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    Histoire de la Picardie, des origines à 1789.

       A lire sur 4 exemplaires de la Revue  EN SOMME
        (n° 40 à 43), avec de nombreuses illustrations,
        et de nombreux autres textes :
        - Le port de Saint-Valery,
        - Quelques faits de résistance dans le Santerre,
        - La dure vie des marins au XIXe siècle,
        - Le port d'Abbeville,
        - La moisson en 1950,
        - Vieilles chansons picardes,
        - Les coutumes crotelloises,
        - Les hortillonnages en 1906,
        - Les haies et le bocage,
        - Manoirs et châteaux,
        - La vie ouvrière en Somme en 1900,
        - L'amiral Courbet,
        - etc.

     soit 304 pages de textes, dessins, photos.

    Pour commander les numéros : 40 4142 - 43 
     
     
     

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    Ch’est in-ne histoére qu’al a au moins soéxante tchinze ans qu’ej m’in vos vos raconter lo. A ch’momint-lo, dins min piot pouéyis à mi comme dins tous chés villages ed no Vimeu, y avoait gramint d’serruiers qui travailloaient’ à leu maison, dins leu pieute boutique, qu’al avoait souvint in-ne croésèe su chor rue.
    Mais chés “fabricants” i n’évnoaient’ point couére leuz apporter chés serrules comme il ont foait quiques ennèes pus terd.
    Et don, nos paures martyrs éd grand-péres i folloait qu’i voaichent’ à Freuchenneville1 , à Equerbotin2 o bien à Béthincourt3  tcheure leu travail et pis l’erporter foait. Bien seur, i n’avoaient’ point les mouéyens d’avouér in bidet, ni meume in boédet. Ch’étoait à pied qu’i y alloaient’, queuchès à galoches, leus serrules dins in-ne mande, pis chom’ mande à leu dos.
    Natole, in serruier d’min pouéyis, i s’in alloait don à pied in jour au matin à Equerbotin, aveuc és mande éd serrules su s’n’étchingne.
    In-ne sacrée querque ! Pis pour aller à Equerbotin i y o in-ne bouéne liue, aveuc des cmins qui n’saient’té point ch’qué ch’est qu’in rouloér à vapeur, des cmins pleins d’treus pis pleins d’boches, ed quoi user chonq sous d’cleus pis in-ne paire éd bos à galoches à chaque vouéyage !
    L’ont-i leu du mau, nos paures viux !
    Il étoait à pein-ne satchè d’chés hailles éd no pouéyis, no paure Natole, éq derrière li il intind l’trot d’in bidet, él quérillon d’in-ne pertentaille ed guerlots, pis des reues d’querriole qui grinchent’ dins chés queilleux.
    « Bé ! Pétête qu’éj vas avouér in-ne occasion d’voéture » qu’i s’dit Natole, contint comme toute.
    Point mantchè ! Ch’étoait Zidore, qui s’in alloait à ch’ mertché d’Equerbotin, acater des piots couéchons (des coureux) pour graisser.
    Ch’est point un méchant fiu, Zidore. Ch’est pour o qu’i passe souvint d’chés premiers az élections d’Conseil.

    "Rederies", les histoires de Charles Lecat


    « Oueu ! » qu’i crie à sin bidet in rattrapant Natole. Pis i foait : « I n’s’in iroait-i point à Equerbotin, ch’t’homme-lo ? »
    « Bé, sié », qui répond l’aute.
    « Bé, mi, j’m’y in vos étou, pis j’ai dop plache. Montez in voéture ».
    Natole i n’sé l’foait point dire deux coups. I monte et pis i s’assit su chob bantchette à côtè d’Zidore, in wardant s’mande à sin dos.
    «  Déquertchez-vous », qui li foait chti-chi.
    Natole i n’sé déquerque point.
    « Mais cmint qu’a s’foait qu’o n’posez point vo mande à terre ? A n’vos coûtera point pus tchér ! »
    Savez-vous ch’qu’il o répondu, Natole ? O n’él l’advineroétes point. Ej vas vos l’dire :
    « Non, jé n’mé déquerquerai point... Faut point abuser d’chés bêtes putôt qué d’chés gins ! Vo bidet il est bien assez quertchè comme o ! »

     
    Notes :

    1- Freuchenneville : Fressenneville.
    2- Equerbotin : Escarbotin.
    3- Béthincourt : Béthencourt-sur-Mer.

     

    Les "Réderies et pis dz eutes histoéres" de Charles Lecat

     

     


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    Lorsque je dis que je viens de nulle part, cela a un sens. « Nulle part » est le « Middle West » des Etats-Unis de ma jeunesse.

