’est en cet hôtel-refuge qu’en 1486 et 1487, Pierre Gérard, un imprimeur (l’un des tout premiers de notre ville à l’époque de l’invention de l’imprimerie par Gutenberg vers 1450) imprima un traité de droit très connu à l’époque, puis la Somme rurale, la Cité des dieux de Saint-Augustin 107 et un roman chevaleresque intitulé Le triomphe des neuf preux. Les belles caves de l’hôtel, voûtées en croisées d’ogive, à deux nefs de quatre travées chacune, recélaient des vins que les religieux récoltaient dans les propriétés qu’ils possédaient autour de leur monastère entre le Quesnot et Crouy, près de Picquigny.

    Ils les vendaient en franchise aux Abbevillois qui les achetaient volontiers, de préférence aux vins du Midi pourtant meilleurs, ce qui avait fort déplu à l’échevinage (mairie). A la fin du XVIIIe, l’hôtel-refuge était devenu la propriété des chanoines de Saint-Vulfran et servait de grenier. Il a été vendu le 29 avril 1791, comme de nombreux édifices religieux devenus biens nationaux. Après avoir fait office d’Ecole d’enseignement mutuel sous la Restauration, il a été partagé entre plusieurs propriétaires qui modifièrent son architecture par des diverses transformations. Au XIXe, excepté les caves voûtées, il ne restait plus grand-chose de ce bel et spacieux édifice, l’un des plus anciens de la ville avec le beffroi.

     

    Extrait de : 

      Abbeville
     LES HÔTELS PARTICULIERS DABBEVILLE 
     ET AUTRES BÂTISSES REMARQUABLES
     
      Gérard Devismes 
     
     15,8 x 24 cm - 176 pages.
     

     

     

     

    « Les déportations en 1914Offrir des livres pour Noël, c'est sympa !! »

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