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    Printemps 2001, la Somme, paisible fleuve côtier, sort de son lit et inonde la vallée pendant près de deux mois, semant le désarroi et le désastre.

    Les inondations dans la Somme en 2001

    Vue du quartier St Gilles sous les eaux en avril 2001, au loin le centre-ville.


    Le début des inondations :
    A Abbeville, l’eau monte. Le Doigt fait des siennes. Rue du Faubourg des Planches, les inondations provoquent des dégâts dans les maisons ; les élèves de l‘école de Rouvroy ont dû quitter leurs classes pour être accueillis dans l’école maternelle. La chaussée est interdite à la circulation. Des employés des services techniques de la mairie apportent des parpaings aux habitants pour rehausser leur mobilier. Des passages en planches sont installés. Des équipes du service des espaces verts travaillent d’arrache-pied pour colmater les brèches sur les rives de la Somme. Le directeur des services techniques explique : « L’eau vient du fleuve ; elle se déverse dans les fossés qui alimentent le Doigt qui, lui-même, subit l’influence des marées. »
    - Le Courrier picard du 31 mars 2001.

    Quatre jours après le début des inondations, la situation à Abbeville et dans les alentours ne s’améliore pas. Au contraire, les habitants s’apprêtent à affronter les marées à forts coefficients des 8 et 9 avril. Les pompiers ont fait tout ce qu’ils ont pu. Il n’est même plus possible de pomper l’eau, car on ne sait plus où l’envoyer. La communauté des gens du voyage, qui était installée à proximité du champ de courses, a dû partir et s’installer sur le parking du boulevard Vauban. Rue du faubourg des Planches, des poissons ont été vus dans le caniveau. Le maire de Mareuil-Caubert se dit scandalisé : « Cela fait des années que j’ai averti les pouvoirs publics des risques d’inondation dans le village. Rien n’a été fait ! » Les huttes des étangs de la commune semblent bien isolées.
    - Le Courrier picard du 2 avril 2001.


    Découvrez le livre qui retrace les inondations dans la vallée de la Somme des origines à 2002.

     


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    Quelques proverbes et dictons picards...

     

    Le Picard, né malin, moqueur, médisant, mit, très tôt, son esprit d'observation au service de son besoin impérieux de rire, de se glausser de ses semblables...

    Voici quelques dictons parmi d'autres :

    - Tout ch’qu’i sait n’tiendroit mie das vou tête.
    C’est un savant.

    - T’es eune andouille fichelée des deux bouts.
    Tu es un imbécile.

    A quelqu’un qui veut en remontrer.
    - Tu veux r’montreu à tin père à foaire des piots.

    - Il est épéni (épanoui) comme eune couvoère (poule couveuse).
    Marcher en bondant le torse, les bras écartés du corps.

    - Un tchien noér i court aussi vite qu’un tchien blanc.
    En réponse à une remarque sur sa propreté, sur sa tenue.

    - S’feume (femme) a s’a assis su s’écmise.
    De quelqu’un qui se lève très en retard.

    - Y gn’o in qquo oèsieu (oiseau) da ch’bo (bois).
    Qui dit : Comm’ tu foès, o t’ f’ro.
    Quand quelqu’un a fait de la peine à autrui.

    - Eune madjette (chèvre), eune feume, et pis un beudet, ch’est trouos bêtes à viches.
    La femme vue par les hommes...

    - Ch’est eune servante honnête,
    Ac-couque aveuc sin moaîte.
    Quand une servante s’entend avec son patron.

    - A t-tient su sin dos miu qu’eune serpe.
    A propos d’une femme facile.

    - Quand o perd sen coutieu, pisqu’o l’ertrouve !
    Tout est bien qui finit bien.

    - Ch’est ch’catieu (château) d’ Boves,
    Bel’ monte, peu d’cose.
    Une maison ou une chose de belle apparence.

