•  

    Du milieu du donjon du château d’Encre, situé à l’est de la ville d’Albert, partaient des souterrains dont le plan a été dressé en 1793. Ces souterrains ont été visités en 1768, en 1793, et au XIXe siècle. D’après les descriptions, ils comprenaient, indépendamment des corridors, une centaine de chambres de 12 à 20 pieds de large. La dernière, de 24 pieds de large, était voûtée en maçonnerie. On y a trouvé de vieilles armoires en chêne, un puits, un four, 3 ou 400 fers à cheval, des monnaies de cuivre des Comtes de St Pol. Il y avait, sous un premier étage à 40 pieds du sols, un second étage de chambres 12 pieds plus bas. Le tout avait été creusé dans la craie du massif au sommet duquel était le château. Le plan de 1793 n’est pas complet. Il n’indique pas un fort long souterrain qui, partant également du centre du donjon, allait déboucher à plus de deux kilomètres de là, dans le bois Lecomte. Il y a une quinzaine d’années, lors de la construction d’une maison rue de Bapaume, on a mis à jour, en creusant les fondations, une partie de ce souterrain. Mais l’excavation a été aussitôt recomblée. Les souterrains servaient de refuge en temps de guerre. Celui qui allait au bois Lecomte pouvait permettre aux défenseurs du château d’aller déboucher fort loin pour surprendre l’ennemi.
    De novembre 1914 à janvier 1915, on explora pour l’armée plusieurs galeries, mais les effondrements étaient nombreux. Suite au creusement d’une cave, on visita à nouveau d’autres galeries en 1936 (hélas souvent bouchées).

    Les souterrains d'Albert et de son canton



    Les souterrains du château de Miraumont, à 50 mètres au sud-sud-ouest de l’église, ont été comblés.
    Il reste cependant une galerie qui part de l’endroit où le chemin de Puisieux entre dans le village, qui passe sous la route d’Achiet et se termine dans une maison. Un autre souterrain, à son entrée au niveau supérieur de la carrière ouverte sur le chemin d’Irles, il irait vers Irles. La place du village est sillonnée d’autres souterrains dont l’un part du nord de cette place. Un quatrième souterrain aurait son entrée derrière la gare de Miraumont. La galerie traverserait la colline appelée la Vigne.
     

    Un souterrain à Bouzincourt a été visité vers 1880 suite à un effondrement. Une galerie maçonnée en pierre a été découverte lors de la reconstruction de l’église en 1922. En face de l’église, on a débouché, en 1944, une cheminée d’aération et fait une visite des galeries non effondrées. On a pu parcourir 144 mètres de galeries et visiter 42 chambres simples ou doubles, avec des traces de portes et de niches pour lampes. Une galerie semble se diriger vers Aveluy et une autre communique avec le puits d’une ferme du village.
     

    Les habitants de Pys se sont réfugiés en 1870 dans un souterrain qui partait de l’église, passait sous la place et sous la route de Beugnate et allait jusqu’à 1 km 400 de Vaulx. Au fond d’un puits de 28 mètres couvert par un pigeonnier, dans une ferme, part un souterrain. Il a aussi été occupé en 1870. Il doit rejoindre l’église et passe sous la chapelle qui se trouve là où se croisent les routes de Miraumont et d’Irles.
     

    On pouvait pénétrer dans le souterrain de Millencourt suite à un probable effondrement dans un prés face à l’église. D’après les anciens qui ont relevé plusieurs effondrements dans le secteur, il existe un vaste souterrain avec chambres, du type souterrain-refuge.
     

    L’entrée des souterrains de Courcelette semble se trouver sous l’église. Une galerie communique avec un puits.
     

    A Grandcourt, partant de Chevicourt, un souterrain s’étendrait à plus d’un kilomètre. Dans un puits à 14 mètres de profondeur, on a découvert une grande chambre taillée dans la craie. Une entrée existerait aussi à la Motte du Charron, elle serait au bas de la falaise.
     

    Avant la guerre 1914-1918, l’entrée du souterrain d’Irles était encore visible sous le clocher. Les galeries s’étendaient dans son voisinage.

