• La traversée de la Somme pendant la zone interdite 1940-1944

    Quelques témoignages :

    Ils établissent de surcroît la diversité des expériences vécues par ceux qui regagnaient leur foyer. Ainsi le curé de Cartigny, au terme d’un périple essentiellement effectué à bicyclette, réussit-il à pénétrer en zone interdite, à Pont-lès-Brie, sur la simple présentation d’un laissez-passer obtenu à Saint-Lô. En revanche, d’autres, de Ham, de Péronne et de partout ailleurs, durent traverser, parfois seuls, le canal à la nage.
     

    La traversée de la Somme au temps de la zone interdite 40-44

    Photo : pont métallique sur la Somme, ed. la Vague verte

     

    Mais le recours à une aide locale demeurait assez fréquent. Ainsi une mère de famille et ses enfants, à l’issue d’un interminable voyage debout dans un wagon bondé, descendit-elle du train à Chaulnes. Péronne restait en effet inaccessible. De là, elle gagna les abords du fleuve. Un homme dévoué de Saint-Christ fit traverser, de nuit, l’écluse du canal de la Somme à toute la famille à califourchon sur une poutre. Néanmoins, la barque restait aussi l’outil privilégié de beaucoup de passeurs.

    Les habitants du pays connaissaient bien le fleuve.
    Depuis des générations, on entretenait des sentiers d’exploitation dans les marais de la Somme, comme par exemple l’Anguillerie ou la Grenouillère non loin de Péronne. Pour qui les connaissait, c’était un moyen, non sans danger mais efficace, de franchir la ligne Nord-Est.
    Les passeurs présentaient d’ailleurs des profils variés. Certains exprimaient de la sorte leur goût du risque, d’autres leurs sentiments patriotiques ou bien encore leur esprit de solidarité. De fait, ils rejoignirent parfois des réseaux de Résistance.
    Ainsi en 1940 à Cléry-sur-Somme près de Péronne, Anne-Marie Vion, Madeleine Barloy et quelques autres personnes s’étaient-elles attachées à faire sortir de la zone interdite des prisonniers évadés en leur faisant traverser la ligne Nord-Est en barque, à cheval ou à motocyclette.
    Assez rapidement elles furent confrontées à un mouvement de résistance belge, la « Phalange blanche », qu’elles aidèrent dès lors dans ses déplacements. Pour certaines, Anne-Marie Vion notamment, cela signifia l’arrestation, la déportation et la mort.
    De même, à Pont-Rémy, en aval d’Amiens, une jeune femme faisait traverser des Anglais ou d’autres fugitifs en barque à travers le canal. Deux de ses amis, qui partageaient son activité, retrouvèrent un jour son corps flottant sur la Somme. Néanmoins, d’autres passeurs ne partageaient pas cet altruisme. Et s’ils n’en risquaient pas moins leur vie, c’était contre rétribution financière.

    Gérard Mascré

     

    Extrait de :

     

    La "grande" histoireLA ZONE INTERDITE  DANS LA SOMME 1940-1944

    Gérard Mascré

     
    Préface de Jean-Paul Cointet,
    professeur à l’Université de Picardie Jules Verne.

    14 x 21 cm - 240 pages - Photos

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