• Blondel de Nesle, trouvère du XIIe siècle

     

    Blondel de Nesle, sauveur du roi Richard Cœur de Lion.

    En 1193, Richard Cœur-de-Lion ayant quitté la Palestine pour revenir en Europe fit naufrage dans la mer Adriatique et fut jeté, par la tempête, sur les terres du duc d’Autriche, qui le retint prisonnier. Personne ne sut ce qu’il était devenu.
    Un de ses favoris, le trouvère Blondel, se mit à parcourir l’Allemagne pour tâcher de le retrouver. Après de longs et pénibles voyages, il arriva devant un vieux château fort, dans lequel gémissait le roi captif. Il se mit à chanter une romance, qu’il avait autrefois composée avec Richard. Aussitôt une voix lui répondit du haut de la tour, et Blondel, reconnaissant celui qu’il cherchait, partit au plus vite pour l’Angleterre, où il raconta son aventure.

     

    Extrait d’un poème de Blondel de Nesle où il chante les tourments et les joies de l’amour, (avec sa traduction) :

    Chanter m’estuet, quar joie ai recouvree,
    Qui me soloit foïr et esloignier ;
    Ire et doleur ai maint jour comperee,
    Bien est maiz tans que la doie laissier ;
    Quar la bele, cui lonc tens ai amee,
    Qui de s’amour me soloit desfier,
    Nouvelement s’est a moi acordee.
    Or me voudra douner et otroier
    Sa fine amour, que tant ai desirree,
    Qui me faisoit jour penser, nuit veillier.

    Il me faut chanter, car j’ai retrouvé la joie
    Qui toujours me fuyait et s’éloignait de moi,
    Me faisant endurer des jours de souffrance.
    Or, cette peine doit me quitter maintenant,
    Car la belle que j’aime depuis si longtemps,
    Qui se défiait de mon sentiment,
    Récemment, s’est offerte à moi.
    Désormais, elle veut bien me donner
    Tout son amour, que j’ai tant désiré,
    qui me faisait rêver le jour et veiller la nuit.

     

    Blondel de Nesle, trouvère du XIIe siècle

    Blondel ou Blondiaus, dit de Néesles, du lieu de sa naissance, a été l’un des troubadours et chansonniers les plus féconds et les plus estimés du XIIe siècle. Il passa dès sa jeunesse en Angleterre, où il fut attaché au roi Richard Ier, surnommé Cœur-de-Lion ; devint son favori et l’accompagna dans sa croisade en Palestine. A son retour de la terre sainte en 1193, ce monarque fit naufrage près d’Aquilée et s’engagea imprudemment dans les états de Léopold, duc d’Autriche, qu’il avait offensé au siège d’Acre. Quoique déguisé en pèlerin, il y fut arrêté et plongé dans une étroite prison. C’est d’après une chronique d’Angleterre, composée en 1455 et citée par Fauchet, que Blondel, assure-t-on, animé d’un amour passionné pour son maître, ne voulut point croire au bruit de sa mort ; se déguisa en ménestrel ; et, la viole à la main, se mit à parcourir l’Allemagne ; et le découvrit enfin dans l’une des tours du château de Lowenstein en chantant le premier couplet d’une chanson qu’ils avaient composée ensemble. Charmé de sa découverte, Blondel se hâta de retourner en Angleterre et d’en instruire la cour. Aussitôt une ambassade fut envoyée à Léopold et obtint la liberté de Richard, moyennant une rançon de 200 000 marcs d’esterlins.
    Michaud, dans son Histoire des croisades, a donné l’extrait d’une autre chronique qui rappelle cet événement. On en trouve également le récit dans la traduction des Annales du Hainaut de Jacques de Guys par M.Fortia d’Urban. Enfin une publication de M. Louis Paris, intitulée Chronique de Rains et relatant les principaux événements de France et d’Angleterre de 1136 à 1260, ne laisse aujourd’hui aucun doute sur le célèbre troubadour Blondel de Nesle. C’est sans doute la même qu’une chronique anonyme du XIIIe siècle, conservée dans un manuscrit de la Sorbonne, sous le n° 454. On y lit, dans le style naïf de cette époque, les détails les plus circonstanciés sur la délivrance de Richards Cœur-de-Lion, dur au dévouement inébranlable de son fidèle serviteur. Nous regrettons de ne pouvoir reproduire ce long récit, qu’on peut lire dans plusieurs ouvrages modernes ; il est ainsi intitulé : « Comment li rois Richars fut mis hors de prison par Blondiel le ménestrel. »
    « Des ore mais vous dirons del roi Richars que li duc d’Osteriche tenait en prison et ne savait mi nouvelles... »
    La chanson de Blondel commençait par ces mots : Domna vestra beautas..., et Richard lui avait répondu par ce premier vers du 2e couplet : Si bel trop offensia...
    Fauchet, né en 1529 et président de la cour des Monnaies à Paris, a rapporté cette histoire pour montrer les effets singuliers de la musique : Bonnet l’a répétée depuis dans son Histoire de la musique, etc. (p. 283). Enfin, cette anecdote de Fauchet a fait fortune et a passé dans les différentes biographies ; elle est le sujet d’un opéra-comique de Sedaine dont Gréty a composé la musique ; tout le monde connaît la fameuse chanson que ce fameux poète a mis dans la bouche de Blondel, et commençant par ces mots :
    « O Richard, ô mon roi, l’univers t’abandonne ».
    Du grand nombre de chansons, qui sont l’œuvre de Blondel, il ne nous en est parvenu que vingt-neuf : elles se trouvent dans les manuscrits des bibliothèques du Roi et de l’arsenal. Dans ses Extraits de quelques poésies des XIIe et XIIIe siècles, Simmer (p. 67) a cité une chanson qui porte le nom du roi Richards, et que ce prince aurait composée pendant sa captivité dans les états du duc d’Autriche.
     

    Paul Decagny (1844)

     

     

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