• La crevette dans tous ses états...

    Histoire et tradition.  
    Evidemment, la crevette vivante ne ressemble en rien à celles de nos boîtes de conserve, ni à celles des sachets congelés qui sont nues, épluchées, dépourvues de leurs extrémités.
    Ainsi nous les peint Zola dans leur élégance : « Cependant, les crevettes roses, les crevettes grises, dans les bourriches, mettraient, au milieu de la douceur effacée de leurs tas, les imperceptibles boutons de jais de leurs milliers d’yeux ; les langoustes épineuses, les homards tigrés de noir, vivants encore, se traînant sur leurs pattes cassées, craquaient ».
    La coquetterie des crevettes est telle qu’on les compare aux femmes galantes de luxe. Ces demoiselles de l’océan poussent l’élégance jusqu’à changer leur robe toutes les semaines. Elles abandonnent leur ancienne toilette pour une nouvelle taillée sur mesure. La mue de la carapace évoque un strip-tease dansé avec grâce. Entre une suite de force sauts, détentes, entrechats exécutés des pattes à la queue, la crevette se dépouille de son ancienne robe et se fait une nouvelle d’un rose pastel transparent.
    Bien entendu, toutes sortes de fantaisies existent dans le monde exubérant de ces crustacés : les crevettes roses et grises (bouquets et boucauds), les grosses crevettes (gambas et scampi) n’ont certes rien à voir avec les modestes caridines, crevettines et gammas d’eau douce.
    Gide, qui appréciait particulièrement ces dernières, les décrit en ces termes dans son “Voyage au Congo” : « On nous apporte des crevettes de rivières ; très grosses, semblables à du “bouquet”... Cuites, leur chair reste molle et gluante. »
    Les multiples variétés de crevettes sont, selon la tradition, désignées sous les termes de : buhotte, caramote, cardon, crangon, chevrette, fouessen, sauterelle de sable, sauticot, ligouhan, esquire... Certaines espèces de crevettes forment des couples à vie. C’est pourquoi, une charmante coutume aïnoute recommande d’offrir aux jeunes mariés une éponge portant un couple de crevettes symbolisant la fidélité conjugale.
     

    Pêche à la crevette

    Pêche au haveneau.
    Se pratique entre 1 heure avant et 1/2 heure après la basse-mer.
    Dans l’eau jusqu’au ventre, on pousse parallèlement à la côte.
    Lorsque l’on relève le haveneau pour faire glisser les sauterelles dans la queue du filet, il faut veiller à se placer dos au vent pour ne pas recevoir l’eau figée dans les mailles.

    Biologie.
     De tous les animaux marins, les crevettes sont les seules à présenter une organisation sociale dont la complexité ferait rougir les fourmis et les abeilles.
    Chaque colonie se structure autour d’une reine dont la taille est plus grosse. Les membres de la communauté se partagent des ressources de nourriture de façon équitable. Il existe aussi des escarmouches de soldats pour défendre les abords de la cité au cas où elle se localise au sein d’une éponge ou dans le creux d’un récif. Dans cette communauté, la fonction de reproduction repose sur quelques individus précis. Plusieurs générations vivent ensemble, coopèrent étroitement pour élever les petits.
    En général, seule la reine de la colonie se charge de pondre. Les œufs restent accrochés à leur mère jusqu’à l’éclosion.
    L’approche d’un prédateur alerte aussitôt les escadrilles de la colonie. Les lignes de défense se mettent en place pour protéger la progéniture : les grandes crevettes devant, les petites derrière, tandis que la reine au milieu dirige le combat. Ensemble, elles font claquer leurs grosses pinces visant à effrayer l’adversaire.
    La communication entre les membres de la communauté s’échange par le biais des molécules chimiques. La plupart du temps, ces crustacés semblent mener une vie tranquille même dans les mers les plus agitées. Ils se posent simplement sur le fond sableux.
    « La crevette, de la taille ordinaire d’un bibelot, a une consistance à peine inférieure à celle de l’ongle. Elle pratique l’art de vivre en suspension dans la pire confusion marine au creux des rochers... La crevette ressemble à certaines hallucinations bénignes de la vue, à forme de bâtonnets, de virgules, d’autres signes aussi simples,... et elle ne bondit pas d’une façon différente », nota Francis Ponge.
    Après la mue, moment où la femelle reste toute nue, le mâle lui fait la cour et saute sur l’occasion. L’une de ses pattes, la deuxième, sert de membre viril pour charmer la partenaire. Les crevettes inférieures se reproduisent par parthénogénèse. Elles ne génèrent que des femelles. Lorsque l’environnement devient hostile, alors mâles et femelles s’unissent pour engendrer des progénitures plus résistantes.

     

     

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