• Les débuts de la révolution à Abbeville

     

    Les débuts de la révolution à Abbeville

    Alors que la Bastille est prise à Paris le 14 juillet 1789 et qu’un grand nombre de villes sont le théâtre d’événements tragiques, dans notre cité on espère un triomphe certes difficile mais aussi pacifique de la Révolution. Lucides et courageux, les Abbevillois ne souhaitent absolument pas le renouvellement de débordements et désordres de toutes natures ; ils en ont trop connus au cours de leur longue histoire. Par un décret du 15 janvier 1790, la nouvelle assemblée changea les nouvelles circonscriptions administratives du royaume et divisa les anciennes provinces en départements. Ainsi, Abbeville, 2e ville du département de la Somme, devenait le chef-lieu d’un district (maintenant arrondissement).

    Un an après la prise de la Bastille parisienne, on célébra à Abbeville sur le Champ de Mars la Fête de la Fédération. Ce fut l’occasion de planter un arbre de la Liberté. Des discours furent prononcés par le maire Dubellay et le procureur de la commune. L’arbre, de haute taille, symbole de la liberté, peint de trois bandes aux couleurs nationales fut dressé aux applaudissements unanimes des spectateurs et aux sons d’une musique militaire. La journée se termina par des danses. Plus tard, le 10 décembre 1793, fut planté avec solennité, sur la place St Pierre, l’arbre de l’Egalité et de la Liberté. Un second arbre fut planté en face du temple de la Vérité et de la Raison (collégiale St Vulfran).

    C’est aussi en 1790, année de la fête de la Fédération, qu’on ordonna de supprimer les ordres religieux, de vendre les couvents et de détruire les églises. Quelques prêtres furent hostiles au serment de fidélité à la Constitution civile du Clergé qui leur était imposée, ce qui provoqua divers troubles en 1791, aggravés par la disette et la misère. En grande majorité, les Abbevillois souhaitent le rétablissement de Louis XVI sur le trône et l’apprécient encore, malgré sa fuite vers les troupes étrangères royalistes de l’Est et son arrestation à Varennes le 20 juin 1791. La même année, ils déplorent aussi la mort de Mirabeau, le célèbre orateur-député du Tiers-Etat, partisan d’une monarchie constitutionnelle, pour qui la garde civique devenue garde nationale fait célébrer un service à St Vulfran, avant la fermeture des églises en juin 1791.

    Mais la Patrie en danger se mobilise contre la guerre étrangère (Autriche et Prusse). Des bataillons de volontaires sont formés rapidement. Les jeunes Abbevillois font partie du premier, affectés d’abord à l’armée de Belgique, puis à l’armée du Nord. Ces jeunes recrues sont engagées à la frontière et se font bientôt remarquer par leur héroïsme. Le deuxième bataillon trouve la gloire au combat d’Orchies, dans la nuit du 14 au 15 juillet 1792, contre des forces très supérieures. Une délégation de volontaires abbevillois participe à la décisive bataille de Valmy le 20 septembre 1792, au lendemain de laquelle fut proclamée la 1re République française. Parmi les volontaires de 1791, citons Virgile Delegorge, d’une famille abbevilloise bien connue. Il sert d’abord dans le 1er bataillon de la Somme, en qualité de lieutenant, à partir du 28 août 1791. Il fera ensuite plusieurs campagnes, comme officier au 7e régiment de cavalerie, et reviendra dans sa ville natale, après avoir passé 6 ans dans les armées républicaines. Commandant de la Garde nationale au début de la Monarchie de Juillet (Louis-Philippe), il meurt en 1846.

     

    Extrait de : 

    Abbeville histoire  HISTOIRE D’ABBEVILLE et de sa région
     des origines à l’aube du XXIesiècle 
        
     Gérard Devismes
     
      14 x 21 cm - 264 pages
     
     
     
     
     
    « Prise de la ville de Doullens en 1595Fête du verre les 22 et 23 juillet au Manoir de Fontaine (76) »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment



    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :