• La délinquance du patronat au XIXe siècle

    La délinquance du patronat au XIXe siècle

    Usine Riquier à Fressenneville, un coin de l'atelier de préparation

     

    Dans les dernières décennies du XIXe siècle avaient vu le jour un certain nombre de lois qui limitaient le pouvoir patronal et donnaient des droits aux ouvriers. Or, il fallait des luttes incessantes de la part des organisations syndicales pour parvenir à faire que ces lois soient respectées.
    La durée de la journée de travail était réglementée par des lois. Notons la loi de 1848 qui limitait à 12 heures la  durée journalière du travail, la loi de 1874 qui limitait à 6 heures la journée de travail des enfants de moins de 12 ans, la loi du 2 novembre 1892 qui fixait à 11 heures la durée journalière du travail pour les femmes. La presse socialiste dénonçait continuellement le non respect de ces lois, ainsi pour ne prendre qu’un seul exemple, Matrat, le directeur des Nouvelles Galeries d’Amiens, est accusé « pour son autoritarisme et le fait qu’il exige beaucoup plus que l’horaire légal (jusqu’à 19 heures par jour) sans heures supplémentaires. »
    Les inspecteurs du travail constatèrent un nombre considérable d’infractions, notamment en ce qui concernait le travail des femmes et des enfants. Un inspecteur du travail au cours de son passage dans l’usine Hall Tourte & Cie a relevé 158 contraventions à la loi du 2 novembre 1892 mentionnée ci-dessus. Par ailleurs, un rapport présenté par Ernest Cauvin devant le Conseil Général de la Somme et concernant l’ensemble des entreprises du département, fait apparaître que « la durée de travail des enfants est supérieure à celle que prescrit la loi ». Les amendes infligées lors des rares passages des inspecteurs du travail n’étaient en aucune façon dissuasives au regard des profits tirés d’une main d’œuvre enfantine très peu rémunérée. On pourrait faire la même remarque à propos des enfants employés alors qu’ils n’avaient pas l’âge requis par la loi, notamment dans les filatures.

     
    Autres types d’infractions fréquemment constatées, celles relative à l’hygiène et à la sécurité.
    Germinal dans son numéro du 25 Février 1910 relate qu’une jeune fille de 15 ans a trouvé la mort dans une usine de Saleux en remettant, sur ordre de son contremaître, une courroie sur une poulie en marche. Et le journaliste, commentant l’accident, écrit : « Il est interdit de remettre les courroies sur une poulie en marche, mais qu’un ouvrier s’avise de demander l’application dudit règlement, on lui donne à choisir : obéir aux ordres ou aller chercher du travail ailleurs ». Quand une affaire de cet ordre arrivait devant la justice, ce qui était rare, le patron était généralement disculpé, la faute étant rejetée sur l’imprudence de l’ouvrier, ainsi en 1895, un ouvrier ayant été blessé alors qu’il nettoyait un métier en marche, le directeur de l’usine de Saint Ouen accusé de blessure volontaire fut acquitté par le tribunal correctionnel de Doullens.

     

    Extrait de :

     

    Picardie Belle Epoque DÉLINQUANTS ET CRIMINELS

     DANS LA PICARDIE DE LA BELLE ÉPOQUE

      Pierre Desbureaux 
     
      14 x 21 cm - 122 pages - Essai

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