• Roye et la Grande Guerre

     

    Roye et la Grande Guerre

    Roye, le marché sur la Place d'Armes, en ruine

     

    Peu de villes ont été plus souvent assiégées, prises et autant maltraitées par la guerre. Il faut l’attribuer à son voisinage de Péronne et de Paris, et à sa position au milieu des belles plaines du Santerre.

    H. Dusevel et P.-A. Scribe

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    Sur le front dès le début de l’offensive. C’est le 28 août 1914 que les Royens comprirent que la guerre était à leur porte ; ce jour-là, vers 14 h., une voiture chargée de blessés arriva dans la ville. Elle fut suivie de quatre autres dans la soirée. Les blessés, d’abord soignés dans les hôpitaux du lieu, furent ensuite évacués vers le sud.

    Encore tenue par quelques détachements, c’est au matin du 30 août que la bataille fit rage dans les faubourgs. Les Allemands, embusqués dans le bois l’Echelle St Aurin, obligèrent rapidement les troupes françaises à se replier vers Marquivilliers.

    Ce jour-même, le drapeau allemand flotta sur la Kommandantur installée dans l’Hôtel de Ville, et les vainqueurs défilèrent dans les rues. Le soir, la ville fut envahie par une horde portant des casques à pointe. De nombreuses maisons furent pillées. Le lendemain, soulagés par le départ de ces pillards, les habitants de Roye durent néanmoins remettre armes et vivres à la Kommandantur. Ils furent également obligés de regarder défiler à nouveau les troupes allemandes.

    Le 13 septembre, le gros des occupants quittèrent Roye, se repliant comme toute l’armée allemande après la bataille de la Marne. Poursuivant leur reconquête, les fantassins français parvinrent jusqu’à Lassigny. Or, le 22, les premiers obus tombèrent près de l’église, quelques immeubles brûlèrent et trois personnes furent tuées. Les derniers ennemis encore cachés dans la ville fuirent vers Champien ce jour-là.

    Hélas, ne pouvant poursuivre leur offensive mais ne reculant pas, les deux armées combattirent vaillamment à l’est de la ville. Roye fut alors sous le feu d’une intense canonnade. Le préfet Moullé y vint en compagnie du sous-préfet de Montdidier afin de constater la situation des Royens. Certains commencèrent à évacuer.

    Bientôt, un repli fut ordonné par le Général commandant le 4e Corps d’Armée, ceci afin de rester au même niveau que les autres corps qui avaient moins progressé. Les Allemands pénétrèrent à nouveau dans Roye le 30 septembre où seul environ 300 habitants des lieux demeurèrent. Dès lors, ce furent les obus français qui s’abattirent sur Roye.

    Le 1er octobre, vers 20 heures, suite à l’explosion d’un obus, un incendie éclata dans la lingerie de l’hospice où étaient soignés des blessés allemands que l’on évacua rapidement. Les habitants valides furent régulièrement réquisitionnés par l’occupant afin de nettoyer et de remettre en état les habitations utilisées par les soldats ; quelques-uns furent envoyés vers le stalag de Darmstadt.

    Le front se stabilisa, ce fut le début de la guerre de position, l’Etat Major du régiment fut établi dans une cave de Villers-les-Roye. Un poste d’observation permettant un tir précis de l’artillerie allemande fut installé dans le clocher de l’église St Pierre. Pourtant au début de 1915, ce clocher, ainsi que les cheminées des sucreries et de la briqueterie furent dynamités car en fait, ces édifices servaient de repaires aux artilleurs français.

    Peu à peu, le front s’éloignant à l’ouest et surtout au sud, Roye redevint une ville assez calme, hormis quelques bombardements de l’artillerie française qui obligeaient les habitants à coucher dans les caves. Les soldats allemands reçurent des dons de leur pays, et les relations avec les Royens ne furent pas trop mauvaises. Un appel quotidien fut cependant effectué afin de répartir les corvées tels les charrois de piquets et de rouleaux de fils barbelés, le creusement de tranchées pour enterrer les fils téléphoniques, ou autres travaux d’entretien ou des champs.

    Le poste de commandement allemand fut rapatrié dans la ville en mars 1915.

    C’est le 12 février 1917 que les Allemands quittèrent Roye pour se retirer, en secret, sur la ligne Hindenbourg, à 40 km à l’est. Non sans avoir au préalable pratiqué la politique de la terre brûlée. Grandement détruit, Roye fut donc libérée à nouveau le 18 mars 1917 par les fantassins.

    La vie reprit presque son rythme normal pendant un an après la Libération de Roye le 26 août 1918.

     

    Extrait de : 

     
     ROYE ET SON CANTON

     ROYE ET SON CANTON

       Jules Mollet
       15 x 21 cm - 192 pages - avec cartes postales anciennes
     

     

     

     

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