    - O n’tire point d’frainne blanque d’un so au quérbon (charbon).
    On ne peut rien espérer d’un l’homme mal intentionné.

    - Connaisseu vôus chés trouos mots picards ?
    Un cot, un tchien, eune mouque,
    Du brun dins t’bouque !

    - Canter l’épouvante.
    Chanter faux.

    - O t’einverrons sonner midi à ch’clocher d’Croquoison.
    Village qui n’a pas de clocher, mais un simple campenard.

    - Pour avoér eune vaque i feut chon (cinq) jorneux d’terre, un pour chaque patte et pis un pour és
    tcheue.

    - Ch’est l’diabe qui s’bot aveu s’feume.
    Quand il pleut et qu’il fait soleil.

     

    Découvrir les : Proverbes et dictons picards 

     


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    Transcription en français :

    Durant la Grande Guerre, l’auteur patoisant Charles Lecat, ne pouvant plus jouer du piston dans le village par respect pour les veuves, accepte de répéter quelques morceaux dans le moulin d’un ami de la famille retiré dans les champs.

    (...) Je suis donc allé jouer du piston - un instrument à vent pour faire du son - dans un moulin, un autre instrument à vent pour faire également du son, en même temps que de la farine. (...)
    J’étais aussi heureux qu’un poisson dans l’eau quand je m’en allais au moulin.
    J’enveloppais mon piston dans un chiffon, pour qu’on ne le voit pas.
    En sortant des haies, j’apercevais le moulin à deux cents mètres dans les champs. Ses quatre ailes qui couraient les unes après les autres avaient l’air de me faire signe pour que je me dépêche. (...)
    J’arrivais en bas de l’escalier, un escalier tremblant, fixé à la longue queue et, en quatre enjambées, j’étais en haut. La porte était toujours grande ouverte. J’entrais et je m’asseyais sur un sac de mouture. Je sortais mon piston et mes partitions, puis je commençais à jouer.
    Dufrien s’asseyait sur un autre sac de mouture, et il m’écoutait en fumant sa pipe. Parfois, le chat (il y en a toujours au moins un dans un moulin pour les souris et la vermine) se couchait en rond sur la bascule, non loin de moi, pour m’écouter aussi, probablement.
    Personne d’autre qu’eux ne pouvait entendre. (...)
    Quel plaisir j’ai eu à jouer du piston dans le moulin Popol ! C’est pour jouer de la musique avec moi, que les meules bruissaient doucement sur ma tête. C’est pour me battre la mesure que le cliquet de la bluterie faisait son tic-tac. Croyez-le : en fabriquant de la farine, un moulin, ça fait de la musique. Une musique douce, qui s’harmonisait très bien avec la musique de mon piston.
    Je me sentais comme un chat dans un panier dans le moulin Popol, au milieu des champs, avec seulement mon piston, le vent et Dufrien.
    Mais je n’irai plus jamais, jamais faire de la musique dans un moulin. Comment ferai-je ?
    Mon piston est démonté et des moulins... il n’y en a plus. Il y en avait pourtant plein les champs, et c’était joliment beau !
    Savez-vous que rien qu’à Woignarue, quelques années avant la guerre 14, il y en avait quatre ?
    Mais, à propos des champs, je vous dirai pour finir mon histoire, que ceux d’aujourd’hui, les champs, sans chevaux ni charrettes, sans faucheurs ni coupeurs, sans chemins verts ni sentiers, sans ratisseurs ni éparpilleurs de fumiers, sans alouettes ni coucous, sans meules et, par-dessus tout, sans moulins... ça n’est plus “les champs”. Ce n’est plus que des exploitations agricoles, qui sentent le pétrole !

    Mon piston, le moulin, les champs, un texte de Charles Lecat



    Tiré du livre : Réderies et pis dz eutes histoéres (recueil de textes en patois picard)

    A voir aussi le livre : Les vieux moulins de Picardie

     


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