• Le chêne d'Allouville-Bellefosse

    Agé de 1 200 ans, ou plus, le chêne d'Allouville-Bellefosse, au sud d'Yvetot,

    est à la fois un monument naturel et spirituel.

    Le chêne d'Allouville-Bellefosse

    Vue de l'arbre, la chapelle avec ses renforts et l'escalier en colimaçon qui permet d'accéder à la chapelle de l'étage.



    Devant la très belle église apparaît le célèbre chêne. 

    Devant la très belle église apparaît le célèbre chêne.
    Le premier moment de surprise passé, on comprend mieux la véritable signification du chêne d’Allouville. Premier moment de surprise et presque de déception à la fois. On s’attend en effet à rencontrer un arbre colossal, à la frondaison abondamment garnie, aux branches vigoureuses qui s’élancent hardiment vers le ciel.
    De tout cela bien peu de chose à dire vrai. Un escalier en colimaçon, un tronc presque seul recou-vert d’une multitude de petites écailles de bois, trois ou quatre grosses branches encore en vie fermement maintenues par de solides attaches métalliques. Voilà ce qui ressort du premier examen visuel.
    On se pose la question de savoir s’il ne s’agit pas là d’un quelconque temple asiatique, ou bien de l’habitation d’un poète bohème...
    Tour, donjon, case amazonienne, tout semble convenir dans l’immédiat.
    Quittons cette image de conte d’enfant d’une très hypothétique histoire de Barbe-Bleue pour analyser véritablement ce prodigieux édifice.
    Après en avoir fait le tour, après avoir touché l’écorce ridée et craquelée telle une peau de pachyderme sédentaire, on saisit alors les premières nuan-ces qui démentent catégoriquement le jugement original. En admirant cette puissante forteresse, en bavardant avec les habitants du bourg, tout devient clair, tout s’explique.
    Le chêne d’Allouville est le premier personnage de la commune. Un double panonceau apposé à même l’arbre mérite qu’on s’y attarde un instant : « Avis : il est défendu, sous peine d’amende, d’escalader la balustrade qui entoure le chêne, d’enlever l’écorce et les rameaux du chêne. Procès-verbal sera dressé pour les contrevenants. »
    « A Notre-Dame de la Paix. Erigée par M. l’abbé du Détroit, curé d’Allouville, 1696 ».
    ... Défense d’enlever l’écorce et les rameaux du chêne, d’en enlever les feuilles...
    Quel odieux vandale oserait agir ainsi  à l’encontre de l’inscription ? Le respect vous gagne devant semblable création de la nature.
    De l’espèce à glands pédonculaires, le chêne d’Allouville passe aux yeux des spécialistes pour être le plus vieux et le plus gros non seulement de France, mais d’Europe.

     

    Le chêne d'Allouville-Bellefosse

    Entrée de la chapelle du rez-de-chaussée qui permet tout juste le passage d'une personne.

     
     
    1 200 d’âge et 15 m. 70 de circonférence à la base !
    Il a été visité par Charles II, roi d’Angleterre, ainsi que par Louis XV. Le plus bel honneur reste toutefois le pique-nique qu’avait fait François Ier sous ses ombrages.
    Sa hauteur actuelle est en très nette disproportion avec sa grosseur. La foudre et le vent en sont les principaux responsables. Le chêne a été mutilé de nombreuses fois. La dégradation la plus dramatique a eu lieu dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre 1912.
    Cette nuit-là, en effet, une violente tempête cassait sa plus grosse branche ce qui eut pour effet immédiat de réduire la hauteur de l’arbre de 20 mètres.

    Un dieu survivant de la vieille forêt normande.
    Il y a douze siècles de cela, une immense forêt de chêne recouvrait toute la région.
    Ayant résisté aux attaques de l’homme et de ce fait aux déboisements successifs, seuls quelques rares spécimens de l’espèce survécurent. A quoi durent-ils cette chance ? Il est fort vraisemblable qu’à l’époque, ces géants des forêts devaient déjà s’imposer vis-à-vis de leurs semblables. A cela s’ajoute aussi le fait que des pareils arbres étaient choisis comme point de repères de chasse, d’itinéraires, voire même de rendez-vous.
    En 1696, le curé d’Allouville ayant constaté que la cavité du chêne pouvait contenir 40 enfants, eut l’idée de transformer ce « local » en chapelle dédiée à Notre-Dame de la Paix. La partie supérieure du tronc fut convertie en cellule avec un lit, une chaise et une table. C’est ainsi que naquit la « chambre de l’ermite ».


    Le chêne d'Allouville-Bellefosse

    Dans la chapelle de l'étage se trouve un très joli Christ sculpté par un artisan local. Le chêne et les deux chapelles ont toujours été entrenus par des artisans des environs.


    Sauvé par bonheur au nom de la Liberté.
    En 1793, les arbres du presbytère tombèrent sous la hache des révolutionnaires et furent livrés aux flammes.
    Le gros chêne allait subir le même sort. C’est alors que l’instituteur de la commune – M. Jean-Baptiste Bonheur – eut la très heureuse initiative d’appliquer sur la paroi de l’arbre en question un écriteau sur lequel on lisait «Temple de la liberté ».
    Ces quatre mots aidés par quelques ardents défenseurs du vieil arbre suffirent à calmer l’ardeur dévastatrice des révolutionnaires.
    En 1853, le préfet de Rouen, profondément touché par l’état de vétusté de l’ensemble, ordonna une restauration immédiate. C’est à peu de chose près sous cette forme que nous apparaît le chêne aujourd’hui.
    Au niveau du sol se situe la chapelle N.-D. de la Paix. Haute de 3 mètres, elle est entièrement constituée de chêne. Au-dessus de l’autel se trouvait jadis une très jolie statue en bois doré qui était un don de l’Impératrice Eugénie.
    La chambre de l’ermite fut transformée par la suite en chapelle du calvaire. Le 3 octobre 1854, M.Blanquart de Bailleul, archevêque de Rouen, vint inaugurer la chapelle N.-D. de la Paix, entièrement restaurée.
    Depuis ce jour et jusqu’au milieu du XXe siècle, la messe du chêne fut dite régulièrement deux fois par an : le 2 juillet et le lendemain de la première communion.
    En 1887, l’escalier et la balustrade furent refaits. La chapelle supérieure nécessita également quelques modifications. Le plâtre désagrégé fut remplacé par des lambris de chêne, tandis que les câbles et les barres de fer qui soutenaient les grosses branches étaient renforcés.
    Enfin un arrêté du secrétariat d’Etat aux Beaux-Arts en date du 23 août 1932 l’inscrit sur la liste des monuments naturels et sites classés.
     
    Aujourd’hui, on vient de loin pour visiter le chêne. Des quatre coins de l’Europe pourrait-on presque dire. Le fait sans doute le plus anecdotique reste peut-être le geste que font certains visiteurs en automne. Ils ramassent un gland qu’ils mettront en terre chez eux, dans un pot ou bien directement au jardin.
    Ainsi sera perpétuée la descendance du vieillard des forêts gauloises.
    En attendant, il jouit de la considération et des soins les plus attentionnés de tout le monde. Ses plaies et se blessures sont colmatées à l’aide de petites tuiles réalisées dans des planchettes de marronnier, et soigneusement juxtaposées.

     

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