• Le chevalier de La Barre, martyr de l'intolérance

    Il n’avait pas 20 ans, il fut tourmenté, torturé, décapité puis brûlé en place publique d’Abbeville le 1er juillet 1766.
    Jean-François Lefebvre, chevalier de La Barre, fut victime du fanatisme religieux, de la lâcheté politique, de la haine d’un juge... Il n’avait pas 20 ans, il était orphelin, il était innocent, et sa tête est tombée sous les applaudissements.

    Les débuts de l'affaire...
    Pendant la nuit du 8 au 9 août 1765, un crucifix de bois, placé sur le Pont Neuf, avait été mutilé avec un instrument tranchant. Cette même nuit, un autre crucifix, planté dans le cimetière de Sainte-Catherine, fut couvert d’immondices. Le procureur du roi informa l’évêque d’Amiens, M. de la Motte Dorléans, publia un monitoire pour découvrir l’auteur de ces profanations. Le 8 octobre, il vint lui-même à Abbeville, accompagné de douze missionnaires, et se rendit processionnellement, pieds-nus, la corde au cou, devant les croix insultées. Cette cérémonie expiatoire, à laquelle assistaient toutes les autorités civiles et judiciaires, fit sur le peuple une impression profonde. Plus de cent témoins, appelés pour exposer des faits relatifs à la mutilation, parlaient de discours impies tenus par des jeunes gens de la ville, mais ne donnaient aucun indice sur l’aventure du crucifix.
    L’instigateur secret de cette déplorable affaire porta tous les soupçons sur le chevalier de La Barre, petit-fils d’un lieutenant général des armées du roi.
    Né dans les environs de Coutances, La Barre avait passé les premiers temps de sa vie chez un curé de campagne, et demeuré depuis chez un fermier. Il était doux, modeste et possédait des qualités précieuses ; mais son éducation avait été fort négligée, car il était resté orphelin dès l’enfance. Madame Feydeau, abbesse de Willencourt, dont il était le neveu à la mode de Bretagne, le fit venir auprès d’elle en 1764, lui donna des maîtres, et lui fit obtenir un brevet de lieutenant. « Cette dame aimable, dit Voltaire, de mœurs très régulières, d’une humeur douce, enjouée, bienfaisante et sage, sans superstition, » lui donnait à souper, ainsi qu’à quelques jeunes gens de ses amis, dont les passions étaient ardentes et la foi peu vive. C’était un bruit généralement répandu que ces jeunes gens, dans leurs parties secrètes de plaisir, mêlaient l’irréligion à la débauche, et que le chevalier partageait leurs folies. On disait qu’il s’était un jour introduit dans le couvent, habillé en fille, et on l’accusait de plus d’avoir passé, ainsi que d’Etallonde et Moisnel, à vingt-cinq pas du Saint-Sacrement, sans se découvrir et sans se mettre à genoux. Le procureur du roi dénonça ce fait à la justice, et y trouva le motif d’une nouvelle plainte.
    Les trois jeunes gens furent décrétés de prise de corps. Au premier bruit de l’enquête, d’Etallonde s’était réfugié près de l’abbé du Lieu-Dieu, car il redoutait la sévérité de son père, le président de Boencourt, qui devait siéger parmi ses juges. L’abbé du Lieu-Dieu réussit, avec le secours de l’abbé du Tréport, son ami, à faire échapper d’Etallonde.


    Le chevalier de La Barre, martyr de l'intolérance

    Sur le Pont-Neuf, le fameux Christ (à gauche, n° 2) qui mènera le Chevalier de La Barre au bûcher

    (aquarelle d'Oswald Macqueron, coll. B.M. Abbeville)

     

     

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