     

    Extrait de :

     
    Villes & Villages  ALBERT
      Histoire et description de la cité d'Encre

      Henri Daussy 
     

      Edition recomposée, revue et augmentée :
       Plans, portraits et reproductions de cartes postales anciennes
      15 x 21 cm - 272 pages
     
     
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  • Le château de Louis d’Orléans (fin du XIVe siècle) :

    Vers 1390, Louis d’Orléans, se voyant frustré de ses droits de régent, résolut de faire du Valois, qui faisait partie de son apanage, un vaste réseau militaire constitué de places fortes capables de résister aux attaques de ses ennemis. C’est ainsi qu’il acquit le château de Coucy, qu’il fit remettre en état ceux de Crépy-en-Valois, Montépilloy, Béthisy, Vez, La Ferté Milon.
    Pour ce qui est du château de Pierrefonds, ce dernier était occupé par les moines de Saint-Sulpice, tout au moins dans sa plus grande partie, mais les logements étaient peu agréables et encore moins commodes. Le duc d’Orléans décida donc de choisir une autre assiette pour en construire un nouveau.
    Les moines transformèrent alors le château en une ferme dite “du Rocher”.
    Vers l’Orient, et à une petite distance de cette première construction, est une croupe de collines qui semblaient être propice à recevoir l’établissement d’une forteresse. C’est cet emplacement difficilement accessible qui fut choisi pour la construction du nouveau château.
    Voici ce qu’a écrit Viollet-Le-Duc à ce sujet (Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe ou XVIe siècle, page 253) : « Si Louis d’Orléans fut un grand dissipateur des deniers publics et s’il abusa de l’état de démence dans lequel le roi son frère était tombé, il faut reconnaître que, comme grand seigneur pourvu d’immenses richesses, il fit bâtir en homme de goût. Ce fut lui qui reconstruisit presque entièrement le château de Coucy, qui éleva les résidences de Pierrefonds, de La Ferté Milon, et augmenta celles de Crépy et de Béthisy. Toutes les constructions entreprises sous les ordres de ce prince sont d’une exécution et d’une beauté rares.
    On y trouve ce qu’il est si difficile de réunir dans un même édifice, la parfaite solidité, la force, la puissance avec l’élégance, et cette richesse de bon aloi qui n’abandonne rien aux caprices. »
    Les plans de cet édifice ont été réalisés par Jehan le Noir, et il semblerait que la construction ne commença pas avant 1397. Le château fut flanqué de 8 tours. Comme le roc qui supporte la construction ne couvrait pas toute la surface de la colline, on profita des intervalles, pour établir des caves. Le roi Charles VI sombre très vite dans la démence, et ne peut plus assurer que difficilement ses fonctions. Les ducs d’Orléans assument alors le pouvoir, mais deviennent très vite rivaux. Cette rivalité se termina par l’assassinat du duc d’Orléans, sur les ordres du duc de Bourgogne, Jean sans peur, en novembre 1407.
    Au moment de cet assassinat, la construction du château était pratiquement terminée.

     

    Extrait de :

    Pierrefonds château

     

     LE CHÂTEAU MÉDIÉVAL DE PIERREFONDS

      Jean-Marc Laurent

       14 x 21 cm - 128 pages - Illustrations

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  • Détruit à coups de canon pour le spectacle.

    Elevé au confluent de la Bresle et du Liger, il succéda à une forteresse bâtie par la puissante famille de Cayeu. En partie détruit vers 1780 par un propriétaire qui voulait donner un « spectacle », les restes de ce château furent la proie d’un incendie en 1889.

