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Balade dans Abbeville vers 1910
Revenons à la place Courbet.
La rue Saint-Gilles qui y aboutit est, avec la rue Alfred-Cendré, l’une des principales et, dans sa première partie, des plus commerçantes de la ville. Elle conduit, en passant devant l’entrée du marché aux volailles, au Palais de Justice, monument avec portique à colonnes, style néo-grec, qui a été construit sur l’emplacement de l’Hôtel de la Gruthuse, ancien siège du Présidial, incendié en 1795. Sur les côtés se trouvent la Gendarmerie, l’Ecole nationale de Musique puis le Champ de foire. On passe devant plusieurs beaux hôtels, deux aux nos 83 et 85, de l’époque Louis XVI, avec portes sculptées, et statues engagées sur la façade. Plus loin, la porte du n°115, chargée d’attributs avec lions en raccourci, œuvre de Pfaff, est fort intéressante ; au-delà, après l’importante manufacture Delepierre, on arrive à l’Eglise Saint Gilles.
Cette église est contemporaine de celle de Saint Vulfran ; le portail, en trois parties, est du XVIe siècle avec grosse tour à gauche surmontée d’une flèche. Ce portail, qui a bien son caractère a été restauré en 1863 ; au-dessus de la porte du milieu a été placée une statue de Saint Gilles, œuvre de Duthoit, et dans les voussures de l’archivolte, huit berceaux supportent des sujets de la vie du même Saint ; sur le mur de l’église, à droite, on remarque des vestiges de bas-reliefs. Le chevet de cette église va être bien dégagé par la disparition du talus du rempart. L’intérieur de Saint Gilles est surchargé de peintures décoratives à fresque qui en font un vrai missel de pierre ; elle renferme sous le clocher deux toiles du peintre abbevillois Choquet, de la fin du XVIIIe sous le clocher deux toiles du peintre abbevillois Choquet, de la fin du XVIIIe siècle, quelques belles peintures de M.l’abbé Dergny, ancien vicaire, notamment dans la chapelle des fonts baptismaux à gauche et aux autels au bout des deux collatéraux. Au bas-côté droit un Christ en croix, œuvre de Quentin Varin peintre picard de la fin du XVIe siècle, est de haute valeur.
Près de l’église est la caserne Dupré, quartier de la cavalerie ; au-delà s’étend le faubourg Saint-Gilles où se trouve le charmant petit château de Bagatelle bâti au milieu du XVIIIe siècle, avec façade à pans coupés ; il appartient aujourd’hui à M. Paul de Wailly.
Revenant par la rue Saint-Gilles nous signalerons dans la rue de la Tannerie qui y est parallèle une curieuse maison au no 29 ; c’est celle dite de François Ier, bien que d’après des documents relevés par M. Alcius Ledieu, ce roi ne paraisse pas y avoir logé ; elle remonte au XVIe siècle. Sa façade est ornée de quatre médaillons présentant des têtes grimaçantes taillées en bois ; on y voit dans la cour une ravissante cage d’escalier, chef-d’œuvre de la Renaissance, couverte de sculptures délicates.
Extrait de :
ABBEVILLE A LA BELLE ÉPOQUEEmiles Delignières« Les dernières parutions aux Editions la Vague verteDes livres pour les fêtes de fin d'année 2023 »
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