    William Einstein, du Missouri à la Picardie

    William Einstein, Aix-en-Provence, 1946 à 1952.  (Collection Josiane Einstein).

    Je n’ai pas de culture homogène et peu de prétention à une culture quelconque.
    Les Américains qui se fixaient dans le Middle West voulaient, autant que possible, oublier leur culture d’origine, celle d’avant leur émigration des divers pays d’Europe ; mais sans pour autant désirer s’intégrer à la culture anglaise qui dominait l’Est des Etats-Unis et tâchait d’implanter sa domination dans mon Missouri natal comme dans le reste du pays.
    C’est le refus de cette culture anglaise - et l’anglophobie qui en résultait – qui faisait de ceux du Middle West des gens très ouverts aux nouveautés et qui, en même temps, leur évitait les liens qu’implique une culture homogène, c’est-à-dire cristallisée, comme celle que j’allais trouver en Europe.
    A Saint-Louis où je suis né, on s’intéressait encore moins qu’ailleurs aux sources anglaises. Cela venait des origines françaises. Plus tard, une vaste immigration allemande submergea à la fois Français et Anglais et s’appliqua à devenir elle-même aussi américaine que possible. Ce fut sensible au moment de la guerre 14-18 quand, après une légère hésitation, les Américains de souche allemande se rallièrent en masse à la cause Alliée.
    Au moment de la guerre de 39-45, malgré d’intenses efforts de propagande, il n’y eut que peu d’esprit prohitlérien. Et ce peu disparut avec l’entrée en guerre des Etats-Unis.

    William Einstein, du Missouri à la Picardie

    Chevaux attelés, 65 x 47 cm, 1962.  (Collection Josiane Einstein).

    Si je commence ainsi un livre sur la peinture, c’est qu’en vérité, et malgré les déclarations des peintres et de leurs biographes sur la génialité des théories, ce que nous les peintres pensons n’est que le résultat de l’environnement dans lequel nous grandissons. Nos opinions sont subjectives.

     

    Une biographie de William Einstein

     


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  • Les verrotières sortent une à une de chez elles. Ce sont de solides créatures, bien campées, portant tablier relevé, jupon court, fichu croisé sur la poitrine, petit bonnet étroit qu’un mouchoir retient solidement sur la tête.
    Elles vont gaies, rieuses, alertes, cassant une croûte, mordant une pomme et portant sur l’épaule une pelle étroite au long manche de chêne où s’accroche le petit baquet qui doit recevoir la récolte. Parfois les enfants les accompagnent. Ces bambins de cinq ou six ans galopent autour d’elles en culotte courte avec coton sur l’arrière de la tête. Jadis ils portaient, comme les vieux marins, des anneaux d’or aux oreilles. Les femmes, à la langue bien pendue, bavardent, gesticulent, se dirigent par longues théories vers les plages humides du côté de la pointe de Saint-Quentin. Il s’agit de débusquer le ver et de s’emparer de lui. Par un tout petit trou, appelé l’œil du ver, il dévoile sa retraite. Il est profondément enfoui et, pour s’en emparer, deux ou trois coups de bêche sont nécessaires. Cette manœuvre exige un tour de main qui ne s’acquiert pas du jour au lendemain. On ne s’improvise pas verrotière. Il ne faut pas craindre de se fatiguer les reins, en se tenant longtemps courbé. C’est un véritable apprentissage pour s’entraîner à la fatigue. Puis il s’agit de ne pas couper en deux le prisonnier qui à six ou huit centimètres de longueur.

    Les verrotières du Crotoy, un métier disparu...


    Quelquefois le ver abonde. Parfois il manque. Souvent il se déplace. Alors on fait des fouilles. Une persévérance infatigable est nécessaire pour trouver par des sapes et contresapes le nouveau gisement. Dès que le ver est pris, vite la pelle le rejette dans le seau qu’on lave de temps à autre, afin d’en retirer le sable ou les coquillages. C’est une chasse sans trêve ni repos.
    Mais la marée monte. Elle envahit peu à peu les bancs, sans se presser, sans se reposer, certaine que sa proie ne lui échappera pas. Il est dangereux de rester sur les sables découverts. Le signal du retour est donné par le péril lui-même.
    Les verrotières averties partent et rapportent leur récolte que guettent, sur la route, les courtières, les « dames du ver » comme on les appelle. On vide la récolte dans la balance, on et on paie suivant les cours, souvent contradictoires, envoyés par les marchands de Boulogne.
    Autrefois, c’était le seau qui servait de mesure, maintenant la vente se fait au poids et le prix varie, suivants les besoins, de 70 à 80. centimes le kilogramme.
                                                                                                                                                                                                               Paul Eudel

     

    Des livres concernant l'histoire du Crotoy

     

     


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