    L'ancien château de Senarpont

    La forteresse originale fut détruite en 1434 par le comte d’Etampes, que Philippe le Bon avait chargé de reprendre Saint-Valery et le Vimeu. Le château sera reconstruit vers 1640 par Edmond Ier de Monchy.
    Le château, construit par Edmond de Monchy, date donc du XVe siècle pour la partie la plus ancienne ; il fut élevé sur l’emplacement de la forteresse qui l’avait précédé.
    Il y a tout lieu de supposer que c’est dans ce château que François Ier passa la nuit vers la fin du mois d’août 1545 lorsqu’il se rendit d’Arques à Boulogne ; après avoir quitté Senarpont, il se rendit à Forestmontiers.
    Bâti sur une colline avoisinant la Bresle, le château de Senarpont domine le village et offre un aspect imposant. Il se compose d’un corps de logis à un étage surmonté d’un toit dit en batière ; cette construction est tout en pierres, et les murs en sont fort épais.
    De larges fossés remplis d’eau entouraient autrefois ce château ; un pont-levis donnait accès à la porte principale, défendue par une lourde grille en fer. Quatre énormes tours flanquaient cette forteresse, qui pouvait ainsi subir un siège de quelque importance. Mais aujourd’hui l’on ne voit plus qu’une tour en briques, au sud, pourvue de machicoulis fort saillants au sommet du premier étage, qui forme retrait sur la partie inférieure ; le toit de cette tour est très élevé et dépasse en hauteur celui du château ; le pont-levis est remplacé par un pont en pierre et les fossés sont à sec.
    Deux petites tourelles en encorbellement, pourvues chacune d’une frise en pierre sculptée, se dressent de chaque côté de la porte principale ; on traverse alors une voûte et l’on se trouve dans la cour du château, où il est facile de s’apercevoir qu’il manque une partie de cet édifice.
    D’après M. de Belleval, la grosse tour et la façade principale dateraient du XVIe siècle ; elles auraient été construites entre 1531 et 1563 par Jean de Monchy, dont l’écusson est gravé au-dessus de la porte d’entrée.

    Détruit à coups de canon pour le spectacle.
    En effet, son dernier possesseur avant la Révolution, le prince de Nassau, ayant réuni un certain nombre de seigneurs voulut, dans un moment d’extravagance, leur donner un spectacle peu commun ; à cet effet, il fit abattre à coups de canon toute une aile et trois tours de son château pour leur faire voir ce qu’était un siège. On remarque encore les substructions, et les débris des murs et des tours ont comblé en partie les fossés.
    M. l’abbé Lefèvre dit à ce sujet : « Les vastes proportions de cet antique manoir, la beauté de ses ruines, ainsi que le site enchanteur qui l’environne, nous font regretter amèrement que cette magnifique résidence ait appartenu quelque temps au prince de Nassau. »
    A la première grille d’entrée du château, on voit actuellement (en 1889) deux canons placés en guise de heurtoirs ; on peut s’apercevoir que l’un d’eux est crevé près de la bouche ; ils ont servi, paraît-il, au siège dont nous venons de parler.
    Le prince de Nassau eut mille aventures ; il parcourut l’Europe, se battit partout avec un souverain mépris de la vie.

     

    Extrait de :

     
    senarpont réderie rotteleux raimecourt  SENARPONT
     Réderie - Rotteleux - Raimecourt
     HISTOIRE ET
    ARCHÉOLOGIE  
       Alcius Ledieu 
      14.5 x 20.5 cm - 90 pages - Cartes postales anciennes.
     
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    Le père Labêche (Eugène Noël) était jardinier, écrivain normand et chantre de l’écologie. Il était aussi journaliste au Journal de Rouen (ancêtre de Paris-Normandie), bibliothécaire de cette ville, et ami de l’historien Jules Michelet et du géographe Elisée Reclus.
    Né au Franc-Alleu, au faubourg Saint-Hilaire, à Rouen, en 1816, il habita ensuite Heurteauville, non pas Heurteauville près de Duclais, mais Heurteauville-la-Rivière, un peu en avance de Pontbruneau, dans une des jolies vallées cauchoises. C’est de là qu’il adressa régulièrement ses réflexions sur la nature et le jardinage intitulées : Les loisirs du Père Labêche, aux lecteurs du journal de la cité normande.
    Le succès fut grand et se maintint sans interruption de 1872 à 1888. Les propos de Jean Labêche se sont continués, vers 1896, dans le Journal de l’Agriculture. Leur nombre total a dépassé sept cents.
    Il décéda en 1899 à Bois-Guillaume. En 1905, son buste fut inauguré dans le jardin des Plantes de Rouen.

