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    Dans un grand nombre de communes picardes, la veille de Noël, les enfants, par bandes, parcourent le village chantant des cantiques de circonstance et recevant des sous, des fruits, même des légumes. C’est un étrange tableau que celui de ces enfants chantant, criant et se pressant autour de la ménagère leur distribuant son offrande, comme une nuée d’oiseaux attendant la becquée.
    Les cantiques chantés par ces enfants sont bien souvent étranges. Voici celui qu’on chante à Bouvaincourt, Oust-Marais, Nibas et dans les environs :
    Saint Joseph, réveillez-vous
    Quel chemin prendrons-nous ?
    Le chemin de la Judée
    Où la Vierge est accouchée,
    Accouchée d’un si beau fils
    Qu’on l’appelle Jésus-Christ,
    Au Guignel (= au gui Noël)

    Au Crotoy, jusqu’en 1822, une brebis était offerte au curé à la première Noël qu’il célébrait dans la paroisse. Des enfants figurant des Anges étaient descendus dans un tonneau placé sur les poutres de la nef. Puis une étoile s’allumait à la voûte.

    Noël autrefois en Picardie.


    A la Cathédrale d’Amiens, une crèche était suspendue dans les airs dès le XIIIe siècle. Au XVIIIe siècle, elle était en forme de lanterne à jour et ornée de feuillage. 

    Le « flippe » réchauffait les entrailles.
    C’est le jour de Noël qu’on goûte le nouveau cidre (Buigny-lès-Gamaches).
    Pendant la nuit sainte, les paysans d’Eppeville peuvent voir la « Pierre qui pousse » tourner une fois sur elle-même...
    Au Moyen Age, le 26 décembre, en l’honneur de Saint Etienne, diacre martyr, et le lendemain, au cours de l’office en l’honneur de Saint Jean l’Evangéliste, patron des prêtres du diocèse, le clergé de la cathédrale d’Amiens chantait une épître farcie de vers rimés en langue vulgaire. Le burlesque envahissant de ces scènes entraîna peu à peu leur suppression.

    Les mystères.
    Au Moyen Age, les Crèches étaient remplacées par la représentation des Noëls joués, non seulement sur les parvis des églises, mais à l’intérieur même, quand les rigueurs de la température y obligeaient, surtout dans les pays du Nord. C’est à ces scènes animées, interprétées par de pieux bateleux, que l’on donnait le nom de Mystères. Le Théâtre de plein air fut toujours fort en vogue. Pour voir la Crèche telle que nous la rencontrons encore aujourd’hui, il faut attendre le mouvement qui se fit en Italie dès la fin du XVIe siècle.

    Extrait de la Revue EN SOMME n° 38.

     

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    Dans cet ouvrage, Dominique Voisin, originaire de la campagne d’Artois, nous fait revivre avec pudeur et vérité les saisons, les événements et les coutumes qui ont marqué sa jeunesse à la ferme. La présentation sous la forme d’un abécédaire recrée, d’un mot à l’autre, une ambiance où les manières de vivre, les comportements et les usages disparus reprennent vie ; de même, la révolution qui a bouleversé le monde agricole et la société tout entière s’y précise implicitement. Les textes attachés à chaque mot relatent des faits dont l’auteur a été le témoin et ils font mémoire de ce qu’il en a entendu dire par les ancêtres de l’époque ; de ce fait, l’ensemble n’est pas limité à la période considérée.
    Ce livre est dédié à tous ceux qui ont connu et aimé l’agriculture et la vie à la campagne dans les années 45-65. Il leur permettra, nous l’espérons, d’éprouver le plaisir de revivre leurs propres souvenirs et de mesurer le chemin parcouru par la société. Il voudrait être aussi un “outil” pour les descendants de ces paysans aujourd’hui à la recherche de leurs racines.

    « Tout y a des parfums de Guerre des boutons et des couleurs de Jour de fête... D’ailleurs, à la lettre F on trouve... le facteur ! » - Magazine L’Agenda des Plaisirs

     

    - FACTEUR -

    Le facteur venait du bourg voisin éloigné de trois ou quatre kilomètres. Qu’il vente, qu’il pleuve, que le soleil darde, à pieds, sa sacoche sur le dos, vêtu d’un uniforme de drap bleu, le képi sur la tête, il arpentait les chemins entre les trois villages qu’il desservait. L’hiver, l’eau emplissait les ornières, la pluie continuelle transformait les routes en mares. Le gel adoucissait sa marche et les congères de neige que le vent formait lui donnaient un répit.

    Tous les jours il entrait dans des maisons porter une lettre, un mandat et prenait les nouvelles: la santé de l’un, le deuil de l’autre, la vache malade, le début des travaux, et allait les dire un peu plus loin. L’esprit paysan sevré de nouveautés, était curieux, avide et intéressé, prêt à accueillir toutes les nouvelles pour les commenter et les ruminer. Le facteur ne ressemblait à aucun autre habitant. Il était d’une autre nature : comme un bourdon qui butine les fleurs immobiles des champs, transportant, collé à ses pattes le pollen, les informations d’une fleur à l’autre.
    Il ne se passait pas de jour où quelqu’un demandait : « quelle heure est-il ? Oh ! Pas tard, le facteur n’est pas encore passé. » Son pas régulier servait à mesurer le temps.
    La matinée passant, son visage rosissait. Personne n’aurait pu, par politesse, le laisser entrer sans lui offrir, le matin, un café et la goutte, un verre de vin un peu plus tard. C’était le danger de son métier.

     

     Découvrir le livre  : "Abécédaire du monde paysan" de Dominique Voisin

     


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    Une image d'automne...

     


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