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    Picardie maritime
    PICARDIE MARITIME INSOLITE 

     
    Gérard Devismes

      14.5 x 20.5 cm - 254  pages Photos et dessins N/B 
     

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    A vrai dire, la vie n’a pas été rose pour le pommier, bien qu’il appartienne à la noble famille des rosacées dans laquelle figurent également le poirier, le pêcher, le cognassier, le prunier, le cerisier, le fraisier, le framboisier, l’églantine, l’aubépine... et même la ronce.
    Son histoire a commencé dès l’ère tertiaire, il y a de cela au moins 70 millions d’années.
    Dès son apparition sur la Terre, ce petit arbuste insignifiant, qui ressemblait à l’origine plus à une ronce qu’à un pommier, a connu dès sa naissance une existence fort chaotique. Sous la pression des intempéries, des migrations incessantes l’obligèrent même à abandonner maintes fois son sol natal.
    Tout d’abord il dut se battre pour avoir sa place au soleil dans un monde uniquement peuplé de prèles, de fougères, de conifères, de lichens. Car aucune fleur n’embellissait encore l’enfance de notre planète. Ce fut donc quelque part en Caucase où notre premier pommier trouva un coin assez tempéré pour croître, fleurir, se multiplier et surtout pour échapper à l’appétit féroce des dinosaures.
    Au cours des millénaires, les bouleversements climatiques, la dérive des continents, les éruptions volcaniques, l’extinction des grands reptiles, l’avènement des mammifères... avaient peu à peu modelé la morphologie de ce pommier ancestral, ainsi que celle de ses multiples cousins et cousines.
    On les reconnaît facilement d’ailleurs. Car ils ont tous pour emblème une petite fleur pâle à 5 pétales assortie de feuilles dentées dont les vestiges fossiles restent gravés sur des plaques de tourbe. Preuve qu’ils avaient longtemps cherché refuge à l’ombre des conifères, en attendant des jours meilleurs.
    L’événement tant attendu survint un jour au Crétacé, vers la fin de l’ère secondaire. Les plantes à fleurs (les angiospermes) purent enfin relever la tête, grâce à la complicité des insectes qui allaient jouer le rôle de marieurs involontaires.
    Le coup de pouce des abeilles et des papillons pollinisateurs fut décisif. L’atout des plantes à fleur, c’est tout simplement l’Amour.
    Différents des conifères dont les semences nues privées de toute protection maternelle se débrouillent au hasard de leur destin, les angiospermes n’abandonnent jamais leur bébé. Ils le protègent au sein de la fleur, bien entouré dans le pistil. Ils lui prolifèrent mille soins attentifs, lui constituent même une riche réserve qui permettra à l’enfant de mieux démarrer dans la vie, au moment de la germination !
    L’extraordinaire explosion des plantes à fleurs au cours du Tertiaire s’explique donc par la mise en place de ce système minutieux de protection maternelle et infantile.
    Notre pommier originel, qui faisait partie des maloïdées, gagnait ainsi en taille et en frondaison. Mais ce serait une erreur de croire qu’il produisait déjà des fruits juteux. Des dizaines de millions d’années seront encore nécessaires avant l’arrivée du génial jardinier.

    pomme  histoire

    En fait comment était la « pomme » que broutaient les brontosaures en ce temps-là ? La pomme primitive était à la fois minuscule et toxique. Elle renfermait du cyanure ! Il s’agit là d’un poison violent combiné à des molécules de sucres et d’alcool.
    Aussi incroyable que cela puisse paraître, le fruit de l’arbre de vie fut dès son origine celui de la mort... Et il a fallu des générations et des génération de croisements, de tailles et de greffes afin que le jardinier pensant parvienne à faire muter le fruit mortel en une pomme incomparable.
    Même de nos jours, on retrouve des traces de ce poison dans les pépins de quelques espèces de pommiers sauvages. Le cyanure s’y présente sous la forme mixte, liée à l’aldéhyde benzoïque. ce dernier est même une essence à parfum recherchée.
    Quel est le rôle de ce poison violent cachée dans une pulpe charnue aussi délectable ? Le cyanure est en effet une substance vitale pour le pommier sauvage. Il empêche l’oxygène de détruire les enzymes chargées d’un côté de synthétiser le sucre, et de l’autre de transporter l’électron au cours des réactions biochimiques qui se déroulent la nuit dans chacune de ses cellules.
    Curieusement, la plupart des rosacées recourent à ce poison qu’ils manipulent comme une sorte de cuirasse servant à contrecarrer l’action de l’oxygène et à l’inactiver en même temps.
    Ainsi donc, le pommier peut-il continuer à respirer et à produire de l’énergie dans un environnement froid et hostile. Ce qui explique sa grande adaptabilité et sa grande résistance.

     

    Histoire, tradition et culture de la POMME

     


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    Le 4 juin 1940, dans ce bourg vidé de ses habitants, durant trois longues journées (et trois nuits sans dormir ou presque), un régiment composé de Congolais, Gabonais, Sénégalais et Blancs va tenir tête à des forces ennemies infiniment supérieures en nombre et considérablement pourvues en armes de toutes sortes, dont l'aviation.

    Le 7 juin au soir, faute de munitions, tandis que les avant-gardes allemandes sont déjà à Rouen et sur les bords de la Seine, les derniers défenseurs réfugiés dans les caves de la rue St Denis sont délogés aux lance-flammes. Rares sont les survivants.

    A travers ce terrible roman tiré de faits historiques tous vérifiés, l'auteur a voulu évoquer le courage et le sacrifice de ces hommes venus d'Afrique pour défendre la France.

     

    Prisonniers sénégalais en marche vers leur funeste destin (reconstitution d'août 1940, photo : Eric Borchet)

     Extrait :

    L’officier se retourne brusquement vers lui en lui invectivant de nouveau. Je comprends qu’il veut que le capitaine mette les bras en l’air !

    — Ich bin ein franzosich offizier ! lui répond N’Tchoréré en allemand ! Les officiers doivent être respectés !

    Posément le gradé allemand fait le tour du capitaine, le visage déformé par la haine. Il tend le bras, pose son revolver sur la tempe du capitaine. A bout pourtant, le gradé appuie sur la détente. N’Tchoréré s’écroule à genoux. Deux autres balles lui traversent le dos. Le capitaine tombe et son sang se mêle pour toujours à la terre d’Airaines.

    Près de moi, dans un geste de désespoir, deux Sénégalais se précipitent sur le nazi et sont abattus à leur tour comme des chiens. Ma colère monte, mes poings se ferment, la rage et l’écœurement envahissent ma gorge. Ce n’est plus la guerre, mais un crime. L’officier continue à hurler des ordres : cinq Sénégalais sont alignés, main sur la tête. Le criminel s’avance, toume autour d’eux en les observant et en les invectivant (je crois comprendre « affe » : singe). Jamais je n’ai vu autant d’agressivité dans un regard et dans l’intonation de la voix. Il passe derrière eux, arme son revolver et sans hésitation, il pose le bout de son lugger sur la nuque du premier malheureux. Comme un boucher, il les abat tour à tour d’une balle dans la nuque. Mes yeux ne peuvent retenir des larmes de honte, honte d’appartenir à sa race. A côté de moi mes deux Sénégalais ne bougent pas. Des larmes aussi coulent, laissant des lignes noires sur leurs masques de poussière blanche. L’assassin s’avance vers moi, braque son pistolet dans ma direction. Je crois que ma vie s’arrête ici. Je ferme les yeux. Il hurle :

    — Richtung Dromesnil ! (direction Dromesnil !)

     

    L'enfer d'Airaines

     


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