Abbeville, le refuge de l'ancienne abbaye de Saint-Valery (XVIe siècle)

 Au Moyen Age, hormis quelques hôtels particuliers appartenant aux abbayes et aux seigneurs, toutes les maisons sont construites en pans de bois, avec des pignons à angle aigu et des toits de chaume. En 1278, une ordonnance demanda de couvrir les toits de tuiles, mais elle fut longue à appliquer concrètement car on la renouvela en 1538. Les guerres étaient fréquentes, on l’a vu, mais aussi les incendies, de telle sorte que les habitants bâtissaient au plus petit coût afin d’abandonner rapidement les lieux, si nécessaire. Au XIVe siècle, les fenêtres accouplées par deux sont surmontées d’un trèfle ; était-ce une mode ? On ne le sait. Au XVe, les étages avancent depuis un certain temps déjà l’un sur l’autre, à telle enseigne que la lumière du jour éclaire à peine les rues. A l’extérieur, les façades présentent bon nombre de sculptures (certaines à voir au musée Boucher de Perthes). Les poutres en encorbellement portent des têtes amusantes ou sont garnies de moulures (voir par exemple les maisons 4 rue de Pont de Boulogne, 29 rue de Capucins).

Ce n’est qu’à partir du XIVe que progressivement le verre remplace le papier huilé, parfois sous la forme de petits carreaux vitrés placés en losange et sertis dans du plomb, ce qui donne un aspect de vitrail. Les fenêtres sont percées inégalement, formant des croix d’où le terme de croisées encore employé dans la 1re moitié du XXe, surtout à la campagne. Jusqu’au XVIe, les portes sont basses et étroites. A partir de l’apparition des carrosses, on donna plus de largeur et de hauteur aux portes cochères. A l’intérieur, les maisons apparaissent sombres, peu décorées, avec des escaliers étroits et obscurs qu’on monte ou descend en s’aidant d’une corde. Celles des riches ont cependant des sculptures ou des armoiries. Les caves des hôtels et des demeures bourgeoises sont en pierre de taille et de belles dimensions.

Extrait de : 

  HISTOIRE D’ABBEVILLE et de sa région