• Le château d'EU au théâtre de l'histoire - en 10 épisodes - 10° -

    - 10e épisode -
    Une résidence pour le roi

     

         La ville d'Eu ne fit que changer de bienfaiteur. Le duc d'Orléans, aujourd'hui roi, visita le château en 1821; et, charmé de la situation de cette belle résidence et des souvenirs qui s'y rattachent, il résolut de rendre à l'antique demeure des Guises et de mademoiselle de Montpensier son caractère et sa magnificence. Un de ses premiers soins fut de faire exhumer de la poussière des greniers ce qui restait de l'ancienne collection des portraits et d'en ordonner la restauration. Il a fallu réparer les pertes occasionnées par les injures ou le malheur des temps. De nombreuses recherches ont été faites pour combler les intervalles ; lorsqu'elles ont été inutiles, on a fait refaire les portraits qui avaient disparu ou qui avaient été dégradés. On en a ajouté un très grand nombre des personnages les plus illustres, et, grâce à seize années de travaux et de persévérance, c'est aujourd'hui une des collections historiques les plus précieuses, les plus complètes qui existent en Europe ; c'est aussi le plus bel ornement du château d'Eu.
         Quant aux travaux entrepris pour restaurer et embellir ce château, et pour agrandir ses dépendances ; laissons parler M. Fontaine lui-même, qui a secondé les vues du prince avec un talent habitué à triompher des plus grandes difficultés, et une activité que l'âge n'a point ralentie : « La destination caractéristique que le prince a donnée aux restes informes et insuffisants du château d'Eu l'a sans doute rendu remarquable ; mais ses richesses historiques n'ont rien ajouté à ce qui devait le rendre plus habitable et plus commode.
         Un tiers de l'édifice ancien, la partie en retour au nord, dans laquelle se trouvaient le grand escalier et le petit château, avait été démolie. Il a donc fallu rétablir tout sans rien détruire de ce qui restait des choses anciennes, ajouter les parties nécessaires sans dénaturer ou changer le caractère particulier de l'édifice. Il a fallu en même temps assainir l'habitation, et construire à cet effet des caves en sous-œuvre dans toute l'étendue du rez-de-chaussée, rectifier les distributions incorrectes et mal entendues, consolider les murs de refend qui étaient en ruine, refaire les planchers en partie pourris, réparer les charpentes et les couvertures, ainsi que les façades, les rendre uniformes et régulières ; enfin donner à des constructions faites sans méthode et presque sans dessin, l'ordonnance, la symétrie, sans lesquelles, ici comme ailleurs, l'architecture n'est plus un art.

    Le château d'EU au théâtre de l'histoire - en 10 épisodes - 10° -

    Le Château d'Eu


         Il n'a pas suffi, dans cet important travail, de chercher à rendre convenables et commodes les appartements des anciens ducs de Guise ; et de conserver soigneusement tout ce qui pouvait y retracer les souvenirs de leur temps : on a dû ajouter à l'habitation des bâtiments et dépendances, construire des cuisines, des écuries, des remises et des communs, des logements de suite et tous les accessoires dont il ne restait plus de trace. C'est alors que l'on a été obligé d'acheter au dehors de grandes portions de terrains, afin d'agrandir le parc et de porter les limites de la clôture jusqu'aux rives de la Bresle, d'acquérir en même temps plusieurs maisons entre l'église et le château, afin de trouver les dépendances sans lesquelles il ne pouvait être habité. Dans cet état de choses, placer les bâtiments neufs de manière à leur donner une proportion convenable, les rattacher au logis principal sans changer sa disposition, sans le dénaturer, et sans lui faire perdre le caractère qui le distingue, était sans doute une difficulté grande que l'art seul ne pouvait vaincre ; il a fallu que le jugement éclairé du prince intervînt et ordonnât que les dépendances fussent séparées du château ; que, sans trop s'astreindre aux règles d'une rigoureuse symétrie de plan, on fit, pour chaque partie, ce que dictait la nécessité. C'est ainsi qu'ayant élevé ces bâtiments dans l'espace acquis du côté de la ville dont ils semblent faire partie, ayant profité du rampant de la montagne vers la plaine, pour leur donner le moins d'élévation possible ; ayant ensuite trouvé moyen de communiquer au château par un corridor souterrain qui traverse la cour, les besoins ont été satisfaits. Le service des dépendances, presque inaperçu, est complet ; et de toute part on voit se lever seule, isolée, au-dessus de la ville et de tout ce qui l'entoure, l'ancienne demeure des ducs de Guise, qui paraît être encore ce qu'elle était jadis.

     

     Extrait de :

     château d'EuHISTOIRE ET DESCRIPTION

     DU CHÂTEAU D’EU 

     Souvenirs historiques des résidences royales de France

     J. Vatout
      
    14 x 21 cm - 430 pages - Cartes postales anciennes

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