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Chesnay et la Côte picarde.
Il est un lieu sur la Côte picarde où brusquement la verticale devient horizontale, puis inversement, selon que l’on vient du sud ou du nord ; un espace sauvage où ciel, terre et mer forment des lignes qui sont tantôt intimement confondues, tantôt nettement distinctes. En cet endroit, depuis la nuit des temps, les flots furieux de la Manche rongent une falaise puis la répandent plus au nord, moitié sur terre, moitié sur mer ; ainsi, vers Cayeux, terre et mer forment un paysage qui n’est ni l’un ni l’autre mais la somme fantastique des deux, un paysage tout en contraste et plénitude que le ciel bas et sa lumière grise se plaisent souvent à enivrer ; ainsi, vers
Mers, là où « les verticales des falaises cassent l’horizon », terre, mer et ciel forment les trois côtés d’un triangle qui les unit fermement, obligeant l’œil à rendre l’abrupte vérité. C’est en ce point précis, là où meurt la falaise et où naissent les bas-champs, que le peintre Louis-Olivier Chesnay planta un jour son chevalet et posa ses boîtes de couleurs. C’était en 1957, après une déjà belle et longue aventure artistique puis une enrichissante errance entre le Maroc et la Suède, inlassablement libre et hors des courants et des modes, Chesnay sentait germer ici la possibilité d’une autre écriture picturale, d’une peinture inédite que l’on pourrait situer « entre lumière et chromatisme, entre poésie et réalité ». Il venait de trouver face à ce paysage la rupture et les couleurs qu’il cherchait... Sans bruit, mais plus que jamais « jouisseur de la nature », Chesnay a peint et dessiné durant presque un demi siècle ce petit coin de Côte picarde où depuis toujours les éléments se bousculent et font « au-delà du chaos, l’unité de l’univers ».
Chesnay, son siècle, sa vie.
Né en 1899 à Paris, orphelin de sa mère dès 2ans, le jeune Louis admire les encres de chine de son père, architecte, créateur du Monument aux morts de Verdun. Visitant en sa compagnie tous les musées de la capitale, désirant devenir artiste, il suit le conseil de ce père rigoureux, il dessine ! Lors d’un séjour au sanatorium suite à une pleurésie contractée sur le front de la Somme, son père lui offre sa première boîte de pastel. C’est la révélation, la possibilité de connaître enfin l’aventure joyeuse et éblouissante de la couleur, l’occasion de raconter avec force son étonnement de vivre. Car la vie, Louis la parcourt au galop, rebondissant sur les ruptures, volontaires ou subies, toujours aptes néanmoins à modeler sa ténacité et à ciseler sa belle sensibilité d’homme libre en perpétuel déséquilibre. Travaillant à l’Atelier Carrière puis à l’Académie Colarossi, Chesnay conjugue alors sculpture et peinture, et expose dans les salons de l’époque. En 1938, un de ses paysages est proposé pour le Prix P. Guillaume. Mais à nouveau la guerre approche.
Engagé volontaire, il vit la débâcle avant de se retirer quelques années dans un hameau du Cantal où il travaille l’aquarelle et écrit beaucoup. De retour à Paris en 1943, Chesnay apprend la mort tragique de son “ maître ”, le sculpteur Malfray. Il constate aussi le pillage de ses œuvres. Alors, à nouveau, considérant que ce qui est fait est fait, il reprend la palette et continue, toujours plus ému par la sensualité des couleurs. Il devient chef d’atelier à l’Académie Colarossi, puis à celle de la Grande Chaumière. En 1948, las d’immobilisme, en quête de couleurs nouvelles, il suit une lente errance entre le Maroc et la Suède, et lorsqu’en 1952, il rencontre Danielle, c’est ensemble qu’ils continuent le voyage. Dès 1957, c’est souvent près du hable d’Ault, que Chesnay peint, ivre de la nature qui l’environne, qu’il aime foncièrement, qu’il sent vivre, mourir et renaître en lui.
