• Passages en Somme de deux romancières illustres

    Au cours du XXe siècle,  deux jeunes femmes ont séjourné et ont écrit dans la Somme. Leurs romans, quoique très différents, comptent aujourd’hui parmi les meilleurs de la littérature.


    Au Crotoy, lors de ses vacances en 1907 et 1908, Colette qui ne veut plus jouer les « Claudine », divorcée l’année précédente, libre et solitaire, savoure alors une vraie « retraite sentimentale ». Inspirée par la lumière et les espaces de la baie, elle écrit les « Vrilles de la vigne », suite de dialogues, de confidences et d’impressions à propos de sujets aussi divers que la solitude, l’amour et la nature.

     Passages en Somme de deux romancières illustres

    Le Crotoy, promenade à ânes sur le bord de l'eau.


    « Une brume de chaleur baigne la baie de Somme, où la marée de morte-eau palpite à peine, plate comme un lac. Reculée derrière ce brouillard moite et bleu, la Pointe de Saint-Quentin semble frémir et flotter, inconsistante comme un mirage... La belle journée à vivre sans penser, vêtue seulement d’un maillot de laine ! »
    Colette, «Sido », 2e partie « Les vrilles de la vigne ».
     


    50 années plus tard, 50 kilomètres plus à l’est, à Doullens, en 1956 et 1957, emprisonnée pour 7 ans suite à un hold-up commis à Paris ; puis détenue à Amiens fin 1958 et début 1959 ; Albertine Sarrazin griffonne sans rature ses nombreux carnets qui ne la quittent pas et qui plus tard seront les sources bouillonnantes de ses trois romans : « L’Astragale », « La Cavale », et « La Traversière ».

     

    Passages en Somme de deux romancières illustres

    Doullens, la Citadelle, Ecole de préservation, Quartier d'amendement, Ancienne caserne.


     
    « Autour de moi étaient le merveilleux et le sordide, le temps volé à reconquérir d’urgence, l’oubli instantané à gagner de vitesse, le rien à arracher au néant. J’ai essayé d’en parler, le soir, de traduire le creux des heures sous l’ampoule nue ou le vasistas maigre. »
    Albertine Sarrazin, « La Traversière ».


    " En octobre 1965, lors d’une interview accordée au journal « Combat », comme nous tentions d’interroger Albertine sur ses projets, elle dit simplement : « Je n’écrirai jamais n’importe quoi. J’ai besoin de sentir les choses. Et je n’ai pas encore eu le temps de vivre beaucoup. »
    Notons ici tout ce qui la sépare d’une Colette, qu’elle admirait pourtant : Colette entre deux romans, demandait autour d’elle (et il advint, paraît-il, qu’elle demandât à Marcel Proust) : « Donnez-moi un sujet ! ». Le sujet adopté, elle se mettait, en savante écolière, à sa composition française. Chez Albertine, rien de
    cela : il lui fallait avoir passé le feu pour dire la brûlure. "

    Josanne Duranteau, extrait de l’introduction de « Lettres à Julien, 1958-1960 ».




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