    Un Rouennais, chantre de l'écologie au XIXe siècle

    Buste d'Eugène Noël au Jardin des Plantes à Rouen

     

    A découvrir :

    Cuisine & Jardins

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     AU  JARDIN  DU  PÈRE  LABÊCHE
     Volume 1 : Les plantes - Volume 2 : Les bêtes

     Eugène Noël
       14.8 x 21 cm - 148 pages - (2 volumes)

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    Abbeville vers la fin du XIXe siècle

    Rappelons d’abord que depuis les débuts du Moyen Age, Abbeville avait un port maritime très actif, en relation avec les pays nordiques mais aussi avec certains du Midi : celui du Guindal. Les bateaux de commerce pouvaient alors remonter la Somme à la faveur de la marée qui se faisait sentir jusqu’à Abbeville. De même que d’autres bateaux arrivant de l’amont de la Somme par le bras du Rivage, longeaient St Vulfran par le canal Marchand, passaient sous le pont aux Brouettes et aboutissaient au dit port. D’ailleurs, dès le XVIe siècle, toutes les marchandises devaient être débarquées au Guindal où elles étaient taxées pour le « guindalage ».
    Mais au XIXe siècle, les courants commerciaux se sont modifiés, la rivière s’ensable. En 1864, on comble ce bras de la Somme qu’est le canal Marchand, puis en 1865 on démolit le quai du Guindal et on élargit la place du même nom. Le port se déplace alors en aval vers le pont Neuf puis vers la Pointe, dont le quai actuel est établi en 1840. Donc, à partir de cette date, les grands trois-mâts arrivés de la mer par l’estuaire et la canal de la Somme accostèrent au quai de la Pointe. Les cargaisons étaient déchargées ou chargées sous la surveillance et le contrôle des douaniers en uniforme. Il existait un bâtiment des douanes (construit en 1842/43) sur le port, comprenant une section de 12 à 15 douaniers sous les ordres d’un capitaine. La nuit, ils tendaient des embuscades autour d’Abbeville en vue de surprendre les intrépides et imaginatifs contrebandiers, surtout ceux de Vignacourt paraît-il. Bateaux anglais et hollandais débarquaient des marchandises diverses dans l’entrepôt du port et emportaient du blé picard. Les plus nombreux, les Suédois et Norvégiens, apportaient du bois de pin et de sapin rouge qui était transporté vers les scieries proches. Les consuls et agents maritimes se trouvaient à St-Valery, avec juridiction étendue sur Abbeville. Un seul consul à Abbeville, celui des Pays-Bas : M. Vayson, le grand manufacturier des Rames.

    Le port maritime d'Abbeville

    Le port d'Abbeville d'après une gravure de 1845.

    En longeant le quai, on arrivait à l’embouchure du Novion qui, après avoir fait tourner le moulin Richebourg et ceux de la vieille porte Marcadé, se jetait dans la Somme au Trou du sang. On arrivait ensuite au pont tournant de Rouvroy sur lequel passaient les trains (à vapeur) du Paris-Calais. En revenant vers la ville par la rive gauche, on utilisait la passerelle réservée aux piétons le long de ce pont. Ensuite, on passait sur le pont (dénommé par les anciens actuels le pont chinois) enjambant le canal de Transit, puis devant le parc des Rames avec sa vaste grille encadrée de 2 piliers surmontés de lévriers, symboles de la fidélité. Toujours sur la rive gauche, du pont Ledien on arrivait au Pont-Neuf, témoin de l’affaire La Barre, et on se retrouvait dans le centre ville.
    Les armateurs de notre port étaient nombreux. Nos bateaux partaient d’Abbeville et de St-Valery pour les Indes et les Amériques. Mentionnons que Napoléon Ier eut recours à nos chantiers de constructions navales pour son projet d’invasion de l’Angleterre à partir du camp de Boulogne. Au XVe, notre port comptait 100 capitaines au long cours. A la fin du règne d’Henri IV (1610), St-Valery comptait 36 000 habitants et son port contenait une centaine de bateaux de 70 tonnes.


    Gérard Devismes

     

    Extrait de :

    Abbeville histoire  HISTOIRE D’ABBEVILLE et de sa région
     des origines à l’aube du XXIesiècle 
        
     Gérard Devismes
     
      14 x 21 cm - 264 pages
     
     
     
     
     
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