• Le démantèlement du château du Crotoy

     

    Le démantèlement du château du Crotoy

    Peinture représentant le château et la ville du Crotoy dans l'église actuelle. Photo J. Grandsire

     

    Au XVIIe siècle, le château du Crotoy, construit en 1366, qui avait joué un si grand rôle pendant les guerres de la succession, entre la France et l’Angleterre, n’était plus qu’une ruine ; les hommes d’Etat y tenaient beaucoup et particulièrement Colbert. Gobert, qu’il avait chargé de lui rendre compte de la situation de défense des côtes de la Picardie, lui faisait, en 1665, un brillant éloge du château du Crotoy, et se plaignait du mauvais état où il se trouvait, faute d’être entretenu. C’est ce qui fit que M. de Colbert écrivit plusieurs fois à M.de Chertemps, intendant-général de Picardie, de lui dire ce qu’il y avait à faire pour la conservation de cette forteresse ; le 12 avril 1670, il écrivait encore en ces termes : 

    « Le sieur de Chertemps m’envoyera aussi, au plus tôt, les procès-verbaux, devis et estimation des travaux à faire au Crotoy, afin que le Roy puisse ordonner un fond pour les réparations de ce chasteau avant que la saison, propre à y travailler, soit advancée et que sur l’avis que je lui donnerai de la somme que le Roy y aura destinée, il en puisse faire l’adjudication sans perte de temps à un entrepreneur habile et solvable ». 

    Le 19 juillet suivant, le même ministre écrivait au sieur Ferry, ingénieur chargé de la démolition des fortifications de Rue, pour l’avisez qu’il avait reçu les plans et devis de la forteresse du Crotoy. 

    Il ne paraît pas néanmoins que des travaux de réparation aient été exécutés, car quelques années après, pour satisfaire aux clauses du traité d’Aix-la-Chapelle, un ordre de la Cour enjoignait, au Gouverneur du Crotoy de faire sauter le château, ce qui eut lieu. 

    M. de la Vallée, ingénieur, à qui nous devons un plan au trait du château du Crotoy, qui existe au Comité des fortifications à Paris, nous dit que ce château était situé sur un banc de sable de figure carrée et qu’il était composé de quatre tours rondes aux pieds desquelles la mer passait. 

    M. Coquart dit que la place de ce château était un pentagone assez régulier, et qu’un donjon élevé sur des ouvrages souterrains en occupait le centre ; elle était séparée de la ville par un fossé et une forte muraille flanquée de cinq bastions. « Cette puissante forteresse, voyait Saint-Valery et croisait aussi ses feux » sur la Somme. Elle a passé autrefois pour une citadelle considérable, mais elle a été rasée par ordre de la Cour ». 

    La construction était toute de grès ; le corps-de-logis était habité par le capitaine qui y commandait. 

    Le bénédictin Dom Grenier avait aussi donné son mot sur le vieux château du Crotoy. « Il ne reste, que des masses informes de ses murs très épais, faits de gros galets maçonnés avec un mortier aussi dur que les cailloux. On dit que Louis XIV a fait sauter le château par les mines. Un ancien habitant du lieu, qui a servi autrefois et à qui la plus grande partie de l’emplacement du château fut donnée à cens, m’a assuré avoir trouvé, en défrichant, des barils de poudre où le feu n’avait pas pris ». 

    Ces barils de poudre n’étaient pas les seuls restés intacts dans les ruines du château, car plus d’un siècle après, en 1838, M. Desgardins faisant déblayer les souterrains pour y construire sa maison, en trouva encore quelques-uns qui étaient parfaitement conservés. 

    Le château du Crotoy a été détruit en 1674. 

     

    Extrait de :

    Le crotoy
     HISTOIRE DE LA VILLE DU CROTOY
     ET DE SON CHÂTEAU 
     
     Florentin Lefils
     
      14 x 21 cm - Reprint - 316 pages - Illustrations
     

     

     

     

     

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