• La campagne d'Artois vers 1950

     

    Dans cet ouvrage, Dominique Voisin, originaire de la campagne d’Artois, nous fait revivre avec pudeur et vérité les saisons, les événements et les coutumes qui ont marqué sa jeunesse à la ferme. La présentation sous la forme d’un abécédaire recrée, d’un mot à l’autre, une ambiance où les manières de vivre, les comportements et les usages disparus reprennent vie ; de même, la révolution qui a bouleversé le monde agricole et la société tout entière s’y précise implicitement. Les textes attachés à chaque mot relatent des faits dont l’auteur a été le témoin et ils font mémoire de ce qu’il en a entendu dire par les ancêtres de l’époque ; de ce fait, l’ensemble n’est pas limité à la période considérée.
    Ce livre est dédié à tous ceux qui ont connu et aimé l’agriculture et la vie à la campagne dans les années 45-65. Il leur permettra, nous l’espérons, d’éprouver le plaisir de revivre leurs propres souvenirs et de mesurer le chemin parcouru par la société. Il voudrait être aussi un “outil” pour les descendants de ces paysans aujourd’hui à la recherche de leurs racines.

    « Tout y a des parfums de Guerre des boutons et des couleurs de Jour de fête... D’ailleurs, à la lettre F on trouve... le facteur ! » - Magazine L’Agenda des Plaisirs

     

    - FACTEUR -

    Le facteur venait du bourg voisin éloigné de trois ou quatre kilomètres. Qu’il vente, qu’il pleuve, que le soleil darde, à pieds, sa sacoche sur le dos, vêtu d’un uniforme de drap bleu, le képi sur la tête, il arpentait les chemins entre les trois villages qu’il desservait. L’hiver, l’eau emplissait les ornières, la pluie continuelle transformait les routes en mares. Le gel adoucissait sa marche et les congères de neige que le vent formait lui donnaient un répit.

    Tous les jours il entrait dans des maisons porter une lettre, un mandat et prenait les nouvelles: la santé de l’un, le deuil de l’autre, la vache malade, le début des travaux, et allait les dire un peu plus loin. L’esprit paysan sevré de nouveautés, était curieux, avide et intéressé, prêt à accueillir toutes les nouvelles pour les commenter et les ruminer. Le facteur ne ressemblait à aucun autre habitant. Il était d’une autre nature : comme un bourdon qui butine les fleurs immobiles des champs, transportant, collé à ses pattes le pollen, les informations d’une fleur à l’autre.
    Il ne se passait pas de jour où quelqu’un demandait : « quelle heure est-il ? Oh ! Pas tard, le facteur n’est pas encore passé. » Son pas régulier servait à mesurer le temps.
    La matinée passant, son visage rosissait. Personne n’aurait pu, par politesse, le laisser entrer sans lui offrir, le matin, un café et la goutte, un verre de vin un peu plus tard. C’était le danger de son métier.

     

     Découvrir le livre  : "Abécédaire du monde paysan" de Dominique Voisin

     

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