• L'affaire Jacob, 1905

    L'affaire Jacob, 1905

    Le procès qui s’ouvrit à Amiens le 8 mars 1905 n’était pas une banale affaire judiciaire mais une « cause célèbre dont le retentissement ébranlera les échos lointains de notre pays et des nations voisines, franchira même les océans…» Car au-delà du procès des trois voleurs d’Abbeville c’était aussi un procès politique qui était intenté à 29 accusés.
    L’événement qui avait déclenché l’affaire était un cambriolage qui eut lieu à Abbeville, effectué par trois hommes : Jacob, Bour et Pélissard. Les policiers vite alertés se lancent à la poursuite des cambrioleurs qu’ils interceptent à la gare de Pont Rémi. C’est alors que Jacob sort son revolver et tue les deux policiers. Les trois hommes parviennent donc à s’enfuir, mais Pélissard est bientôt arrêté à Airaines et Jacob et Bour quelques heures plus tard.
    Ainsi s’achevaient les exploits d’une bande qui avait multiplié les cambriolages les plus audacieux.
    Jacob avait commencé sa carrière de cambrioleur à Marseille, sa ville natale, en se déguisant en commissaire de
    police pour se faire remettre des bijoux et autres valeurs du Mont de Piété. Puis il avait continué sa carrière de ville en ville : Béziers, Poitiers etc. laissant derrière lui chez ses victimes des petits mots généralement signés ATTILA du type « Sale aristo, sois heureux que nous n’ayons pas plus de temps sans quoi ton coffre-fort serait passablement allégé » ou encore chez un juge de paix du Mans « Au juge de paix, nous déclarons la guerre ».
    Jacob en effet était un anarchiste convaincu acquis à l’idée que le vol était une juste restitution des biens mal acquis par des riches, souvent oisifs, toujours exploiteurs et affameurs des travailleurs. Ajoutons que c’est à la fabrication et à la détention d’explosifs qu’il avait dû son premier séjour en prison.
    C’est à partir du début de 1901 qu’ayant constitué une véritable organisation il va parcourir la France, perpétrant ses cambriolages de Rouen à Reims, du Mans à Paris, sans oublier la Picardie à Amiens et à Abbeville où s’achèvera sa carrière.
    Au total c’est pour 95 cambriolages que comparaissent le 8 mars 1905 les 29 accusés. Parmi tous ces cambriolages, signalons celui qui fut peut-être le plus important et qui fut perpétré rue Quincampoix à Paris, où, pénétrant dans un appartement après en avoir percé un plafond, il emporte outre des bijoux et des lingots d’or, 130 000 F en espèces.
    A Amiens Jacob opéra deux cambriolages. Le premier eut lieu boulevard de Belfort chez M. Chivot en mai 1901, où il emporta 8 000 F en espèces plus des bijoux et des objets d’art.
    Le second eut pour victime, en octobre de la même année le propriétaire du 129 rue Laurendeau. Là, il fit main basse sur différentes valeurs et surtout sur 100 000 F en pièces d’or.
    A la fin du procès, le 22 mars, Jacob et Bour furent condamnés aux travaux forcés à perpétuité, Ferrand à 20 ans de travaux forcés, Pélissard à 8 ans etc. 6 accusés furent acquittés. Il apparut à l’évidence que certains accusés comme Sautarel, n’ayant vraisemblablement rien à voir avec les cambriolages, furent condamnés en fait pour délit d’opinion.
    Le Cri du Peuple peu suspect de sympathie pour les anarchistes écrit : « Sautarel n’a pas été condamné parce qu’il était coupable. Sautarel a été condamné parce qu’il était anarchiste, et uniquement parce qu’il était anarchiste ».
    On reparlera des anarchistes à partir des exploits de la bande à Bonnot, mais pour l’essentiel le temps de l’anarchie était passé si ce n’est que dans la Somme son idéologie restera longtemps présente dans le courant de pensée anarchosyndicaliste entretenu par Germinal qui commença précisément à paraître au moment de l’affaire Jacob.

     

    Jacob (1879-1954) - biographie sommaire
    Alexandre, Marius Jacob est né le 27 septembre 1879 à Marseille où son père était employé à la Compagnie de Messageries Maritimes. Il fait de bonnes études primaires.
    A 11 ans il est embarqué comme mousse sur un paquebot qui le conduira jusqu’en Extrême Orient.
    Débarqué à Marseille il trouve un emploi dans une imprimerie. Il commence à cette époque à étudier la chimie.
    Il est arrêté en 1897 et condamné à 6 mois de prison pour fabrication et détention d’explosifs. Sorti de prison, il commence avec son  complice Roques une série de cambriolages.
    Ayant ouvert une boutique de couleurs et vernis à Bordeaux, il commence à constituer une bande importante parmi laquelle on trouve Bour et Sautarel, auteur d’écrits anarchistes.
    A partir du début de 1901 la bande entre en activité et commet de nombreux cambriolages.

    Jacob est arrêté le 22 avril 1903 après avoir tué deux policiers dans la gare de Pont-Rémi. Il sera condamné aux travaux forcés à perpétuité le 22 mars 1905. Il sera libéré du bagne après 23 ans de détention.

     

    Extrait de : 

    Picardie Belle Epoque DÉLINQUANTS ET CRIMINELS

     DANS LA PICARDIE DE LA BELLE ÉPOQUE

      Pierre Desbureaux 
     
      14 x 21 cm - 122 pages - Essai

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