• Les déportations en 1914

     

    Les déportations en 1914

    Des religieuses ravitaillent des prisonniers emmenés en Allemagne dans des wagons à bestiaux.

    Collection Musée Alfred Danicourt - Péronne

     

    Le récit fait par l’abbé Trimbalet, curé de Soyécourt, sur les conditions de sa déportation à Wittenberg est extrêmement intéressant, parce que précis et détaillé. Ce qui suit en est une synthèse : 20 Le lundi 28 septembre 1914, l’abbé et tous les hommes valides sont arrêtés. Ils sont emmenés à pied d’abord à Berny, puis à Misery où ils sont enfermés dans l’église, fouillés, couteaux confisqués. L’abbé est isolé des autres “mis au secret”. Du lundi au dimanche suivant, les prisonniers n’auront que du café et une tranche de pain noir. Heureusement de “braves gens” du village apportent en cachette quelques vivres. De temps en temps, arrivent des prisonniers militaires – surtout des Chasseurs alpins – et d’autres civils venant de différents villages du Santerre. Mercredi 30 septembre, les Allemands organisent un départ de prisonniers : tous les soldats en font partie et il y ajoutent des civils, en nombre égal, pris au hasard. 7 habitants de Soyécourt partent : l’abbé, l’instituteur et 5 jeunes gens, pour Saint-Quentin, à pied, avec un arrêt à Martinville. Jeudi 1er octobre : Arrivée à Saint-Quentin, ils sont touchés par l’accueil généreux de la population. On les emprisonne dans la Bourse du Commerce avec d’autres prisonniers. Le soir, tous sont embarqués dans des wagons à bestiaux, tellement entassés qu’ils ne peuvent ni se coucher, ni s’asseoir. Les arrêts dans les gares sont interminables. Le voyage durera 3 jours et 3 nuits. Sur le parcours et à l’arrivée, “les foules allemandes rameutées” les insultent ; ils reçoivent, de la part des gardes, des coups de pied et de crosse. Dimanche 4 octobre à l’arrivée au camp de Wittenberg, les prisonniers sont anéantis physiquement et moralement par le manque de sommeil, de nourriture et d’eau. Ils sont comptés, fouillés, recomptés sous une pluie battante. Beaucoup, dès cette première nuit, contactèrent la maladie. Prévu pour 12 000 prisonniers, le camp en contient 15 000. (11 000 Russes, 3 000 Français, 1 000 Anglais). Il se compose de 3 rangées de 16 baraquements construits par les prisonniers, en planches et recouverts de toile goudronnée à l’extérieur, plus des briques de plâtre à l’intérieur. Il y a un plancher et 2 gros poêles. L’équipement est succinct : paillasses et couvertures, quelques tables et bancs. Chacun a une sorte d’assiette/ saladier, une cuillère et un torchon.

     

    Extrait de :

     

    Santerre Grande Guerre  1914-1924 ;

      26 COMMUNES DANS LA TOURMENTE 
        Francine François-Dejuine

      
     
         20 x 29 cm - 188 pages - nombreux documents et témoignages inédits

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