En fait, peintre mais aussi poète, estimant que la peinture est une histoire et la poésie une image, il glisse lentement vers l’abstraction. Cherchant une correspondance entre ces deux arts, il peint une série d’“abstraits lyriques”. Tous (sauf un) et une grande partie des œuvres antérieures seront détruits dans l’incendie d’un entrepôt de la région parisienne peu avant une exposition. Heureusement, encore fort d’une constante faculté à la rénovation de l’être, car dit-il « on appartient au passé que pour un avenir périlleux à inventer », il recommence à peindre, accumulant les œuvres pour à sa manière célébrer la fascinante étrangeté d’ETRE. Chesnay s’éteint en 1999, juste après ses 100 ans. Il laisse une œuvre puissante, éblouissante, pétillante de couleurs.
- Le Musée Boucher-de-Perthes d’Abbeville a exposé un choix de toiles de L.-O. Chesnay en 2006.
- Après l’expo « Cent ans, cent toiles » en 1998, le Musée de l’Abbatial de Payerne (Suisse) expose les oeuvres du fonds L.-O. Chesnay du 30 juin au 8 septembre 2013.
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Vient de paraître...
par Gérard Devismes
Ce livre traite de l’histoire, depuis les origines jusqu’au début du XXIe siècle, des douze villages qui forment la Communauté de Communes d’Abbeville, soit : Bellancourt-Monflières, Drucat-Le-Plessiel, Grand-Laviers et Petit-Laviers, Cambron, Mareuil-Caubert, Yonval, Bray-les-Mareuil, Epagne-Epagnette, Eaucourt-sur-Somme, Vauchelles-les-Quesnoy, Caours-L’Heure, et Neufmoulin. Y sont ajoutés les aspects géographique, scientifique, administratif et touristique.
Histoire de l'Abbevillois rural
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Si SARCUS, petite commune du nord-ouest du département de l’Oise, compte aujourd’hui 212 habitants, elle connut une indéniable renommée à partir de 1060, date à laquelle, un château féodal fut édifié par la famille SARCUS.
En 1150, la famille Sarcus, très ancienne famille de l’Oise, fit transformer cette forteresse en une somptueuse demeure Renaissance.L'ancien château de Sarcus
Vers 1830, la demeure seigneuriale menaçait ruine et il fut décidé de la détruire. Monsieur Houbigant, membre de la Société académique de l’Oise et maire de Nogent-sur-Oise de 1831 à 1852, alla sur les lieux. Il constata que la démolition était déjà très engagée. Seules subsistaient quatre arcades intactes dont il se rendit acquéreur pour les ré-implanter en façade de la demeure qu’il possédait à Nogent.
Un tel complément donnait belle allure à l’immeuble que les Nogentais ont appelé Château Hébert, retenant ainsi le nom de la personne qui avait acquis ce bien, vendu par Monsieur Houbigant en 1863.
Un siècle plus tard, les nécessités provoquées par l’urbanisation ont conduit à la disparition de cette maison bourgeoise, à l’exception des arcades qui constituent un site classé parmi les monuments de France.
Aujourd’hui, elles surplombent un plan d’eau alimenté par un puits artésien, l’ensemble ayant été crée par Monsieur Hébert.De Sarcus à Nogent... une histoire étonnante !
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Saisseval est un village qui se suffit,
assez d’espace, assez de temps,
son histoire aussi brouillée que la préhistoire
– on ne sait pas –
mais les étoiles sont très proches
la journée a vingt-quatre heures, dit l’instituteur
vingt-quatre colonnes, pense l’enfant
l’oncle Pierre le jardinier me montrait quand
j’étais enfant des corolles colorées et légères
« Ce sont des cosmos » disait-il
me confirmant, sans le savoir,
le nombre innombrable des mondes
soudain le rouge-gorge apparaît
rouge et noir un cœur
au bord du buisson
– et il se met à chanter
coincé comme moi
entre ces deux montagnes
la Naissance et la Mort
[...]
les arbres travaillent
sont de bons ouvriers
ils s’élèvent
et œuvrent de plus en plus dans la finesse
cette terre était jadis vivante
elle n’est plus que cendre et engrais :
la Terre empoissonnée commence ici
près du village
le champ est un camp de concentration
les blés sont semés si près l’un de l’autre
que l’eau de pluie n’atteint plus le sol
voyez, ce sont des hangars
on y élève des poulets de batterie
morts avant de naître
déjà la mort ne vient plus que de l’homme
[...]
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