• Le siège de Beauvais et Jeanne Hachette

     

    Le siège de Beauvais et Jeanne Hachette

    En 1472, Charles Le Téméraire avait pour plan de campagne d’envahir la Normandie pour y rejoindre le duc de Bretagne ; il prit sa route par Beauvais où son avant-garde arriva le 27 juin. Comme la ville n’était pas forte et n’avait d’autre garnison que quelques nobles de l’arrière-ban, les gens du duc s’imaginèrent l’enlever d’un coup de main ; mais la population se défendit héroïquement. La compagnie des arquebusiers bourgeois fit des merveilles ; les femmes, se pressant autour de la châsse de Sainte-Angadresme, montaient hardiment sur le rempart pour apporter des munitions aux combattants ; les plus courageuses roulaient de grosses pierres ou versaient de l’huile et de l’eau bouillante sur les ennemis. Ceux des assaillants qui gravissaient jusqu’au haut des murs étaient rejetés dans le fossé. Une jeune fille, Jeanne Fourquet, depuis surnommée Hachette, arracha des mains d’un Bourguignon une bannière déjà plantée sur la crête et tua le porte-étendard d’un coup de hache. La porte de Bresle avait été brisée à coups de canons; les assiégeants essayèrent d’y pénétrer à l’arme blanche ; on leur jeta à la tête des fascine 111 allumées et cette barrière de flammes, entretenue avec les ais, les planches et les chevrons des maisons voisines, les arrêta toute la journée.

    Ce brave peuple n’eut que retardé sa perte si le duc, qui parut vers le soir avec son armée, avait eu la précaution de cerner la place ; mais il comptait sur son artillerie et ne crut point nécessaire un investissement complet. Cette faute sauva Beauvais. Le lendemain matin, une colonne de 1 200 cavaliers y entrait par les portes restées libres : c’étaient les gens d’armes de la garnison de Noyon qui avaient chevauché quinze lieues sans débrider ; quoique excédés de fatigue, ils laissèrent leurs chevaux entre les mains des femmes et coururent rejoindre les bourgeois au rempart. Le maréchal Rouault suivit avec cent autres lances ; puis ce fut un corps d’armée entier accouru d’Amiens, de Senlis et de Paris. Le duc Charles, pareil au sanglier, animal auquel ses contemporains l’ont souvent comparé, ne se détournait jamais de sa route ; au lieu de renoncer à Beauvais, dont la possession n’avait pour lui qu’une importance secondaire, il résolut de tirer vengeance à tout prix des audacieux bourgeois qui l’avaient bravé. Il s'établit donc dans les faubourgs, fit ouvrir la tranchée et battre les murailles pendant dix jours; puis il ordonna un assaut général malgré l’avis de ses capitaines. Les compagnies bourguignonnes s’y portèrent bravement et parvinrent à planter trois bannières sur le rempart ; mais elles furent reçues d’une si terrible façon qu’après avoir vu leurs drapeaux abattus et une foule d’hommes à l’attaque. Le 30 juin, la garnison sortit, se jeta sur le parc du Téméraire, tua le sire d’Orson, grand maître de son artillerie, et ramena dans la ville plusieurs pièces de canon. Le duc fut convaincu, par cette sanglante expérience, de l’inutilité des assauts ; néanmoins, il ne leva le siège qu’après avoir exhalé sa rage dans un manifeste où il déclarait qu’il ne quittait Beauvaix, « qu’il lui eut été facile d’avoir à son plaisir et volonté, » que pour ne pas tarder davantage à rejoindre son frère de Bretagne et à poursuivre, de concert avec lui, la vengeance de la mort du duc de Guyenne.

    Il délogea donc sans trompette dans la nuit du 22 juillet et, après avoir tenté un effort inutile contre la Normandie, se replia sur la Picardie et sur l’Artois.

     

    Extrait de : 

    La "grande" histoire HISTOIRE POPULAIRE DE LA PICARDIE
      

     Rémy Morel

     

     15.8 x 24 cm - 174 pages avec illustrations, cartes postales anciennes, documents.

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